NetApp big gagnant du big data
Les données ont changé la donne. Pour le fournisseur, l’explosion de la data continue de lui ouvrir des perspectives. Le software, les services et le cloud sont en première ligne.
Jan 2023Par Thierry Bienfait
Données clients, données métiers, données administratives, données produits, données sociales, données de santé… Le volume total de datas à analyser devrait atteindre 163 Zo en 2025, selon IDC. Pour évoquer cette inflation d’informations générées dans les organisations privées et publiques, le P.-D.G. de Google en 2003 s’était fendu d’une citation devenue célèbre : « L’humanité engendre autant de données en deux jours qu’elle en a créées entre la naissance de la civilisation et cette année. » Vingt ans plus tard, le big data est une mine dont le filon semble inépuisable.
Si le phénomène des volumes massifs de données projette de nombreux secteurs de l’économie dans une nouvelle dimension, il a également a été porteur d’une part de fantasme chez les individus lambda : celui d’un excès d’abondance qui finirait par complexifier le stockage et le traitement de ces informations. Curieusement, cette crainte existait déjà dans les années 1990, alors que le big data ne faisait pas encore parler de lui. Mais avec l’émergence du web et la multiplication des bases de données, l’ampleur du data deluge a poussé des professionnels du numérique à s’emparer de la question.
Une aubaine pour ces fournisseurs de solutions informatiques. NetApp fait partie de ces précurseurs qui ont compris l’immense potentiel de ces masses de données, et la nécessité de concevoir des outils technologiques pour les stocker, gérer et analyser rapidement, afin de permettre la création d’une valeur inédite. Selon McKinsey, les clients européens de ces entreprises avaient investi, dès 2010, près de 55 Mds € pour acquérir des solutions matérielles et logicielles aptes à traiter ces monceaux de datas, surtout à des fins commerciales. À la même époque, PwC pronostiquait que « les chaînes de valeur seraient durablement bouleversées dans les services, l’énergie, la grande distribution, la banque, l’assurance et dans la communication ».
Bien sûr, le stockage a dû suivre le rythme de la production. Au point que l’accélération de la société numérique et la croissance exponentielle de la data ont conduit un spécialiste tel que NetApp à changer de paradigme. Sur le segment B2B, l’entreprise californienne n’a pas hésité à évoluer. À l’origine, la société se positionnait sur des technologies pour environnements de stockage limitées à la fourniture d’appliances et autres systèmes de sauvegarde de données en réseaux. Son offre était destinée alors à faciliter le stockage des fichiers numériques, par exemple en évitant les copies multiples ou les duplications inutiles.
Consécutivement à l’émergence de nouveaux usages (mobilité et réseaux sociaux) et de technologies inédites (tablettes, smartphones et cloud computing) et à la multiplication d’informations non structurées, ses produits ont ensuite été conçus pour répondre à une demande de gestion des données dans les entreprises. Depuis ce virage, NetApp se frotte les mains. Il est devenu un prétendant aux plus hautes marches du secteur, et vend même ses technologies aux hyperscalers Amazon Web Services, Microsoft et Google pour leurs clients.
Nouveaux challenges
L’expert du stockage relève des défis inédits comme constructeur éditeur spécialiste du data management, avec l’ambition de répondre aux enjeux des métiers dans le monde digital. Le rôle de la transformation numérique dans la performance des métiers a en effet créé un lien irréversible entre IT et business. La donne a changé : ces enjeux métier, sécuritaires et réglementaires (RGPD) liés à la data dépassent le cadre du stockage.
L’objectif de NetApp est donc de rendre les données exploitables au point qu’elles s’invitent dans la stratégie globale d’une société, d’y faciliter la prise de décision, développer l’innovation, etc. Autrement dit de la transformer en une véritable « data company » – sans risque de subir les conséquences du shadow IT. Pour cela, outre le hardware, NetApp propose depuis une dizaine d’années une offre software, tels que son logiciel de gestion de données ONTAP ou sa nouvelle plate-forme de gestion SaaS BlueXP.
« Nous voulons aider nos partenaires à se développer dans le cloud »
Franck Risbec, Area Partner Director France
L’approche du fournisseur est centrée sur « une offre de solutions dont les trois piliers sont l’hybrid cloud et le cloud, l’I.A. puis l’analytics », décrit Franck Risbec, Area Partner Director France. Autant de produits qui font gagner en souplesse, réactivité et sécurité d’accès à la donnée. À cette fin, NetApp a investi massivement en rachetant des sociétés comme CloudJumper, Data Mechanics, CloudCheckr, Fylamynt ou Spot. L’intention du fournisseur américain est moins de jouer un consolidateur du marché que de compléter et d’enrichir ses offres.
La firme de San José a les moyens de ses ambitions. Une bonne part de sa croissance est due à son réseau de partenaires. Adressant la clientèle à 100 % en indirect et travaillant avec les VAD Arrow ECS et TD Synnex, la filiale française a vu son C.A. s’accroître grâce à son réseau de 200 partenaires actifs composé de revendeurs, SP et MSP (dont des grands noms comme Orange Business Services, Capgemini ou Accenture). « Les services et nos partenaires constituent l’une de nos priorités », assure Franck Risbec.
Le dirigeant attend beaucoup du nouveau programme Partenaires d’avril 2023 : NetApp Partner Sphere. « Il aura l’avantage de transformer les anciennes spécialisations en y ajoutant des domaines de compétences, explique le dirigeant. Pour bénéficier d’une certification, les partenaires devront faire valoir leurs prestations de services référencées chez des clients, au titre des déploiements de solutions autour de l’hybrid cloud, du cloud ou de l’I.A. et de l’analytics, en termes d’accompagnement dans leur mise en œuvre. » Pour le vendeur de services certifié, le fruit de ses compétences se concrétisera par la mise en place d’une stratégie de développement du partenaire, avec notamment l’appui de Partner Technical Leads.
Quant à NetApp, il se réjouit d’afficher une santé insolente. Avec 6,3 Mds $ engrangés en 2022, contre 5,74 Mds $ un an plus tôt, tous les voyants sont au vert, même si la courbe de croissance du marché se stabilise, reconnaît le constructeur éditeur. Avant toutefois de promettre que la croissance à deux chiffres se trouve dans le cloud data storage.
Dates clés
1992 Fondation de Network Appliance, par Dave Hitz et James Lau, qui créent ONTAP, le système d’exploitation propriétaire de NetApp.
1996 Création de NetApp France.
2002 NetApp crée les toutes premières appliances de stockage unifié SAN et NAS.
2007 NetApp met au point la première déduplication unifiée pour le stockage principal et secondaire.
2008 Network Appliance devient officiellement NetApp.
2018 Première baie NVMe de bout en bout.
2020 Acquisition de Spot, solution leader pour optimiser les coûts dans le cloud.
2022 Seul fournisseur capable d’offrir une solution native de stockage cloud chez quatre hyperscalers : AWS, Google Cloud, Microsoft Azure et OVHcloud.
L’avis du partenaire Cyllene
Spécialiste des métiers du stockage fondé en 2016, le groupe Cyllene est devenu un opérateur français de premier plan dans l’infogérance des infrastructures cloud hybride, présent sur tout le territoire national. « Ce qui nous distingue ? Nous opérons l’intégralité de la data fabric, ce concept que prône NetApp pour gérer la donnée où qu’elle se trouve », explique Olivier Morel, directeur des alliances chez Cyllene. Propriétaire de ses data centers, ce groupe collabore avec NetApp depuis sa création. « Visionnaire, novateur et adaptatif aux transformations du marché, NetApp est le seul sur ce secteur qui propose une offre grâce à laquelle nous opérons de la data chez nos clients aussi bien on-premise que dans le cloud public. »
Outre, l’aspect technologique, Cyllene dit apprécier les relations avec ce fournisseur. « NetApp manifeste le souci de respecter les partenaires dans son réseau de distribution », souligne Olivier Morel, en évoquant notamment l’absence de surdistribution. Cyllene approuve les programmes de formations et de certifications techniques. Enfin, le partenaire peut compter sur « un accompagnement sans faille sur des projets complexes », conclut le dirigeant.