Alt Eco, le reconditionnement pour tous les besoins

À l’heure où l’écoresponsabilité devient une priorité pour les entreprises et les fabricants, Alt Eco propose un modèle vertueux de reconditionnement de produits informatiques avec une croissance spectaculaire et des ambitions élevées.

Oct 2024

Chez Alt Eco, le principe de « seconde vie » ne se limite pas à son business model. Si l’entreprise spécialiste du reconditionnement vient de s’installer dans de nouveaux locaux pour supporter sa croissance rapide, ces bureaux n’ont rien de neuf et se veulent avant tout fonctionnels. Rien de clinquant sur les 4 000 m² de surface, tout est fait pour être efficace et avoir valeur d’exemple. Cyril Berthier, qui a fondé Alt Eco en 2014, n’est pas un nouveau venu dans l’univers de la « seconde vie ». Avant de devenir entrepreneur, il s’occupait du développement de projets chez Lama France, un des spécialistes de la fourniture de consommables d’impression compatibles et reconditionnés.

« À l’époque, on courait après des stocks de cartouches pour les recycler et, parallèlement, on voyait des parcs entiers d’imprimantes en fin de vie qui partaient à la destruction faute de filière dédiée. Nous avons alors lancé le projet chez Lama de proposer des imprimantes reconditionnées », explique Cyril Berthier, qui prend en charge la filiale créée pour l’occasion sous le nom de LM Eco Production. La branche se développe rapidement grâce à des accords avec de gros partenaires, comme Bureau Vallée, et, dès 2016, l’idée germe d’étendre l’activité de reconditionnement au-delà de la bureautique, vers l’informatique.

« Nous avions déjà les filières et les process, il nous restait finalement à développer les compétences pour nous attaquer à des produits tels que les PC de bureau et les portables. À l’époque, il existait quelques spécialistes du reconditionnement, mais peu structurés et qui ne savaient pas cibler les acteurs de la grande distribution qui gèrent des produits très standardisés alors que nous récupérons des lots très disparates. »

Sous le nom d’Alt Eco, l’entreprise se lance dans l’informatique à une période idéale car le marché de la seconde vie connaît un énorme essor avec l’arrivée des premiers spécialistes du reconditionnement de smartphones, et notamment d’iPhone.
« Le monde étudiant a été un gros catalyseur pour ce marché. Tous ceux qui voulaient un iPhone sans avoir les moyens d’acheter le dernier modèle se sont tournés vers le reconditionné, et nous avons connu le même phénomène avec le MacBook. »

Apple, avec sa politique tarifaire élitiste et ses cycles de renouvellement ultracourts, est la marque qui a fait le plus de publicité pour les produits de seconde main.


Une croissance doublée

Le succès d’Alt Eco est spectaculaire. L’entreprise voit sa croissance doubler chaque année. En 2019, elle intègre de nouveaux locaux avec une quinzaine de salariés et prend son indépendance vis-à-vis de Lama France. De grandes enseignes, comme Carrefour, Auchan ou Electro Dépôt, ont changé leur fusil d’épaule face aux produits reconditionnés, et Alt Eco signe des partenariats profitables. Nouveau coup de pouce du destin : la chute des disponibilités en produits neufs liée à la pandémie de Covid-19 incite les entreprises et les particuliers à se tourner vers une alternative pour dénicher des PC et des portables, et en premier recours vers les produits reconditionnés.

« L’engouement était tel que nous avons même dû ralentir notre croissance car nous n’avions pas les ressources pour répondre à la demande », se souvient Cyril Berthier dont l’entreprise passe en deux ans de 15 à 60 collaborateurs. Cet emballement pour le reconditionné, même s’il est plus subi que choisi à l’époque côté utilisateurs, a également pour avantage d’éduquer le marché en termes d’écoresponsabilité et de positionner la seconde main comme une alternative à part entière.
« Du particulier n’ayant pas trop de moyens, nous sommes passés à un scope de clientèle beaucoup plus large, notamment auprès des entreprises qui y voient plus d’intérêt côté RSE que sur le plan des économies réalisées, même si elles sont ravies de pouvoir aussi dépenser moins ! »

Les équipes commerciales dénichent des parcs de produits candidats au reconditionnement puis les proposent à la vente aux entreprises et canaux de distribution. Chaque produit est démonté, testé, mis à jour et empaqueté dans un emballage en carton estampillé Alt Eco, que l’on retrouvera dans les grandes enseignes ou chez les revendeurs. Toutes les grandes marques sont gérées par Alt Eco, qui dispose entre autres d’une expertise sur les gammes Apple dont les produits de seconde vie sont très demandés.

Le second cycle de vie

Dans l’univers du reconditionnement, il y a trois problématiques majeures auxquelles il faut répondre : trouver des produits à recycler, établir le process pour les remettre en état et les revendre.

Côté sourcing, Alt Eco a mis en place différents canaux pour récupérer des parcs avec, dans certains cas, un contact direct auprès d’entreprises en phase de renouvellement, mais surtout par des accords passés avec des sociétés de leasing qui sont propriétaires des produits qu’ils ont financés et qui ont justement besoin de capitaliser sur leur valeur résiduelle.

« Nous récupérons des parcs en France et à l’étranger. Il nous arrive de récupérer des lots de quelques dizaines de pièces mais nous ciblons principalement les parcs volumiques de 500 ou 1 000 pièces pour avoir le maximum de produits similaires qui rendront plus fluide le processus de remise en œuvre. »
Le coût de rachat des parcs est un paramètre aussi complexe que stratégique pour Alt Eco, qui dispose de bases de données en fonction des modèles, mais doit également pouvoir estimer le prix de vente final lui permettant de dégager une marge. Chaque parc a une part d’aléatoire car certains produits peuvent être inexploitables, ce qui ne sera souvent découvert qu’au moment du passage en atelier.

« Il y aura toujours moyen d’utiliser ces produits pour stocker des pièces de rechange pour les autres », souligne Cyril Berthier. Pour récupérer des lots, il faut agir vite, car la concurrence est féroce et il n’est pas rare de devoir faire face à de véritables enchères. Alt Eco cible les plus grandes marques, comme Apple, Dell, HP et Lenovo, mais n’a aucune relation directe avec elles, quand bien même certaines affichent aujourd’hui une vraie volonté de mise en avant de la seconde vie de leurs produits tout en gardant la main sur leurs filières.
Par ailleurs, le secteur du reconditionnement réclame de l’anticipation : il se passe environ deux mois entre le moment où un parc est repris et celui où il est remis sur le marché. Ainsi, dès le printemps, Alt Eco travaille sur les lots qu’il proposera à la rentrée. Généralement, ces lots sont récupérés avant de savoir à qui ils seront vendus, mais de plus en plus fréquemment Alt Eco recherche des parcs qui correspondent à des demandes faites par ses partenaires.
Outre les grands de la distribution, l’entreprise travaille de plus en plus avec des revendeurs et des intégrateurs informatiques qui eux-mêmes reçoivent des demandes de leurs clients pour ce type de produits. Sans parler de véritable channel, une centaine de revendeurs achètent régulièrement auprès d’Alt Eco.

« Quel que soit le canal, notre métier est de faire coïncider une opportunité d’achat et une opportunité de vente », résume Cyril Berthier. Les produits récupérés passent dans les mains des salariés d’Alt Eco pour des séries de tests afin de les classer selon leur qualité (grades A à C), pour une production de l’ordre de 10 000 par mois. Chaque composant est testé dans le cadre d’un contrôle technique, les batteries sont remplacées si elles n’atteignent pas le niveau de qualité requis et des pièces peuvent être remplacées ou upgradées.

« Nos process sont stricts mais cela nous permet de proposer des garanties d’un an, et de plus en plus des extensions de garantie jusqu’à trois ans qui rassurent le client dans un secteur où beaucoup de nos concurrents se limitent à trois ou six mois. »


Un environnement législatif complexe

Une des spécificités du reconditionnement tient au fait qu’il est assez peu réglementé tout en dépendant d’autres réglementations connexes qui obligent les reconditionneurs à s’adapter.

« C’est un secteur jeune, et nous avons des surprises entre ce qu’un concurrent appelle un grade A et ce que nous appelons un grade A, ce qui ne facilite pas le choix pour les clients. »

Créé en 2013 et comptant plus d’une trentaine de membres dont Ingram Micro, Itancia, Koesio et bien sûr Alt Eco, le Sirrmiet, l’union des reconditionneurs et distributeurs de seconde main français, travaille notamment sur la normalisation des grades.

« Ce syndicat est essentiel car on se rend compte qu’à chaque fois qu’une nouvelle loi sort, personne ne pense au reconditionné et cela nous met dans des situations problématiques. Par exemple, quand l’indice de réparabilité est devenu obligatoire pour vendre un produit, nous ne pouvions pas l’appliquer aux modèles reconditionnés ; seuls les constructeurs d’origine peuvent le délivrer. Le Sirrmiet est intervenu et le problème a été réglé. »

Il y a encore du travail à faire car une réglementation européenne prévoit que le port USB-C soit obligatoire sur tous les smartphones et tablettes mis sur le marché en 2025 et les PC en 2026. Un nouveau casse-tête en perspective pour le reconditionnement.

Quel que soit le canal, notre métier est de faire coïncider une opportunité d’achat et une opportunité de vente. »

Cyril Berthier, fondateur et président d’Alt Eco


Recrutement et formation

Poursuivant sa croissance à un rythme soutenu, Alt Eco regroupe désormais 115 collaborateurs sur son nouveau site à Caluire-et-Cuire, près de Lyon, dans le Rhône. Comme toute entreprise de la tech en croissance, Alt Eco est en chasse permanente de compétences.
Outre le recrutement de profils très techniques en sortie d’école (informatique et électronique), l’enseigne se fixe comme cap de former en interne des personnes qui ne sont pas issues d’un cursus technologique mais qui ont les capacités pour s’y épanouir. Un parallèle finalement naturel entre le reconditionnement de produits et la reconversion professionnelle des personnes.

« L’informatique attire, et on a beaucoup de belles histoires de personnes qui ont évolué petit à petit dans la société. Nous avons embauché des jeunes, mais, désormais, cela concerne toutes les tranches d’âge. Nous avons également pour but de féminiser les équipes. »

Si l’écoresponsabilité reste le cœur de métier d’Alt Eco, sa philosophie RSE va bien au-delà et a sans aucun doute valeur d’exemple pour des entreprises de taille bien plus importante. Alt Eco dispose d’ailleurs, depuis 2021, du statut d’entreprise de l’économie sociale et solidaire.

Création : 2014
Chiffre d’affaires : objectif 40 millions d’euros dans trois ans
Types de produits : PC fixes, portables, tablettes, accessoires
Surface : 4 000 m2
Partenaires : grands distributeurs, revendeurs, sociétés de leasing