VAR & ESN Avis d’expert Par Yves Reding, CEO d’European Business Reliance Centre LE DATA CENTER, UNE FORTERESSE NUMÉRIQUE Le centre de données réussit l’exploit d’être connu et méconnu. I l est temps de cerner ce château d’eau des temps modernes, avec pour seul objectif d’éclairer les acteurs de la chaîne de valeur. mondialement reconnu de classification des Fort d’une expérience de plus infrastructures critiques par typologies. Cela va de trente ans en IT et en finances, de Tier I à Tier IV, et chaque centre est certifiableYves Reding démarre EBRC (European La révolution numérique est comparable à la sur cette base après audit. Ainsi, les organisations Business Reliance Centre) en 2000. révolution industrielle d’autrefois. Mais alors ques’assurent d’un niveau de service évalué par Il veut ainsi créer un centre celle-ci correspondait à un capitalisme de biens un organisme indépendant, lui-même reposant d’excellence en management et matériels, nous voici au stade du capitalisme sur un référentiel international. protection de l’information sensible. de l’information. Il convient donc d’apporter une En se positionnant avec son équipe attention particulière à la gestion de cette nouvelleUn processus de classification exigeant au cœur de l’Europe, il propulse EBRC ressource qu’est la donnée, improprement appelée Le niveau Tier I, le plus élémentaire, est non grâce à un portefeuille de prestations « data ». D’abord, les data centers sont nés redondant et intolérant aux défaillances et besoins allant du data center au cloud et aux pour héberger les équipements de stockage des de maintenance à chaud. Une défaillance peut informations, et leur traitement sur des sites. Leurdonc générer plusieurs dizaines d’heures services managés, en passant par exploitation dépend – ou non – d’un prestataire d’indisponibilité annuelle. Le plus élevé, Tier IV, les prestations de cyberésilience. de services. Ensuite, ils ne sont pas déterminés est hautement tolérant aux défaillances par leur taille : un centre de données correspondrapotentielles. Seul ce niveau, dit « tolérant à une salle informatique contenant des dizaines aux pannes », permet, grâce à la redondance une cinquième liberté en Europe, après celle des de serveurs, ou à un bâtiment hypersécurisé des équipements, d’approcher le zéro défaut, personnes, des biens, des services et des capitaux. de milliers de mètres carrés. Si une entreprise soit une disponibilité proche de 100 %. Ces niveauxIl s’agit d’une réforme majeure. Les centres décide de confier l’hébergement de son système sont fondés sur des critères couvrant les domainesde données et services cloud, sur lesquels repose d’information à un prestataire, la priorité pour cemécanique, électrique et structurel du site, ainsil’économie digitale, hébergent les données. dernier est de fournir un haut niveau de qualité deque les processus d’exploitation. Ils calculent aussiIls doivent être cyberésilients. Ce n’est pas nouveau. service et de protection des données pour que le la parfaite maîtrise du dispositif par les équipesDans le monde physique, l’être humain fait chaque client exploite ses données dans les meilleures en charge de la conduite des opérations. Et ce pourjour face à des menaces diverses. Durant des conditions. Or, les critères différenciateurs d’unles activités de maintenance, ou de réponse millions d’années, au cours de son évolution, data center comportent notamment la disponibilitéà un incident (panne, départ de feu, etc.) Le choixil s’est même adapté pour faire face à celles de des services critiques, et la capacité à absorberdu niveau est donc essentiel. L’Union européenne son environnement en enrichissant son système des pannes sans interruption de service. Ce que cherche activement à établir un espace digital immunitaire, en développant de nouvelles l’on désigne par « résilience ». Il y a vingt ans,favorable à l’innovation. Le principe est de garantircapacités et en créant des outils assurant sa survie l’Uptime Institute avait développé un système la libre circulation des données, ce qui serait comme le silex taillé ou le galet aménagé. Cette expérience de résilience, acquise dans le monde physique, se voit donc confrontée au monde du « L’être humain s’est virtuel. Dans l’univers numérique qui régit nos adapté pour faire face sociétés, il est vital de s’assurer de cette résilience. Elle doit se bâtir d’abord – mais pas seulement – aux menaces de sur les data centers. Ces bâtiments qui doivent devenir des forteresses numériques capables son environnement de tenir tête aux menaces du monde virtuel. en enrichissant son C’est leur utilité première. Les acteurs de la chaîne de valeur ont tout à y gagner. système immunitaire » 104 E.D.I N°84 | décembre 2018 - janvier 2019