Altaë, service de proximité à grande échelle
Fondée en 1993 en tant que mainteneur pour les parcs HP, Altaë est désormais une des références de l’infogérance en Auvergne-Rhône-Alpes avec une équipe dirigeante qui s’engage dans la durée et la stabilité aussi bien avec ses clients que ses collaborateurs.
Juin 2024Par Vincent Verhaeghe à Moirans (Isère), photos Éric Soudan, Andia.fr
Ne parlez pas à Stéphane Ivanic de croissance externe, de campagne commerciale ou de chasse au chiffre d’affaires ! Le P-DG d’Altaë n’a qu’un objectif en tête : s’assurer qu’année après année son entreprise soit suffisamment saine pour que ses collaborateurs s’y sentent bien, soient récompensés de leurs efforts et que ses clients soient parfaitement adressés.
« Si mes associés et moi décidions d’arrêter nos initiatives sociétales, on multiplierait sans doute les résultats par deux, au détriment de nos employés », explique Stéphane Ivanic. Il n’est pas le fondateur d’Altaë mais en connaît tous les rouages puisqu’il fut l’un des premiers collaborateurs à la création de l’entreprise, sous le nom d’Euro maintenance informatique (EMI), en 1993 ; il ne l’a pas quittée depuis, la reprenant avec quatre associés, en 2012, alors que le fondateur partait à la retraite.
Le positionnement d’EMI était vertical dans sa première vie, l’activité de la société étant alors exclusivement concentrée sur la maintenance des produits Hewlett-Packard auprès des entreprises de la région Rhône-Alpes utilisatrices de la marque, de l’artisan au grand compte. Être en quelque sorte un concessionnaire de la maintenance pour une marque informatique était assez courant à l’époque.
L’activité d’EMI s’étend rapidement en intégrant l’infogérance et la gestion de parcs, en élargissant ses zones d’intervention. « Mais nous restions totalement liés à la marque HP. Nous étions hébergés dans leurs locaux et toutes nos prestations se faisaient en marque blanche sous l’étiquette HP. »
En cinq ans, EMI passe de 5 à 85 collaborateurs. Mais, en 1998, c’est la douche froide : les dirigeants américains d’HP changent totalement leur stratégie de services et décident d’avoir un unique sous-traitant par zone géographique. EMI n’est pas retenue pour l’Europe et est sur le point de perdre l’ensemble de ses activités. « 100 % de nos 3 millions d’euros de chiffre d’affaires provenaient d’HP.
Sans eux, nous mettions la clé sous la porte. Heureusement, la branche française a décidé de nous accompagner sur une période de transition jusqu’en 2004, ce qui nous a donné le temps de mettre sur pied une nouvelle activité. » Avec ses techniciens formés et sa connaissance du tissu économique de sa région, la société, qui prendra plus tard le nom d’Altaë, cible les TPE et les PME en proposant de devenir leur responsable informatique. « Nous faisons de l’infogérance mais je ne nous définis pas comme un MSP. Nos services vont de la prise réseau à la couche Microsoft, mais nous ne touchons pas à tout ce qui concerne l’applicatif métier, comme les ERP ou la CRM », résume Stéphane Ivanic.
Une vision qui montre bien que la définition de MSP est subjective car une grande partie de l’offre d’Altaë est en étroite collaboration avec des éditeurs spécialisés dans les services managés. La société est ainsi utilisatrice de l’offre RMM de NinjaOne, à partir de laquelle elle réalise la gestion des postes clients mais aussi des briques additionnelles, comme la cybersécurité avec la solution EDR de SentinelOne. Des services de sauvegarde sont aussi proposés aux clients via Cove, l’outil idoine développé par N-able et distribué par Watsoft, dont Altaë est l’un des partenaires.
« Si nous cessions nos initiatives sociétales, on multiplierait sans doute les résultats par deux, au détriment de nos employés. »
Stéphane Ivanic, P-DG d’Altaë
Forfait illimité
L’offre est simple et complète, d’autant que sa commercialisation auprès des entreprises est facilitée au maximum. « Depuis la réorganisation d’Altaë en 2000, nous avons choisi de proposer à nos clients un forfait par poste et par mois. Le tarif comprend tous nos services en illimité : déploiement, hotline, télémaintenance, accompagnement dans les projets… »
Quelques options sont possibles, comme l’EDR. Le client n’aura jamais de mauvaises surprises sur ses factures, il saura toujours ce qu’il paie et sera servi chaque fois qu’il en aura besoin. « Sachant que le tarif de notre forfait a très peu évolué puisqu’il n’a augmenté que de 4 euros en près de vingt-cinq ans. »
Ce tarif peut légèrement changer d’un client à un autre : quand Altaë réalise très peu d’interventions dans une entreprise, l’ESN n’hésite pas à le baisser, un peu à la façon d’un bonus-malus d’assurance. A contrario, il lui est arrivé de se séparer de clients trop coûteux en termes de ressources.
« À la suite de désaccords avec son DSI, nous avons cessé notre activité chez notre plus gros client qui représentait 5 % de notre chiffre d’affaires ! », précise Stéphane Ivanic. Altaë n’a pas d’approche verticale spécifique pour son offre de services. Pour autant, la moitié de ses clients sont dans le secteur de l’industrie. Ce qui est compréhensible car le bassin industriel dans la région est assez fort, mais c’est aussi une caractéristique héritée de son intrication passée avec Hewlett-Packard, fournisseur très impliqué dans l’industrie à l’époque. À tel point qu’Altaë applique à ses employés la convention collective de la métallurgie (à l’instar des intégrateurs télécoms) et pas celle du Syntec, qui regroupe des syndicats professionnels spécialisés dans les professions de l’ingénierie, du numérique, du conseil, de l’événementiel et de la formation professionnelle.
« C’est une convention très avantageuse pour nos collaborateurs, cela fait partie des nombreux éléments sociétaux que nous intégrons à l’entreprise. » Cela explique également la fidélité des employés, le turnover est très faible et, comparé à ce qu’on constate généralement dans ce secteur, l’entreprise a peu de difficulté à embaucher.
« Le bouche-à-oreille fonctionne pour trouver de nouveaux clients, mais il fonctionne aussi pour trouver de nouveaux collaborateurs car ils savent qu’ils se sentiront bien chez nous. »
Les agents d’Altaë sont en contact permanent avec les clients et interviennent autant que possible à distance grâce aux outils de l’infogéreur. Un modèle qui se répétera dans toutes les agences.
Extension par agences
Grâce à son business model basé presque exclusivement sur le récurrent, Altaë bénéficie d’une croissance régulière, sans à-coups dans un sens ou dans l’autre. Pour se développer, l’entreprise mise désormais sur l’ouverture de nouvelles agences régionales (appelées business units [BU]) pour gérer plus efficacement la proximité avec les clients.
« Début 2021, j’ai lancé notre première BU pour couvrir les départements de Savoie et de Haute-Savoie. Nous avons rapidement trouvé de nouveaux clients, et l’agence génère d’ores et déjà 500 000 euros de chiffre d’affaires. Nous avons une dizaine de nouveaux collaborateurs », explique Suzy Cazzaro, directrice associée.
Un modèle qui doit se répéter dans les prochaines années avec l’ambition de créer six ou sept agences à l’horizon 2030. « Mais ce ne sera pas par des rachats ou des franchises, nous incuberons en interne chaque BU pendant un ou deux ans, et chacune recrutera entre 10 et 15 personnes, soit une centaine de personnes en tout. Nous ciblons un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros en 2030. »
Un essor qui se fait en prenant en compte les problématiques RSE sur lesquelles Altaë fait des efforts importants en participant, par exemple, à la Convention des entreprises pour le climat ou en s’engageant dans le cycle de vie des produits. « Nous améliorons le recyclage et la seconde vie. Nous essayons de faire durer les produits chez les clients le plus longtemps possible en misant plus sur l’upgrade plutôt que sur le remplacement à tout crin », conclut Stéphane Ivanic.
Fiche d’identité
Création : 1993, sous le nom d’Euro maintenance informatique
Chiffre d’affaires 2023 : 4 millions d’euros
Nombre d’employés : 34
Clientèle : TPE et PME
Marques principales : Dell, HP, Microsoft, N-able, NinjaOne