Immeuble Cyllene

Cyllene, le coeur battant du numérique

Tout à la fois MSP, hébergeur et opérateur, le français Cyllene est idéalement placé pour relever les défis de la convergence. Un recours ciblé à la croissance externe devrait y contribuer puissamment.

Juin 2020
Par Pierre-Antoine Merlin, photos Jim Wallace
ZOOM SUR CYLLENE

Création : 1986 (fondation de l’entité qui donnera la raison sociale au groupe)
C.A. 2019 : 52 M€
Nombre d’employés : 350
Principaux fournisseurs : Microsoft, NetApp, IBM, HP.
Puissance de stockage et de calcul : plusieurs data centers en région parisienne, tous en pleine propriété
Clients : grands comptes et ETI

Portrait d'Olivier Poelaert - Président de Cyllene
Olivier Poelaert, président du groupe Cyllene

Un immeuble banal, dans un quartier impersonnel, à Nanterre : on se croirait dans « Le Chat », ce film suranné des années 1970 – autant dire une éternité – où les pavillons de meulière cédaient peu à peu le pas à une gigantesque béance annonçant déjà, hélas ou tant mieux, l’érection prochaine de la Défense. Un énorme chantier qui repousse sans cesse ses propres frontières, au point qu’il n’est jamais terminé. C’est pourtant dans ce cadre dépareillé que le visiteur de 2020 remarque soudain, sous ses yeux ébahis, un véritable précipité de stockage, de puissance de calcul, de ressources humaines et de matière grise. C’est ici, en effet, que se niche le siège social de Cyllene, sorte de pépite française incarnant, à elle seule, toutes les virtualités de la chaîne de valeur. Quel chemin pour en arriver là ! « Mon épouse et moi-même sommes à l’origine de cette entreprise, raconte avec une légitime fierté Olivier Poelaert, qui préside aux destinées du groupe. Au début, on distribuait simplement des imprimantes Epson. Puis, en 1989, il y eut cette rencontre avec IBM, autour de l’AS/400. Déjà, on commençait à monter en grade. » C’est le cas de le dire : l’homme fort de Cyllene est un ancien officier de l’armée de l’air. Il a failli être pilote de chasse, n’eût été un problème ophtalmique dirimant. Qu’à cela ne tienne. Le sens du travail en équipe, du travail collectif, se retrouve utilement employé dans la conduite d’une entreprise, surtout dans le numérique, domaine en pleine ascension. Le tournant se situe en 1996, quand la société s’attaque aux services d’infrastructure et d’infogérance. Simultanément, elle procède à l’ouverture de son premier data center. En 2006, ce sera l’inauguration du service H24 : la délivrance d’une prestation en continu, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente. En 2016, parachevant une trajectoire ambitieuse mais réaliste, c’est enfin l’entrée d’un fonds au capital de Cyllene. Avec, en ligne de mire, le recours à la croissance externe. Voilà pour l’historique brossé à grands traits.

« La mutation est permanente. La vie naît du chaos. Regardez les groupes qui n’appliquent pas ce principe… »

Olivier Poelaert, président du groupe Cyllene
Open space Cyllene
L’open space mêle de façon transversale des compétences diverses.

DES MÉTIERS COMPLÉMENTAIRES

La structuration des métiers et l’amplification des projets tiennent pour partie, et pour une partie parfaitement maîtrisée, aux rachats successifs. Une politique qui n’a pas été décidée tout de suite. Elle s’inscrit dans une démarche itérative. « M’adjoindre des compétences et des entreprises, capter des dirigeants chevronnés : voilà ce qui m’intéresse. Au contraire de toutes les méthodes américaines, fondées sur les process, j’entends privilégier l’humain et les relations de confiance. J’insiste : les process ne remplacent pas les individus. »

Portrait d'Olivier Morel - Cyllene
Olivier Morel

Une démarche que confirme Olivier Morel, directeur Alliances stratégiques et partenaires : « Il s’agit de nouer les contacts aussi étroits que possible avec nos partenaires les plus significatifs. Avec, comme objectif, la constitution d’un cluster homogène, et d’une même approche du socle technologique. C’est essentiel pour ce que nous voulons faire. Tout cela, ce que nous vivons ici, c’est une histoire d’hommes. » En appui, plusieurs centres de profits cimentent l’activité du groupe. Appelés business units dans la terminologie maison, ils concourent à l’obtention des résultats et à l’émergence d’une culture commune. Ce ne sont pas une série de structures fonctionnant en silos, mais l’intrication de briques complémentaires. D’abord, il y a une BU plutôt générique, celle qui fournit les services transverses – les services généraux, pour reprendre une nomenclature habituelle. Puis la BU modern workplace, qui s’incarne chez le client. Ensuite, la BU cloud computing, qui regroupe tout ce qui concerne la virtualisation, entendue au sens large. Enfin, et non des moindres, l’entité consacrée au digital, qui regroupe essentiellement, dans la circonstance, le domaine du logiciel. L’intelligence est dans le logiciel, comme il est vrai que le virtuel requiert toujours plus de matériel. « C’est ce que nous appelons la stratégie du build-up, reprend Olivier Morel, qui a pour vocation de construire un groupe d’experts, de manière à harmoniser les choses, à travailler ensemble l’optimisation de l’écosystème, la coconstruction d’une offre, un peu à la manière d’un lego. »

« Notre build-up rassemble des experts pour optimiser l’écosystème et coconstruire une offre, comme un Lego »

Olivier Morel, directeur Alliances stratégiques et partenaires
Hall d'entrée de Cyllene
La couleur et le mobilier donnent d’emblée une note ludique au hall d’entrée accueillant.

De fait, pour les dirigeants de Cyllene, la mutation numérique n’est pas un phénomène ponctuel. Il ne s’agit pas de réaliser cette migration, puis de passer à autre chose. « La transformation est permanente. La vie naît du chaos. Regardez les groupes et systèmes qui n’appliquent pas ce principe : où sont-ils, les Digital, les Novell, les OS2, les Amstrad ? », s’enflamme Olivier Poelaert, sans précaution oratoire excessive. « Nous mettons en place un PAC [plan d’amélioration continu]. On se réunit tous les mois, ici même, pour voir où l’on en est. On fait des reviews. Et puis tous les trois mois, nous tenons la réunion du comité de direction. Encore une fois, il faut savoir coupler deux éléments indispensables : l’humain et la technologie. Je ne les sépare pas. Pas besoin d’être très nombreux. Paul Bocuse constituait un bon exemple de cet état de fait. lls étaient dix avec sa brigade ! C’est une réussite mondiale. Eh bien nous, c’est pareil. Il y a les pure players, il y a les généralistes, et puis il y a ceux qui opèrent ou exploitent, et dont la première qualité est l’écoute. Nous faisons partie de ceux-là. On ne force pas la vente, on écoute le client. »

CAP SUR LE DIGITAL ET LA COMMUNICATION

Portrait de Alain Queniart - Cyllene
Alain Quéniart

Mais le savoir-faire ne pourrait pas grand-chose sans le faire-savoir. Les dirigeants de Cyllene en conviennent : le groupe est insuffisamment connu, eu égard à sa pertinence et même à sa notoriété sur le marché. Le patron de la BU digital, Alain Quéniart, est là pour y remédier : « Nous devons trouver la conjonction optimale entre la data, le web et le mobile. Pour y parvenir, nous avons l’avantage de détenir énormément de capacités de calcul. » Il insiste sur l’imbrication de l’ensemble où tout fonctionne en symbiose : les réseaux, pour ne prendre qu’un seul exemple, font partie de cette immense agora informationnelle dont parlait déjà, il y a plus de quarante ans, le rapport Nora-Minc.

« Nos capacités de calcul nous procurent un avantage dans la conjonction entre data, web et mobile »

Alain Quéniart, responsable de la business unit digital
Portrait de Cerise Cottiaux - Cyllene
Cerise Cottiaux

Ces mouvements alimentent, consolident l’industrie. « C’est un cercle vertueux », observe-t-il. « Beaucoup de travail reste à accomplir en termes de communication, renchérit Cerise Cottiaux, responsable marketing et communication. L’identité visuelle, la charte graphique, l’amélioration du site, sont des éléments significatifs sur lesquels nous allons faire porter l’effort. Ce sera vrai à la fois en direction de l’extérieur du groupe et en interne. » En résumé, les métiers de l’entreprise étaient jusqu’à maintenant un secret bien gardé. Mais le groupe est assis sur une mine d’or, caractérisée par ses données, avec, en prime, la capacité technique et humaine de les exploiter. Il est temps de faire mentir le proverbe selon lequel les cordonniers seraient les plus mal chaussés.

« Communiquer vers l’extérieur du groupe mais aussi en interne »

Cerise Cottiaux, responsable marketing et communication