Le marché du print retrouve des couleurs
Les constructeurs ont profité de la crise sanitaire, période moins défavorable pour vendre du matériel. Depuis, ils misent sur les services pour afficher une progression supérieure à celle de l’avant-Covid.
Sep 2023Par Thierry Bienfait
Les acteurs historiquement positionnés dans le monde de l’impression commencent-ils à distinguer une lueur au bout du tunnel ? Hormis la parenthèse de la pandémie de Covid, qui a vu s’envoler leurs ventes d’imprimantes et de consommables, voilà des années qu’ils sont englués dans une répétition de crises pesant lourdement sur leurs performances.
Depuis près de quinze ans, leurs activités de photocopieurs et imprimantes sont en repli structurel. Chaque année, le volume de papiers imprimés diminue de 5 %, avancent les analystes. Afin de s’adapter à ce contexte, les constructeurs ont dû transformer leur modèle économique et afficher des ambitions nouvelles dans les services dès le début des années 2010. Ils ont développé des activités de conseil en optimisation des impressions et de dématérialisation des documents. Si ces nouvelles activités ont entraîné mécaniquement une réduction du nombre d’imprimantes, elles ont pesé positivement dans leurs chiffres d’affaires.
À la faveur de rachats de spécialistes, on a vu des divisions services représenter en très peu de temps de 25 % à 50 % des revenus de grandes marques, atteignant des milliards de dollars pour les plus importantes. « Nos services font économiser entre 20 % et 25 % du budget impression de nos clients et améliore leur productivité, expliquait Zagalo de Lima en 2010, vice-président exécutif de Xerox, dans le magazine Challenges.
Pas étonnant que ce métier soit en plein développement. » Flairant le bon filon, des fabricants ont très tôt investi les secteurs du BPO (business process outsourcing, externalisation des processus métier) ou de l’automatisation des processus de travail, voire ceux de la gestion informatique des fiches de paie, de la gestion de la relation client ou des solutions de paiement à distance.
Parallèlement, la plupart des fabricants ont poussé leurs services dans le cloud. Comme Apple ou Android l’ont fait pour les smartphones, ils proposent des bibliothèques de services pour les imprimantes. Hébergées dans le cloud, elles sont destinées à la numérisation de documents papier, à leur traduction, aux envois par e-mail, aux publications sur Internet… Les grandes entreprises ont opté les premières pour de tels services, à l’origine de la bascule de l’impression vers la vente de services à valeur ajoutée. Mais de plus en plus de PME seraient désormais séduites et prêtes à s’équiper à leur tour.
L’avenir des imprimantes et copieurs
« Je ne pense pas que nous retrouverons nos niveaux de vente d’avant la pandémie de Covid, déclarait récemment Alex Cho, président de la division Personal Systems de HP. Le matériel est désormais un marché mature. » Hors de question toutefois de se désengager de cette activité. « Nous sommes leader, nous avons acquis de belles positions et progressons sur des segments à fort potentiel, en particulier celui des petites et moyennes entreprises », explique-t-il.
Si le futur de l’impression est devenu moins gris malgré la contraction des ventes, le business reste l’un des plus profitables du marché du numérique. Le secteur du print continue de se consolider avec une demande qui se déplace vers des produits à plus forte valeur ajoutée et donc plus chers.
Par ailleurs, « pour chaque imprimante vendue, des revenus sont générés pendant les cinq années qui suivent », estime le cabinet d’études IDC. Autre bonne nouvelle, la vitesse de chute des ventes aurait ralenti. Comparée aux 10 % de recul annuel relevé au début de la précédente décennie, la baisse ne serait plus dorénavant que de 4 % – les revenus du secteur ne déclinant, eux, que de 1,7 %.