Une nouvelle ère s’amorce pour Acer

Confronté à un marché du PC capricieux, le dragon taïwanais ne manque pas de relais de croissance dans la high-tech. Acer monte en gamme et en ambition en misant notamment sur l’intelligence artificielle.

Juil 2024
Par Thierry Bienfait

« 2024, Acer Faster, Higher, Stronger. » Cette formule empruntée à la devise olympique, affichée sur les murs du hall d’entrée du siège social d’Acer EMEA implanté près de Lugano, en Suisse, accueille les visiteurs du constructeur informatique.
Simple allusion aux JO de Paris 2024 ? Sans doute pas puisque la société taïwanaise déclare fièrement viser des performances de champion, comme le montrent ses derniers résultats. Cinquième constructeur mondial de PC (avec 7 % de part de marché au premier trimestre, selon l’institut IDC), Acer a enregistré dix mois de croissance consécutifs et un chiffre d’affaires consolidé de 241 milliards de dollars taïwanais (environ 7 milliards d’euros).
Certes, le fabricant a été impacté par l’effondrement des ventes d’ordinateurs personnels en 2022 et en 2023, contrastant avec la belle envolée de 2020 et 2021, et la difficulté d’avoir ensuite à écouler des stocks très élevés.
Mais la chute post-Covid n’a pas refroidi Emmanuel Fromont, President EMEA Operations d’Acer, et ses équipes : « Par le passé, nous avions déjà dû batailler ferme quand nos ventes ont connu une sévère cure d’amaigrissement avec la déferlante des tablettes puis celle des smartphones. La détérioration de la demande après la pandémie a été un signe inquiétant comparable. Toutefois, nous avons su nous relancer rapidement. »

Plusieurs facteurs expliquent cette remontée en puissance rapide. Acer dispose d’un atout maître : sa diversification. L’entreprise vise en particulier des segments verticaux et s’est fait une spécialité dans la fourniture de produits pour l’éducation, le gaming (avec la marque Predator), le digital signage, la santé et le workspace. Au niveau technologique, le portfolio du fournisseur est vaste, avec sa variété de modèles de micro-ordinateurs et d’écrans, auxquels s’ajoutent les serveurs d’Altos ou les media players industriels d’AOpen.
« Cette diversité constitue autant d’opportunités pour élargir le business de notre écosystème de revendeurs », souligne Davide Tarantino, responsable de la distribution Acer EMEA.

« En accélérant le renouvellement des parcs de PC dans les entreprises, l’IA garantira une bonne dynamique à nos partenaires. »

Davide Tarantino, responsable de la distribution Acer EMEA

S’appuyer sur ses revendeurs

Autre tournant stratégique, 30 % du business d’Acer concerne désormais des activités autour du software, de la cybersécurité ou des services de réparation (pour quelque 40 marques).
La firme n’a pas tardé à réagir pour se battre avec la concurrence de Lenovo, HP, Dell et Asus, afin d’obtenir sa part du gâteau du marché des nouveaux ordinateurs intégrant l’IA.
Le fournisseur se concentre sur la partie hardware pour « offrir une solution end-to-end optimisée, qui apporte aux clients une expérience utilisateur parfaite dans l’IA, en embarquant le meilleur de cette technologie dans les machines Acer ».
Le groupe a décidé de travailler en étroite collaboration avec Microsoft pour intégrer Copilot+, mais aussi avec Google, Intel, AMD et Qualcomm. « Nous serons très vigilants en matière de time-to-market pour ne pas se faire distancer par nos compétiteurssur le segment de l’IA », explique Davide Tarantino.

Pour faire la course en tête dans un secteur du PC devenu un marché de commodités, le constructeur peut s’adosser sur un solide réseau de partenaires. « Avec notre modèle de distribution 100 % indirect, nous pouvons nous appuyer sur les 35 000 revendeurs actifs dans la zone EMEA », se réjouit Emmanuel Fromont.

« Difficile de révolutionner le PC et de se distinguer entre concurrents. C’est surtout l’implication du réseau qui fera la différence, dans le “last mile” », ajoute Davide Tarantino. Reste une question de taille : les prix. Selon Acer, la vente d’ordinateurs haut de gamme taillés pour l’IA sera plus rémunératrice pour l’écosystème des partenaires. Au-delà du endpoint, c’est toutefois la vente de services, par exemple dans le déploiement ou le SAV de ces produits, qui lui permettra de générer toujours davantage de marge.