Sewan, l’as de l’UCaaS

Partie de rien, l’entreprise parisienne est devenue une ETI présente à l’international. Un succès dû au potentiel de son segment de marché, à la simplicité de ses solutions, à la croissance externe et à son réseau de partenaires.

Tout un symbole ! Alors que des start-up de la Silicon Valley devenues des géants de l’IT ont éclos dans de petits garages, la jeune pousse française Sewan, elle, a été créée dans une ancienne boulangerie parisienne.

L’aventure commence en 2007. Issus d’un opérateur pionnier de la VoIP, David Brette, Christophe Cresp et Alexis de Goriainoff décident de tirer parti eux-mêmes du potentiel de ce secteur et s’associent autour d’un projet : commercialiser des solutions télécoms innovantes à l’intention des entreprises.

Les trois associés investissent toutes leurs économies dans la conception d’offres disruptives et recrutent des collaborateurs avec de multiples compétences. À cette époque, Sewan se concentre uniquement sur les communications unifiées.

Les dirigeants ont la certitude que la téléphonie IP se généralisera dans les sociétés et deviendra la seule option, car plus adaptée aux nouvelles façons de travailler, avec notamment la possibilité de gérer toute la téléphonie directement par une application.

L’objectif de Sewan est d’offrir des solutions VoIP assurant un panel de fonctionnalités de communication aussi varié que les appels téléphoniques, la messagerie électronique, la visioconférence… le tout avec des infrastructures hébergées dans le cloud. Pour la société, il convient de convaincre les organisations d’anticiper et de préparer la fin de la téléphonie traditionnelle ; le RTC vit en effet ses dernières années.

Une évolution par croissance externe

Dès le départ, l’idée est de proposer à une clientèle de PME les services VoIP de Sewan sur le modèle de la vente indirecte et de la marque blanche. Les fondateurs ont également l’intuition que le développement de leur entreprise doit passer par la croissance externe, et, six ans seulement après sa création, Sewan rachète l’opérateur Navaho.

Entre 2016 et 2022 suivront les acquisitions de Vozelia, 3StarsNet, 42one, Ikoula et Pocos. Aujourd’hui, la start-up est devenue une ETI implantée en Espagne, Belgique, Allemagne, Ukraine, aux Pays-Bas et au Maroc.

Toujours située dans le 10^e arrondissement de Paris, et disposant d’effectifs globaux s’élevant à 775 salariés, Sewan a musclé sa proposition avec trois gammes de services, complémentaires les unes des autres : une offre connectivité,une offre cloud et une offre communication (incluant téléphonie fixe et mobile).

Hébergées sur ses serveurs, ces solutions sont gérées avec des logiciels Sewan. « Nous nous définissons désormais comme un opérateur  plus technologique avec cette activité d’éditeur de solutions, souligne Alexis de Goriainoff, son président-directeur général. Notre credo est l’innovation autour de l’automatisation des services télécoms dans les entreprises. »

Des liens solides et durables

Sewan a clairement fait de la simplicité son fil rouge. Cette caractéristique s’applique pour son réseau de partenaires intégrateurs, susceptibles de fournir aux clients finaux un service de bout en bout, avec la vente des offres Sewan, en marque blanche, complétées par du câblage, de l’informatique, des switches, du LAN et autres prestations. « Nous continuons de développer des solutions toujours plus simples et accessibles à tous les professionnels », ajoute le P-DG.

« Notre business model a été nativement axé sur la vente indirecte, nous avons désormais une activité d’éditeur de solutions »

Alexis de Goriainoff, cofondateur et P-DG de Sewan

La création de valeur chez Sewan se trouve dans ses logiciels maison. « Que ce soit le central, les logiciels de sécurité ou encore les boîtes e-mail, tout est dans le cloud et géré automatiquement, explique Alexis de Goriainoff. Les intégrateurs n’ont pas à suivre les mises à jour des systèmes qu’ils commercialisent, et de nouveaux produits peuvent être ajoutés d’un simple clic. »

La société est capable de proposer à ses 1 250 revendeurs tous les éléments d’un système de communications unifiées. « Les installateurs ont bien sûr une grande souplesse de choix, poursuit le dirigeant. Ils peuvent se fournir auprès de nous pour l’intégralité des briques du système ou acheter du matériel ailleurs. » Ces intégrateurs bénéficient d’un service qualifié de « haut de gamme », adapté à leur clientèle de PME. « Avec nos partenaires, nous avons la volonté de tisser des liens solides et durables, déclare le P-DG. Nous coconstruisons des projets sur mesure et évolutifs avec l’objectif de simplifier leur quotidien et celui de leurs clients. Conseils avant-vente, suivi de projet, formations, tout est pensé pour l’écosystème. »

Dans cette optique, les revendeurs ont, par exemple, accès à une plate-forme de gestion de services centralisée, baptisée Sophia. « Cet outil est une solution innovante 100 % automatisée, qui permet de gérer et de facturer l’ensemble des solutions télécoms et cloud utilisées par le client. » Facile à utiliser, Sophia se présente comme un centre de pilotage pour superviser tout un parc.

Poursuivre dans la voie du succès

D’autres valeurs expliquent le succès de Sewan. « S’il y a quelque chose qui nous réunit, ce sont les principes de solidarité et de confiance », affirme le dirigeant. La société travaille, par exemple, avec les associations Nos quartiers ont du talent et Femmes ici et ailleurs. Elle a par ailleurs lancé en 2021 les trophées RSE, une démarche d’innovation participative qui vise à récompenser les initiatives des collaborateurs favorisant le développement durable et l’engagement sociétal. « Ce qui reflète surtout l’esprit de Sewan, c’est  la transparence. En effet, ici, tout un chacun est invité à partager son avis et ses idées, et à nous amener à progresser dans cette belle aventure », commente Alexis de Goriainoff.

Et pour que celle-ci se poursuive, les dirigeants de Sewan continuent de tabler sur l’internationalisation et la croissance externe. « Nous voyons dans la croissance externe l’opportunité d’acquérir des équipes qui connaissent parfaitement les marchés locaux. Nous avons également la volonté d’inciter nos partenaires  à ouvrir des antennes là où nous sommes présents et de leur proposer là aussi un accompagnement. »

L’entreprise considère que la fin programmée de l’ADSL en Europe lui offrira de nouvelles opportunités. Reste à savoir si cette orientation stratégique ne sera pas contrariée par la hausse du prix des équipements télécoms, de la fibre optique et de l’énergie, ni par l’inflation que subissent les clients PME en Europe. « Dans  la chaîne technique, les coûts ont augmenté à une vitesse hallucinante, s’inquiète un opérateur régional, récemment interviewé dans L’Usine digitale.

Les modèles économiques vont bouger. » Sewan ne semble pas s’en soucier outre mesure. Affichant une croissance de 35 % à 45 % ces dernières années et un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros en 2022 – 200 M€ prévus en 2023 –, ses résultats la rendent en effet sereine quant à l’évolution de son business.