La France relève le challenge de la souveraineté numérique

La France possède les atouts pour s’imposer comme carrefour numérique en Europe et assurer sa souveraineté. Le pari est presque gagné, grâce au développement de ses infrastructures d’hébergement et d’interconnexion des données notamment.

Le numérique devient une arène de la géostratégie mondiale. Or, les services numériques, loin d’être virtuels, reposent sur des infrastructures physiques telles que les data centers de connectivité. Ces bâtiments hyperconnectés hébergent les équipements des entreprises et les connectent avec les acteurs de leur écosystème : opérateurs télécoms, opérateurs de cloud, éditeurs de logiciels, etc. Sans eux, le numérique n’existerait pas. C’est pourquoi le développement de ces infrastructures fait partie des priorités de notre pays pour asseoir sa compétitivité numérique.

C’EST MAINTENANT QUE TOUT SE JOUE

En 2021, les enjeux géostratégiques revêtent une ampleur numérique. Avec la crise sanitaire, chacun a pris conscience de la nécessité de relocaliser certains pans de notre industrie. Et l’Union Européenne doit relocaliser le trafic internet sur son territoire. Elle veut protéger ses données pour éviter toute dépendance, toute perte de contrôle. La France a bien cerné cet enjeu. Il n’est donc pas seulement européen, mais aussi national. Les organisations et entreprises françaises doivent conserver la main sur leurs données, garder le choix de les localiser en France, et surtout maintenir la visibilité sur leurs mouvements. Placer la France au coeur des échanges de données en Europe donne aux acteurs les moyens de saisir ces opportunités. Exemple : les J.O. de 2024 devraient nécessiter de diffuser des flux télévisuels significatifs vers le monde entier. Dans un tout autre domaine, Paris devance Francfort en termes de relocalisation des services financiers britanniques.

PLACER LA FRANCE EN TANT QUE HUB MONDIAL D’INTERNET

La France fait figure de territoire hyperconnecté en Europe, son plan de relance fait du numérique une priorité. Notre pays met tout en oeuvre pour que ses entreprises disposent d’un environnement idéal pour se connecter à leur écosystème, international et local, au travers d’un réseau privé et sécurisé. Ce plan inclut une initiative unique en Europe : le plan France Très Haut Débit vise à couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit d’ici à 2022. Dès à présent, opérateurs et acteurs de la connectivité sont à pied d’oeuvre pour déployer les réseaux de fibre optique, avec une forte contribution des collectivités territoriales, qui construisent un nombre de lignes record pour les réseaux d’initiative publique. Une fois de plus, Paris est bien situé. D’une part, la capitale se situe sur un axe internet stratégique en Europe. Située à 10 ms de distance optique de Londres, de Francfort et d’Amsterdam, la ville dispose de liens terrestres redondés vers Marseille et Bordeaux, lesquels constituent des relais vers les câbles sous-marins qui irriguent l’Afrique, l’Asie, le Moyen-Orient et le continent américain. D’autre part, les acteurs de la connectivité, data centers en tête, y investissent massivement dans de nouvelles infrastructures. Ainsi, Paris a toutes les chances de devenir la deuxième ville la plus attractive au monde – derrière Francfort – en matière d’échanges de flux de données, avec une capacité cumulée de plus de 100 térabits à la seconde. Grâce à ses data centers parfaitement reliés et directement implantés sur le territoire, le pays relocalise le trafic internet dans l’Hexagone, maîtrise les flux de données, donne davantage de moyens et d’opportunités à ses entreprises pour produire et exporter des services, plus facilement et à moindre coût. Le tout avec une performance et une sécurité qui garantissent un avantage concurrentiel face à d’autres marchés numériques mondiaux. La France peut, et doit devenir la colonne vertébrale des échanges de données en Europe.

BIO EXPRESS
Ingénieur, diplômé de Télécom SudParis et de l’université du Michigan, Sami Slim fait ses premières classes chez SFR. Il intègre ensuite Telehouse en 2010 au poste d’ingénieur technico-commercial. En 2014, il prend la tête du service commercial et enchaîne les responsabilités managériales. Cette expérience, longue et diversifiée, acquise au sein de la filiale française du groupe, lui vaut d’occuper le poste de directeur adjoint. Simultanément, Sami Slim plaide sans relâche pour un rôle accru de la France dans le monde du numérique. Y compris et surtout sur le Vieux Continent.