Portrait de Armony Altinier - Koena

“Formez-vous à l’accessibilité numérique”

Rendre les outils numériques accessibles est un enjeu primordial. C’est le coeur de métier de Koena qui oriente ses activités notamment vers les ESN.

Mai 2022
Armony Altinier, P-DG fondatrice de Koena - Propos recueillis par Nicolas Certes

Quelles sont les activités de Koena ?

Nous sommes spécialisés dans la conception et le développement des services intranet, extranet, applications mobiles, mobiliers urbains numériques, pour qu’ils soient compatibles avec les besoins des personnes handicapées. Nous assumons plusieurs missions : cabinet de conseil, centre de recherche et de formation.

« La France n’a pas intégré encore l’approche du handicap fondée sur les Droits de l’homme, regrette le Comité des droits des personnes handicapées »

Comment percevez-vous l’intégration des problématiques l’accessibilité numérique ?

La France accuse un retard sur l’accessibilité en général, pas que du côté numérique. Notre pays – épinglé par l’ONU pour cela¹ – fait face à un problème d’approche du handicap assez culturel. Par exemple, si je fais développer un site web qui contient un formulaire inaccessible à la souris, je signale le bug au prestataire qui le corrige sans rien refacturer. Maintenant, si le formulaire n’est pas accessible par le clavier ou un lecteur d’écran, en le signalant, on va me dire que ce n’était pas prévu, que c’est plus cher, etc. En agissant de la sorte, on discrimine. Considérer que ces aspects font partie d’un surplus ou de fonctionnalités annexes, révèle une approche où les handicapés ne sont pas traités avec le même respect que les valides.

Comment travaillez-vous avec les ESN et les fournisseurs IT pour rendre leurs solutions accessibles dès la conception ?

Il est très rare qu’un site ou une application soit nativement accessible. La plupart du temps, les entreprises qui les développent ou qui les commandent ne se posent même pas la question. L’accessibilité numérique, c’est une façon de coder, de concevoir. Donc le sujet ne peut pas être externalisé. En revanche, nous pouvons transmettre aux équipes la compétence pour les rendre autonomes dans la suite du développement. Pour les ESN, on peut faire de la formation de formateurs, des choses sur mesure, etc. Nous travaillons aussi en sous-traitance et en assistance à maîtrise d’oeuvre pour les marchés publics. C’est une cible importante car ce sont ces sociétés qui vont fournir les logiciels, sites web, applications qui seront utilisés par les personnes handicapées.

Quels conseils donneriez-vous à une entreprise pour rendre ses services accessibles ?

Formez-vous ! Surtout les équipes de développement, d’UX design, etc. Avant même de faire un audit, il est possible de corriger une multitude d’aspects grâce à une formation d’une seule semaine. Et rappelez-vous qu’en tant que partenaires de grands groupes, vous devez, vous aussi, être en conformité pour répondre à leurs besoins (lire en encadré) et saisir l’opportunité de vous démarquer en rendant leurs services accessibles.

1 Lire sur bit.ly/3LDhT3C

À APPLIQUER
La loi Handicap 2005-1022 spécifie dans son article 47 l’accessibilité numérique² dans le secteur public et les sociétés qui réalisent plus de 250 M€ de C.A. Ces dernières doivent respecter certains standards comme le RGAA³, et publier une déclaration d’accessibilité par service en ligne (site web, application mobile, etc.), après obtention d’un score décerné à l’issue d’un audit préalable. Un schéma pluriannuel est aussi demandé ainsi que la nomination d’une personne référente.

2 Art. 47, loi Handicap bit.ly/3LM6nTQ
3 Version 4.1 du Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA) sur bit.ly/3uQFKa9