Portrait de Jean-Marie Le Guen - SGI

“Les investisseurs manifestent un intérêt grandissant pour les grossistes”

Spécialisé dans l’économie industrielle, la veille concurrentielle et les enjeux numériques, Jean-Marie Le Guen évalue le rôle des grossistes sous la pandémie. Il diagnostique et pronostique l’optimisme.

Nov 2021
Jean-Marie Le Guen - Secrétaire Général du Syndicat des Grossistes Informatiques (SGI). Propos recueillis par Pierre-Antoine Merlin

Selon le baromètre Ficime-SGI, l’activité des grossistes a progressé de 2 % au premier semestre 2021, et devrait doubler au second. Pourquoi ?

À l’exception de la téléphonie mobile, l’ensemble de la catégorie Consumer a progressé : notamment la mobilité, à savoir les tablettes et PC portables, favorisés par les notebooks et les chromebooks. Il faut y ajouter les kits d’évolution PC, les accessoires pour gaming, comme les écouteurs et les casques, mais aussi les moniteurs. Sur la partie B2B, c’est la même chose. Les projets liés à l’équipement des entreprises dans le cadre du télétravail continuent d’être porteurs. C’est vrai pour les solutions clients, avec des progressions observées dans le networking, les logiciels de gestion des données et l’informatique à la demande.

« Nous travaillons fortement sur la responsabilité sociale et environnementale, un thème qui attire les jeunes »

Comment cette évolution se traduitelle dans la marche des affaires ?

On observe un intérêt grandissant des investisseurs pour les grossistes. À titre d’exemple, la capitalisation boursière des acteurs de cette industrie ne cesse de progresser. C’est une tendance de fond. Cela va continuer avec la diversification des sources d’approvisionnement, la variété des types de prestations et services proposés, etc.

Faut-il y voir un impact de la pandémie ?

Sans aucun doute. Le télétravail, le recours aux outils collaboratifs et la vente à distance provoquent une vague d’équipement majeure. À cela s’ajoute la prise en compte des grands enjeux qui ne s’exprimait pas aussi nettement. Je pense à la sécurité, exigence profondément mise en avant, aux télécoms et à l’infrastructure. Sans l’électronique, depuis un an et demi, il n’y aurait pas eu beaucoup d’activité économique… En somme, le curseur s’est déplacé vers le volume du fait des besoins en équipement. D’où un rééquilibrage entre volume et valeur à un niveau plus classique.

Comment expliquez-vous que certains éditeurs de logiciels aient recours aux grossistes ?

Il est vrai qu’on associe généralement les distributeurs à valeur ajoutée aux seuls équipements physiques. Mais les acteurs du numérique veulent de plus en plus de virtualisation, d’informatique à la demande, de tarification à l’usage. Pour parvenir à ce résultat, les acteurs de la chaîne de valeur, tout comme les utilisateurs, ont besoin d’équipements, de data centers, de matériels. Les offres ont donc tendance à devenir globales. On assiste à l’industrialisation du service. D’ailleurs, pratiquement chaque produit, chaque prestation s’accompagne du terme as a Service. Voilà un signe qui ne trompe pas. Un mot sur l’activité du Syndicat des grossistes informatiques.

Que pèse-t-il sur le marché français des grossistes, et quels projets envisage-t-il ?

Le SGI représente à peu près 80 % du marché des grossistes. Son objectif ne change pas : il s’agit d’aider nos adhérents à gagner du temps, de l’argent, et à progresser en efficacité. Chose peu connue et qui doit être signalée, le bureau du SGI est composé à 75 % de femmes, toutes dotées de fortes responsabilités dans leur vie professionnelle. L’un des sujets sur lesquels nous travaillons beaucoup est celui de la RSE (responsabilité sociale et environnementale). C’est un thème porteur pour aujourd’hui et demain, et d’une grande attractivité, notamment pour les jeunes.

Quelle est votre vision du numérique ?

Les technologies de l’information ont d’abord été considérées comme une industrie propre. Ensuite, on l’a accusée de beaucoup de maux, et fait passer pour quelque chose d’horrible. Là encore, on va recouvrer une certaine harmonie. Je suis persuadé qu’avec le numérique, et grâce aux techniques telles que la virtualisation, à l’arrivée, on gagne plus qu’on ne perd.

BIO EXPRESS
Depuis deux ans, Jean-Marie Le Guen joue le rôle de vigie au sein du Syndicat des grossistes informatiques. Curieux de tout, passionné d’économie plus pratique que théorique, son cursus passe par l’université d’Edimbourg et Sciences Po Rennes. Il amorce sa carrière comme consultant à NPA Conseil, puis entre à la Fédération française des télécoms, où il reste six ans dont quatre en tant que directeur délégué. Plutôt discret dans un milieu qui ne l’est guère, la personnalité de Jean-Marie Le Guen tranche avec bonheur.