Gary Guillier-Marcellin - Sharp Nec

Gary Guillier-Marcellin, General Manager France de Sharp NEC Display Solutions Europe, Homme-orchestre de sa vie

Un manager qui s’apparente d’emblée à un camarade davantage qu’à un patron : voilà Gary Guillier-Marcellin, sérieux et joyeux, amical et spontané. Il émane de lui une parole sans démagogie, ce qui est rare et donc précieux.

Avr 2023
Par Pierre-Antoine Merlin

Dans l’exercice délicat du portrait, il existe deux cas de figure. Le premier est le plus facile à envisager. On est en présence d’une simple conversation, détendue, un peu longue, avec une personnalité que l’on connaît déjà, et que l’on apprécie. Les choses sont calées avant même d’avoir commencé. Bien assis dans son fauteuil, chaque protagoniste approfondit la relation, puis la livre, par petites touches, au lecteur. C’est, en somme, l’heure du thé dans un club anglais.

Le second cas de figure est plus complexe à aborder. Il s’agit de rencontrer une personne que l’on ne connaît pas, dans un espace-temps contraint, pour en tirer la substantifique moëlle intellectuelle, sans que nul ne se sente gêné. Autrement dit : il faut partir sur commande à la rencontre d’un inconnu, dans un lieu neutre, avec pour mission d’en faire, pourquoi pas, un échange spontané, agréable ? Et le transformer au fil des minutes qui défilent en entretien fructueux, mais plutôt dans le genre brève rencontre. L’exercice du portrait devient alors un speed dating moral.

C’est ce qui se passe ici, c’est une surprise d’autant plus heureuse qu’elle est imprévue. Gary Guillier-Marcellin préside depuis peu aux destinées de Sharp NEC pour la France. Il est de vif-argent, vit son existence en la truffant d’anecdotes quel que soit le sujet, bondit d’un thème à l’autre avec la grâce d’un adolescent. Son positionnement est celui d’un manager encore jeune, tout en séduction. Un homme d’action frotté au ludisme tous azimuts, prêt à partir dans toutes les directions, et au partage des curiosités les plus variées.

Dès la première phrase, l’interlocuteur est, pourquoi le nier, harponné par son charme mobile. « Je suis né en 1972, un dimanche, comme tous les paresseux. C’était à Neuilly-sur-Seine, où j’ai toujours vécu. C’est chez moi, je m’y sens bien. J’y ai fait mes études, au lycée Pasteur. études que j’ai complétées par un master en économie et finances obtenu à Paris- Est Créteil. Et puis, pendant que j’étais étudiant, j’ai travaillé en boîte de nuit dans le groupe de Régine, au Palace et au Privilège. »

Sont-ce les ondes émises par l’équipe du Splendid, elle aussi issue du lycée Pasteur, ou s’il s’agit simplement d’une disposition d’esprit tournée vers la comédie et le tournoiement permanent ? Un tel parcours est unique. Les lecteurs habituels de cette rubrique, ainsi que l’auteur de ses lignes, croisent rarement des portraitisés ayant fait leurs classes chez la reine de la nuit, par ailleurs interprète immortelle des Petits papiers, et de la nécessité paraît-il de les laisser voler – pour ne citer que cette œuvre avouable.

Gary Guillier-Marcellin - Sharp Nec

De Régine au management, en passant par l’armée

Mais ce n’est pas tout. Toujours dans ses années de formation, qui comprennent à la fois l’enfance et l’adolescence, Gary Guillier-Marcellin fait également du mannequinat. Il participe aussi à une vingtaine de spots TV (Finger et Treets, entre autres), mais également à des séances photos, à des défilés, et même à un film. Trace de cette jeunesse qui n’appartient pourtant pas à un mythomane : voyez plutôt l’un des spots publicitaires visibles sur le site de l’Ina¹. Après tant de papillonnages de haut niveau, il faut bientôt faire une fin, comme on disait autrefois. Et embrasser le choix d’une carrière. Car pour le moment, on est encore très loin de la chaîne de valeur.

C’est à l’armée, lors du Service national, que le jeune Gary ressent plusieurs intuitions qui lui seront fort utiles par la suite. L’envie d’être, de faire, de transmettre, de paraître, est déjà puissante chez lui. Elle ne fait que s’accentuer sans trouver d’incarnation,  quand un aspect particulier va l’aider avec détermination : le goût pour l’animation et la direction d’équipe. « Je me dis qu’il faut que je sois dans le management. Pendant tout le temps où je suis à l’armée, je me rends compte qu’il y a quelque chose à faire dans ce domaine. Cela tombe bien : après mon service, j’entre comme commercial dans la boîte d’informatique d’un ami. On lance alors un produit d’affichage dynamique, ce qui est très novateur pour l’époque. Tout de suite, je m’intéresse au produit, et surtout à son usage. Et je sens que l’affichage dynamique va marcher. »

C’est le cas dix ans plus tard, dès le début des années 2010, quand le digital signage devient une prestation de masse. Pour l’instant, il travaille sur les automates et les écrans bancaires, conçus pour aider les clients à comprendre comment ils peuvent s’en servir avec facilité et efficacité.

« Dans la boîte d’informatique d’un ami, on lance un produit d’affichage dynamique, et je sens que ça va marcher »

Gary Guillier-Marcellin - Sharp Nec

Le goût de transmettre

Car il existe, chez ce jeune homme, un aspect didactique, pédagogique, avec un vrai goût de la transmission. C’est ainsi que se cristallise l’essence de sa trajectoire professionnelle : l’innovation, l’usage, le management. Les trois fonctionnent en symbiose. Un triptyque magique, rehaussé par une bonne dose de chance et d’intuition.

En 2007, il entre chez Samsung, donc dans le saint des saints pour tout ce qui concerne l’affichage dynamique et l’écran d’une manière générale. Il en est conscient et apprécie ce débouché, qui ouvre sur tous les possibles, toutes les convergences entre l’IT, l’audiovisuel, les techniques et les usages. « Je suis dans mes starting blocks personnels. D’autant plus qu’il faut s’occuper aussi de l’intégration des multiples éléments, réaliser l’installation, sans oublier la partie conseil et services. Tout cela ne peut se bâtir dans la durée que dans la confiance, la confiance humaine, aussi bien avec les clients qu’avec mes équipes. » L’autoroute est tracée, la décision est prise : c’est la confiance qui prévaudra dans sa conception du management.

Plus il monte dans la hiérarchie, plus il prend des responsabilités, chez Samsung en particulier, plus ses talents se décantent et prennent de la consistance.

« J’entretiens une passion pour l’histoire. Il faut l’étudier, l’observer et la comprendre pour grandir. »

Fixer les objectifs, respecter le choix des moyens

« Je ne suis pas du tout un manager intrusif ou féru de contrôle. J’insiste : je fonde tout sur la confiance. Je fixe les objectifs. à chacun d’emprunter le chemin qu’il veut. Je prends note des avis ; j’aime faire participer le plus possible de gens à la décision. C’est bien pour la suite. »

Gary Guillier-Marcellin - Sharp Nec

Simultanément à cette expérience qui s’incrémente et se stratifie, Gary Guillier-Marcellin s’implique dans le marketing. Pour lui, cette pratique est liée à l’innovation, la communication, la technique et le business. « Il doit être aligné avec le commerce. » Muni de ce viatique aux multiples facettes, il réfléchit. « à l’approche de la cinquantaine, c’est le dernier grand virage. Le challenge est-il suffisant pour rester motivé ? Ai-je envie de créer quelque chose ? Changer d’univers ? C’est très compliqué en France. Et puis il se trouve que j’ai une nouvelle opportunité : Sharp NEC. à la tête de la France et de l’Afrique du Nord, je dois augmenter les parts de marché et faire de cette entité un acteur majeur. » Pas de doute, il a encore faim. Pourtant les défis, parfois complexes, l’attendent. Par exemple l’intégration des équipes venant d’entreprises à forte culture.

Comme il le fait remarquer, Sharp vient plutôt du print, contrairement à NEC. Et puis, il ne peut y exister de doublon, de zone de recouvrement. Ce qui peut entraîner des grincements dans les équipes. Il assume tout. Lui, prend les décisions, c’est une affaire entendue, mais ses propres chefs le couvrent-ils lors qu’il est amené à trancher ? « J’ai conscience que je relève un nouveau challenge. Une chose est sûre : mes patrons ont en moi une confiance absolue. » Et de marteler lentement cette dernière assertion, avec une gravité qu’on n’avait pas perçue jusqu’alors.

« Je prends note des points de vue, et j’aime faire participer le plus de gens possible à la décision. C’est bien pour la suite. »

« créer du lien »

Contrairement à nombre de ses pairs, qui ont souvent une idée assez claire de ce qui les attend, Gary (on a envie de l’appeler par son prénom) laisse venir les évènements. « Je ne me projette pas vraiment. Je veux déjà réussir ce challenge, et pour le reste, j’attendrai les opportunités. D’ailleurs si j’ai une envie, c’est de devenir empereur des Français, comme Napoléon. »

Gary Guillier-Marcellin - Sharp Nec

Au moment de se quitter, il confesse son goût pour l’épopée napoléonienne et pour l’histoire de France en général. Comme si comptait, dans un style différent du business mais tout aussi impérieux (ou impérial), une assise dans la tradition française. « Il est essentiel de créer du lien. Nous avons un passé commun et j’entretiens une passion pour l’histoire. Il faut l’étudier, l’observer et la comprendre pour grandir. »

Après avoir ouvert tant de tiroirs, vite refermés, dans la vie et l’œuvre de Gary Guillier-Marcellin, on aimerait tellement continuer la conversation. Las ! Le temps qui nous est imparti… Il faut quitter ce personnage multiple, divers et ondoyant, jusqu’à la prochaine fois. Quitte à éprouver la morsure du manque.

Repères

Gary Guillier-Marcellin a 50 ans. Il est marié et père de deux enfants.

Parcours (sélection)

1996 Master’s degree AES, université Paris-Est Créteil.
2000 Screeny Media, ingénieur commercial.
2005 Carlipa, responsable commercial ventes indirectes.
2006 Chez Samsung, Key Account Manager distribution AV,
2009 Directeur des ventes channel B2B et B2C,
2013 Head of  Display Division.
Depuis 2022 General Manager, Sharp NEC Display Solutions Europe GmbH.

J’aime…

Musique Les Beatles, Prince.
Littérature Ce qui tourne autour de l’Empire, jusqu’à Napoléon III.  
Cinéma Gabin, Belmondo, Delon et Ventura.
Lieu New York.
Gastronomie Le magret de canard, le dom-pérignon.
Passions Le football (fan du PSG), le padel-tennis, l’horlogerie.
Loisirs Les voyages.