édito La Messe est dite « Merci pour ces trente-trois années, le CeBit de Hanovre est annulé. » Bien que laconique, ce message inscrit depuis le 28 novembre 2018 sur la page d’accueil du plus grand et plus ancien salon européen dédié à l’IT fait l’effet d’un séisme. Pendant plus de trois décennies, le CeBit donnait le pouls des technologies en Europe. Son annulation, ou plutôt sa disparition pure et simple, est brutale mais pas surprenante. Depuis dix ans, chaque édition tentait de se réinventer, en intégrant plus ou moins de B2B, en supprimant les journées ouvertes au grand public peu rentables pour les exposants, ou encore en diversifiant les domaines présentés. Mais rien n’y fit. Le visitorat s’est étiolé (120 000 en 2018 contre 495 000 en 2008), la baisse d’intérêt pour le salon n’étant pas – et de loin – compensée par l’attractivité touristique de Hanovre (ce qui ne devrait pas arriver au CES de Las Vegas). La principale raison à la disparition du CeBit relève de ce qui a fait son succès par le passé : trop de choses à découvrir. Sauf à passer une semaine entière à arpenter la vingtaine de halls d’exposition de la Messe, impossible pour le visiteur de tout voir. Il en ressortira donc frustré de ne pas trouver ce qu’il veut. Laurent Eydieu, directeur de division chez Reed Expositions, l’organisateur d’IT Partners, estime à juste titre que les visiteurs professionnels recherchent des salons ciblés, verticaux, en prise directe avec leur activité. Les organisateurs du CeBit estiment d’ailleurs que l’évènement pourrait être éparpillé façon puzzle en plusieurs sous-salons, voire devenir une des composantes de la foire de Hanovre, une sorte de mégafoire de Paris mais à vocation industrielle et B2B. Cette tendance à la verticalisation, la distribution la connaît bien car c’est pour beaucoup de revendeurs un levier de croissance. Comme dans la médecine, il est beaucoup plus rentable dans l’IT d’être spécialiste que généraliste. C’est paradoxalement moins Vincent Verhaeghe vrai pour ceux qui poussent les revendeurs à cette spécialisation, c’est-à-dire les marques et les rédacteur en chef distributeurs qui de leur côté, à grands coups d’acquisitions, cherchent à diversifier leur portefeuille verhaeghe@edi-mag.fr le plus possible pour adresser le maximum de besoins. décembre 2018 - janvier 2019 | E.D.I N°84 5