Videosonic, artisan des grands projets audiovisuels
Tout en restant à dimension humaine, Videosonic déploie son expertise sur des solutions audiovisuelles souvent prestigieuses. Un intégrateur qui profite depuis plus de vingt ans de l’expérience de son fondateur sur un marché qui se nourrit de plus en plus d’IT.
Juin 2024Par Vincent Verhaeghe à Chambly (Oise).
« Ce n’est pas de chance que vous veniez aujourd’hui, quasiment tous mes employés sont en déplacement. En même temps ça veut dire que les affaires se portent bien ! » s’amuse Éric Cartier, fondateur et président de Videosonic. Si les locaux sont déserts, pour l’intégrateur c’est le signe que l’activité bat son plein. Pas question ici de vendre un petit écran sur le pas de la porte ou par Internet et de passer au client suivant.
Malgré ses 12 employés et son statut revendiqué de PME, Videosonic est un intégrateur spécialisé dans les projets de belle taille qui mettent en œuvre son expertise. « Nous ne faisons pas de volume. Ce qui nous intéresse, c’est de travailler avec les clients le plus en amont possible, analyser les demandes, proposer des solutions, les mettre en œuvre et en faire le suivi », résume Éric Cartier.
Chaque cas est particulier, au point qu’un showroom serait superflu. « Les clients ne viennent pas nous voir. Leurs demandes sont spécifiques et combinent des produits très variés ; cela ne servirait à rien de leur montrer tel écran ou telle solution audio sans vue d’ensemble, d’autant que nous ne nous attachons pas particulièrement à une marque. Les projets que nous avons réalisés parlent pour nous. »
« Les demandes des clients combinent
Éric Cartier, fondateur et président de Videosonic
des produits très variés, montrer un écran ou une solution audio ne servirait à rien »
Effectivement, sur le grand écran d’une des salles de son entreprise, Éric Cartier fait défiler les photos de quelques installations que Videosonic a mises en place. Des centres de conférences, des salles de conseil pour des grandes entreprises de la bancassurance ou de la défense, des halls d’accueil ou une pièce immersive permettant à une agence immobilière de plonger ses clients au cœur des maisons ou des appartements qui les intéressent…
Autant de projets, atteignant parfois le million d’euros, qui enluminent la carte de visite de l’intégrateur. Et d’autant plus impressionnants que les locaux donnent davantage le sentiment d’être dans un atelier d’artisan plutôt que dans une unité de production aux process rigides. Mais ce n’est qu’un trompe-l’œil…
Bien que la moyenne d’âge se situe autour de 35 ans, les équipes de Videosonic sont formées et expérimentées. L’organisation de l’entreprise entretient un équilibre parfait entre la rigueur nécessaire
au développement de projets audiovisuels et la capacité d’innovation et d’adaptation que ces mêmes projets requièrent.
Un héritage dû en grande partie au passé de son fondateur. « J’ai une formation de programmeur électronicien, je m’intéresse à l’informatique et à l’électronique depuis que je suis adolescent. Aujourd’hui encore cela me motive de trouver avec mon équipe des idées novatrices pour répondre aux demandes de clients, explique Éric Cartier qui nous donne l’exemple d’une carte d’extension intégrant des boutons qui font office d’écrans. Sur ces boutons, on peut afficher des images, des logos ou proposer aux participants d’une réunion de voter en appuyant dessus. »
Signe de l’évolution technologique, le stock de câbles HDMI de Videosonic baisse très peu, l’USB-C devenant la norme des connexions dans l’audiovisuel.
L’IT de plus en plus présente
Cette âme artisanale a d’autant plus de mérite à persister chez Videosonic qu’en vingt ans le métier d’intégrateur audiovisuel s’est totalement transformé. Au début des années 2000, la majorité des projets d’affichage de l’intégrateur tournait autour des vidéoprojecteurs, les fameux « Barco » dont le bruit de soufflerie résonne encore aux oreilles de ceux qui les ont connus.
« C’était également le début des écrans à plasma. Des produits chers mais qui offraient un vrai prestige aux entreprises qui s’en équipaient. À cette époque, on travaillait principalement avec des marques japonaises, comme Panasonic, Sharp ou Sony. » C’était une période où l’audiovisuel et le numérique formaient deux mondes aux frontières bien définies.
Une époque révolue. « Les prises VGA, les interfaces série RS232… Tout cela a été remplacé par le numérique. Dans les années 2000, si on avait oublié le fer à souder, ce n’était pas la peine d’aller chez le client. Aujourd’hui, c’est surtout l’ordinateur qu’il ne faut pas oublier d’apporter », note Éric Cartier sans aucune nostalgie.
En tant que passionné, il aime découvrir les nouvelles technologies et fait évoluer son entreprise et ses équipes au gré des innovations. Au point que certains éléments de son stock deviennent parfois des pièces de musée, notamment parmi les bobines de câbles. « Le VGA a disparu avec l’arrivée du numérique, mais le HDMI est déjà en train de disparaître. Désormais, quasiment toutes les installations se font à partir de l’USB-C qui présente le gros avantage de prendre en charge l’image, les données et l’alimentation. »
Mais ce n’est pas pour autant que la mise en place des projets audiovisuels de Videosonic est devenue une simple procédure plug-and-play. Trouver le bon produit pour le bon usage, coordonner les solutions de différentes marques, apporter l’éclairage, l’isolation phonique et parfois l’ameublement restent les prérogatives de l’intégrateur qu’il fait seul ou aidé de spécialistes, notamment lorsqu’il s’agit de créer un mobilier sur mesure.
Toutes les installations effectuées chez les clients sont d’abord testées en situation dans l’atelier de production de l’entreprise (ici, une série d’enceintes Devialet). Les techniciens n’auront plus qu’à brancher les produits configurés dans le lieu de destination.
Évolution chez les clients
Le rapprochement entre l’audiovisuel et l’IT a une autre conséquence : les interlocuteurs de Videosonic dans les entreprises ne sont plus les mêmes. « Il y a encore quelques années, les DSI ne s’intéressaient absolument pas à nos projets et nous discutions principalement avec les services généraux. Or, depuis
C’est d’ailleurs un avantage pour l’intégrateur qui, grâce à ce « tout IP », peut gérer et maintenir de nombreuses solutions à distance, ce qui lui confère un gain de temps appréciable étant donné le nombre de ses effectifs. Pour un intégrateur de cette dimension modeste, trouver de nouveaux clients est une gageure. « Les marques nous aident parfois à trouver des leads mais comme nous ne sommes pas attachés à un fournisseur en particulier, nous ne sommes pas dans les plus hauts niveaux des programmes Partenaires », explique Éric Cartier.
Heureusement, son expérience lui permet de trouver d’autres pistes pour déceler des clients, à commencer par le bon vieux bouche-à-oreille. Les DSI se rencontrent et se parlent souvent, et il n’est pas rare qu’ils s’échangent leurs adresses de bons intégrateurs. « Quand un DSI qui a travaillé avec nous change d’entreprise, il est fréquent qu’il nous contacte s’il a un nouveau projet audiovisuel. »
Les leads peuvent se trouver au détour de rencontres inattendues… comme sur les fairways et les greens où des pistes sérieuses de nouveaux projets voient le jour puisque Videosonic est un des partenaires de l’Association des golfeurs de l’IT européenne. Videosonic génère 80 % de son chiffre d’affaires avec des contrats concernant seulement une vingtaine de clients.
D’un côté, un avantage car cela permet de bien connaître leurs besoins et d’accorder à chacun d’eux un suivi personnalisé et efficace, de l’autre, les revenus peuvent varier fortement d’une année à l’autre car les grands projets audiovisuels ne se renouvellent pas avec régularité. « Nous avons le handicap d’être situés en Picardie et pas en région parisienne. Si, dès la création de l’entreprise, j’ai fait installer une ligne téléphonique IP avec un numéro commençant par 01, il est très compliqué de décrocher des contrats autour de Paris avec l’étiquette d’un intégrateur de province. »
Malgré tout, Videosonic trace sa route sans chercher la croissance à tout prix, en profitant des marges qui restent plutôt bonnes dans ce secteur et en s’appuyant sur une stratégie RSE volontariste et ce, avant même que ce soit à la mode, notamment en gérant avec des partenaires la fin de vie des produits. « Cela est plus compliqué avec la LED. Même si cette technologie a révolutionné notre marché, elle est quasiment impossible à recycler et il pourrait y avoir un retour de bâton dans les années à venir », estime Éric Cartier.
« Il y a quelques années, les DSI ne s’intéressaient pas à nos projets, ce n’est plus le cas car tout est connecté au réseau »
Éric Cartier, fondateur et président de Videosonic
Fiche d’identité
Création : 2001
Nombre d’employés : 12
Positionnement : intégrateur audiovisuel
Clientèle : principalement ETI et grandes entreprises
Marques principales : Sharp, Sony, Shure, Panasonic