Du bon usage des produits électriques vers une économie circulaire

Acheter, utiliser, jeter : une routine aux lourdes conséquences sur l’exploitation des matières premières, sur les chaînes d’approvisionnement et sur la gestion des déchets. Un cycle à usage raisonné du commerce peut contribuer à pallier cette situation.

Sep 2024
Par Jean Miyeli, Segment Director, Eaton Electrical, EMEA

Développement durable 

L’électrification, élément clé de la transition énergétique, implique de renoncer à l’utilisation directe de combustibles fossiles, comme le pétrole et le gaz. Le tout au profit de solutions telles que les véhicules électriques ou les panneaux photovoltaïques. Ce changement vise à encourager la production d’électricité par des sources à faible intensité carbone.
Un mode de vie « tout électrique » implique l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques, des systèmes de stockage d’énergie à batterie ainsi que des systèmes numériques pour connecter ces dispositifs.
C’est une bonne nouvelle : cette évolution est prometteuse pour les entreprises du secteur électrique, à condition toutefois qu’une véritable économie circulaire soit mise en place.


« Les gouvernements élaborent des lois pour accélérer le rythme de la transition énergétique. »

L’économie circulaire

L’économie circulaire favorise la prolongation du cycle de vie des produits par le biais de la réparation, du recyclage et de la reconception.
Il s’agit de remettre à neuf, réutiliser, reconvertir et redistribuer les produits plusieurs fois avant qu’ils n’atteignent le stade du recyclage en fin de vie. Cette nouvelle approche du développement, de la fabrication et du suivi des produits, met l’accent sur la résilience et le reconditionnement. La mise en place de l’économie circulaire entraîne donc une transformation significative qui touche toute la chaîne de valeur industrielle. Il s’agit bien plus qu’un simple recyclage de produits.

Une forte valeur ajoutée

Bien que la mise en œuvre d’une approche d’économie circulaire représente un coût non négligeable pour toute industrie, il faut savoir que, pour le secteur électrique, elle offre non seulement des avantages environnementaux significatifs mais aussi une forte valeur ajoutée. En effet, de nombreux produits liés à la transition énergétique sont d’un type nouveau, plus complexes que ceux que nous connaissons déjà. Par exemple, certains reposent sur des matières premières très précieuses, comme les métaux issus de terres rares. L’économie circulaire s’avère donc privilégiée pour valoriser les matières premières contenues dans ces produits. À l’arrivée, l’économie circulaire affectera toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement : du commerce de gros jusqu’à la vente au détail. Bien entendu, elle permettra de limiter la consommation de ressources naturelles.

L’impératif réglementaire

Les gouvernements élaborent déjà des lois et programmes pour accélérer le rythme de la transition énergétique et encourager le déploiement de l’économie circulaire.
Au sein de l’Union européenne, les États doivent se conformer aux lois issues des programmes législatifs Fit-for-55 et RePowerEU, qui couvrent pratiquement tous les aspects du développement durable et mettent l’accent sur la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles. On peut facilement imaginer la façon dont l’économie circulaire est destinée à s’ancrer dans l’industrie automobile, par exemple.
Des marchés émergent déjà pour les batteries de véhicules déclassées qui ne peuvent plus remplir leur fonction première mais qui conviennent parfaitement pour le stockage énergétique dans les bâtiments. La durabilité et la transition énergétique, favorisées par les gouvernements via la réglementation mais aussi par les consommateurs via leurs préférences et par les marchés financiers via les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, vont remodeler le monde et les entreprises. Les changements à venir auront des impacts positifs pour le commerce et, par extension, sur l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur.

Ingénieur diplômé de l’INSA Lyon, Jean Miyeli a commencé sa carrière dans le développement commercial des hautes technologies chez Soitec. Puis ce furent huit années chez Schneider Electric, où il a, entre autres, exercé la responsabilité des grands comptes. En 2017, il s’occupe de la division solaire en Asie du Sud-Est. En 2021, il rejoint Eaton pour prendre le poste de Director of Strategy & Sustainability EMEA, avant d’être nommé Segment Director, Eaton Electrical, EMEA.