édito Le PC recomposé Si on se contente de balayer d’un coup d’œil blasé le dernier baromètre trimestriel Gartnermesurant le marché du PC, la stagnation semble être le mot d’ordre. Le cabinet d’étude annonce, pour le Q3 2018, la vente de 67,2 millions d’unités au niveau mondial, soit une hausse de 0,1 %. C’est peu, voire infime, mais on se réjouira malgré tout d’entrevoir la fin de la baisse endémique entamée en 2011. Ce léger soubresaut n’est toutefois pas du tout représentatif des séismes que subit le marché du PC depuis des années et notamment ces derniers mois. Ainsi Gartner annonce une augmentation de 10,7 % des ventes pour Lenovo. Un chiffre spectaculaire mais biaisé car il inclut les ventes des produits Fujitsu, Lenovo possédant désormais la majorité des parts dans l’activité PC de la marque japonaise. HP et Dell EMC progressent sensiblement sur ce trimestre (respectivement + 6,2 % et + 5,3 %) et avec Lenovo, les marches du podium paraissent occupées pour un long moment. Car derrière, les challengers sont à la peine. Asus et Acer voient leurs volumes diminuer et même si rien n’a été annoncé sur le sujet, il ne serait pas étonnant de voir une consolidation entre les deux plus grandes marques taiwanaises. Mais même avec des ventes en régression, les constructeurs peuvent garder le sourire car un autre facteur, non mesuré par Gartner, incite à l’optimisme. Toutes les marques nous le confirment, le prix moyen du PC est en croissance. Il y a bien entendu une progression mécanique due aux tarifs des composants et aux fluctuations du dollar, mais la tendance côté client est d’aller vers des machines mieux équipées et donc plus onéreuses. Cette croissance du panier moyen profite à tous et engendre un petit appel d’air sur un marché meurtri par des marges faméliques. La valeur intrinsèque du marché du PC reste toutefois Vincent Verhaeghe sujette à interrogation. En juin 2018, Sharp a acquis 80 % de l’activité PC de Toshiba pour seulement rédacteur en chef 36 M$. C’est quasiment 1 000 fois moins que ce qu’IBM vient de débourser pour acheter Red Hat, verhaeghe@edi-mag.fr et ça montre à quel point les investisseurs valorisent le software ou le cloud, et dénigrent le hardware. novembre 2018 | E.D.I N°83 5