Largo automatise son processus de reconditionnement
Le nantais Largo s’équipe de robots pour mettre les smartphones ur la sellette et doubler sa capacité de reconditionnement. Voilà qui profitera aussi à son offre professionnelle.
Avr 2022Par Frédéric Monflier, à Sainte-Luce-sur-Loire (Loire-Atlantique), photos Atypix et Largo
Le mobile reconditionné commence à peser lourd en France. Selon Kantar, le C.A. avoisinait 700 M€ en 2020, et le milliard est annoncé cette année. L’entreprise Largo, fondée en 2016 et qui emploie 80 salariés environ s’outille pour profiter de l’appel d’air : six robots viennent en renfort de dizaines de techniciens qui passent au crible les smartphones pour évaluer leur état de fonctionnement. Quelque 25 000 produits mobiles – dont 80 % de smartphones – seront reconditionnés et livrés chaque mois, ce qui correspond au quasidoublement du rythme de croisière. « Le temps moyen de reconditionnement, soit quarante-cinq minutes, est inchangé mais les robots sont opérationnels plus longtemps », souligne le P.-D.G. et cofondateur Christophe Brunot, un ancien de Point Service Mobile et de Virgin Mobile. Ils ont en plus l’avantage de produire des mesures objectives des sens du toucher, de la vue et de l’ouïe. L’automatisation gagnera ensuite le grading (évaluation de l’aspect), puis la préparation de commande et l’entreposage. Largo prévoit de moderniser son processus à hauteur de 2 M€, et augmenter de 300 m² la surface du site pour passer à 1 000 m².
« Les robots sont opérationnels plus longtemps »
Les fondateurs de Largo : (à g.) Frédéric Gandon, directeur général délégué, et Christophe Brunot, P.-D.G.
DÉJÀ LE MILLION POUR LE B2B
Premier reconditionneur coté en Bourse, Largo se donne les moyens de ses ambitions, envisageant un C.A. de 70 M€ en 2025, contre 17,6 M€ en 2021. Le cadre légal devrait valoriser cette activité considérée comme un vrai métier : depuis février 2022, un produit reconditionné est désigné comme tel s’il a subi des tests de ses fonctionnalités et des interventions pour les réparer, le cas échéant. Une distinction entre le smartphone reconditionné par un professionnel et le modèle d’occasion vendu « comme neuf » par un intermédiaire peu scrupuleux. D’autre part, la loi Agec (antigaspillage économie circulaire) de mars 2021, impose que les commandes publiques incluent au minimum 20 % de biens « issus du réemploi ou de la réutilisation ». Pour se saisir de l’opportunité, Largo, sans délaisser le B2C, se tourne vers les entreprises et les collectivités locales depuis fin 2020, comme l’illustre Largo Business ainsi structurée : vente éventuellement en indirect de terminaux garantis vingt-quatre mois (Econocom et des leasers sont mentionnés) ; reprise de parc ; offre opérateurs SFR Business et Coriolis Telecom ; et éventail de services (MDM, hotline, SAV premium, etc.) Le succès n’a pas tardé. Moins d’un an plus tard, Largo Business rapportait 1,1 M€ pour 6 000 appareils au moins. La part dans le C.A. devrait atteindre 15 % ces prochaines années. En effet, outre les obligations légales, le développement des politiques RSE et la sensibilisation des employés aux questions environnementales soufflent sur Largo, vent arrière.
Dans quelques mois, le smartphone sera livré avec un document faisant office de contrôle technique.