Portrait de Francois Bourzeix - Xerox

François Bourzeix – Président Xerox France, Belgique et Luxembourg – L’image de sa marque

Rare dans l’IT : la carrière de François Bourzeix s’est déroulée sous un unique étendard, celui de Xerox. Cette constance a favorisé son évolution en harmonie avec les mutations d’une marque des plus vénérables du numérique.

Mar 2022
Par Vincent Verhaeghe

Parmi les étapes préalables aux interviews-portraits que nous réalisons dans l’E.D.I, celle de la consultation du profil LinkedIn du portraitisé fait partie des rituels incontournables. Sorte de C.V. numérique, il contient souvent les informations pertinentes qui retracent un parcours et dessinent les contours d’une personnalité. La page de François Bourzeix est singulière : elle fait état d’une unique entreprise, Xerox. Il y entre en octobre 1993 comme responsable commercial, après avoir décroché son diplôme à l’ESLSCA à Paris, jusqu’à en devenir le président pour la France, la Belgique et le Luxembourg en avril 2021. Une trajectoire rectiligne et sans aspérités, si on se contente d’une simple vision macroscopique, mais qui met pourtant en relief aussi bien les évolutions de l’homme que celles de sa société. Car au fil de l’entretien, on se rend compte que dresser le portrait de François Bourzeix, c’est aussi en grande partie dessiner celui de Xerox. « J’ai occupé quatorze fonctions en vingthuit ans chez Xerox. À ce rythme, je n’ai jamais eu l’occasion de tomber dans la routine… Qui plus est, dans une entreprise qui ne cesse de se réinventer », souligne François Bourzeix. La marque en elle-même, il ne la connaît pas plus qu’une autre quand il y entame son parcours professionnel. Il choisit Xerox avant tout parce que son frère aîné y travaille et a valeur d’exemple à ses yeux. « Au début de ma carrière, je n’avais pas d’affinité particulière avec la technologie, j’étais davantage attiré par la vente, ses challenges et le contact humain ». Les premières années se passent à Nancy où il fait ses armes en tant que commercial, et découvre les arcanes de Xerox, « une entreprise exigeante mais qui sait récompenser l’investissement de ses collaborateurs : ici, vous êtes acteur de votre propre développement, et on vous donne les moyens », explique-t-il en établissant le parallèle entre cette démarche professionnelle et celle d’un athlète de haut niveau. Lui-même est un sportif accompli, et s’adonne aussi bien à la course à pied qu’à l’équitation.

Portrait de Francois Bourzeix - Xerox

« L’innovation, les services financiers, le logiciel : voilà les trois vecteurs de notre développement »

TECHNOPHILE PAR LA FORCE DES CHOSES

Pour ceux qui aiment la technologie, Xerox est une source inépuisable de découvertes. Alors que là n’était pas sa préoccupation première, on comprend au fil de la discussion que l’innovation, inscrite dans les gènes de cette société plus que centenaire, déteint sur François Bourzeix. Car si elle est surtout connue pour son empreinte dans le monde de l’impression,¹ ses chercheurs sont aussi à l’origine d’avancées majeures dans l’informatique moderne telles la souris ou l’interface graphique. D’ailleurs, c’est en visitant le PARC, le centre de recherche de Xerox, fondé il y a plus d’un demi-siècle à Palo Alto, que Steve Jobs imagine les premiers ordinateurs Apple. « La capacité à innover est un marqueur fort de Xerox, et le PARC a joué un rôle d’incubateur. Toutes nos innovations n’ont pas fait l’objet d’une exploitation commerciale, nous sommes plutôt restés sur le print et son environnement, en créant une véritable industrie. Mais les choses évoluent. Même s’il reste financièrement très profitable pour nous, le marché du print se contracte et nous adressons, depuis trois ans, de nouveaux domaines qui contribuent à la transformation des entreprises. » Et son enthousiasme de voir sa marque évoluer et s’orienter vers d’autres secteurs est éloquent.

Portrait de Francois Bourzeix - Xerox

« Nos décisions sont fondées sur ce que nous représentons en tant que société, mais aussi en tant qu’individus »

LE PRINT SE RÉINVENTE

Exemple : François Bourzeix évoque l’impression 3D, mais souligne que l’approche de Xerox diffère totalement de celle de ses concurrents, car elle utilise une technologie à base de fils de métal qui offre de nombreux avantages par rapport aux polymères généralement employés. Il cite, parmi les innovations, tout ce qui touche à l’Internet des objets dans l’industrie (IIoT) où la marque profite déjà de son expérience en matière de capteurs, dont sont bardés ses produits. Et la R&D s’étend au domaine crucial de l’énergie. Exemples : l’extraction de l’hydrogène de l’eau, ou la batterie dont les électrodes optimisent le rendement. « Je suis bluffé par ce que Xerox développe. Mais l’innovation n’en est que l’un des trois vecteurs ; les deux autres sont les services financiers proposés au-delà du print, et le software, une activité en plein essor. » Dans ce dernier domaine, la marque s’est trop souvent contentée de n’intégrer qu’une partie logicielle à ses solutions d’impression, alors que les possibilités de développement vont bien plus loin, aux dires du dirigeant. Et Xerox s’ouvre à des secteurs comme la cybersécurité ou même la réalité augmentée comme en témoigne l’acquisition de l’éditeur CareAR. Bien sûr, François Bourzeix n’oublie pas que le coeur de métier de Xerox reste l’impression. Il arrive à la direction de la filiale française alors que les cartes son rebattues par l’essor du télétravail. « L’usage du print chez nos clients change radicalement. Là aussi nous avons su nous réinventer, comme l’indique, depuis 2020, l’essor de notre part de marché sur les A4 commercialisés auprès des entreprises adoptant le flex office. » Et puisqu’il a dirigé les canaux indirects de Xerox, François Bourzeix connaît les aléas de ses partenaires. Depuis le début de la crise de la Covid-19, il accélère la formation et la montée en compétences des concessionnaires et revendeurs Xerox. « Les rapports avec les partenaires ne sont pas ceux entretenus avec les clients finaux ; vis-à-vis du channel, les moments difficiles révèlent la solidité de notre partenariat, et ma priorité est de ne laisser personne sur le bord du chemin pendant cette période anxiogène. Nous nous sommes aussi appuyés sur des PME et des ETI qui ont tiré nos résultats vers le haut. Nos partenaires entretenant des relations étroites avec cette cible privilégiée », souligne François Bourzeix. Un réseau qui profite aussi de la supply chain très efficace de Xerox, la marque n’ayant été que très peu touchée par la pénurie ou les difficultés d’approvisionnement.

Portrait de Francois Bourzeix - Xerox

« L’économie circulaire existe chez Xerox depuis la fin des années 1960 où sont créées les usines de recyclage »

LA RSE, ÉLÉMENT CLÉ DE SA GOUVERNANCE

L’empathie et la solidarité naturelles de François Bourzeix envers les partenaires se manifestent aussi dans la gestion des ressources internes. La responsabilité sociétale et environnementale est l’un des éléments clés de sa gouvernance – une gageure alors que le print a plutôt mauvaise réputation en matière d’écoresponsabilité. La RSE trouve là aussi écho à la posture sociétale dont Xerox peut s’enorgueillir depuis des lustres. Pourquoi cela ? Parce que l’entreprise est l’une des pionnières dans ce domaine, et que trente années marquent forcément l’un de ses collaborateurs les plus fidèles. « L’économie circulaire existe chez Xerox depuis la fin des années 1960, lorsque la marque met en place ses premières usines de recyclage. Au même niveau que l’innovation, la RSE est inscrite dans nos gènes, et toutes les décisions que nous prenons tirent leurs fondements de ce que nous représentons en tant que société, mais aussi en tant qu’individus. » C’est aussi à cette période que Joseph C. Wilson, CEO de Xerox, insuffle dans sa stratégie des règles de diversité et de parité, pour le moins iconoclastes dans l’Amérique d’alors. « Cette Wilson Rule a été adoptée par toutes les entités de la marque de façon homogène. L’impulsion donnée localement par le siège américain est implémentée globalement », souligne François Bourzeix. Et ce dernier d’insister sur l’implication de tous ses collaborateurs à cette politique RSE très volontariste, en évitant de la convertir en argument de vente ou en levier marketing. « L’objectif est de faire progresser l’entreprise dans toutes ses dimensions, et les progrès réalisés depuis trois ans sont substantiels. » Et l’ambition est élevée : zéro carbone dès 2030. Il apprécie aussi que l’organisation de Xerox, autrefois stratifiée et rigide, lui laisse de la latitude. La marche forcée vers le télétravail l’incite aussi à prendre en considération le bien-être au travail de façon proactive. Exemples : il mise sur les employee resource groups constitués de collaborateurs engagés en faveur d’une cause ou d’une problématique commune ; ou sur United Heroes, une application communautaire qui touche au sport en entreprise. Des initiatives qui en amèneront sans aucun doute beaucoup d’autres, car François Bourzeix n’a sans doute pas fini de marquer Xerox de son empreinte… et réciproquement.

REPÈRES
François Bourzeix a 53 ans, il est marié et père de deux filles
PARCOURS (SÉLECTION)
1991 Diplômé de l’ESLSCA Business School Paris (affaires internationales)
Chez Xerox
1993 Responsable commercial à Nancy
2006 Directeur administratif clients finaux à Paris
2008 Directeur commercial
2012 Directeur général Europe
2014 VP stratégie channel et opérationnel
2017 VP opérations et transformation EMEA
2018 Directeur des canaux indirects
De puis avril 2021 Président France, Belgique et Luxembourg

Portrait de Francois Bourzeix - Xerox

J’AIME
MUSIQUE De Bob Dylan à Pink Floyd, de Francis Cabrel à la nouvelle scène française. Et le jazz, une culture transmise par mon père, et que je veux partager avec mes filles.
LITTÉRATURE Stephen Hawkins, Max Gallo et les épopées napoléoniennes, Laurent Alexandre.
CINÉMA Tous les classiques de Sergio Leone, mais aussi « Le Seigneur des anneaux ».
LIEUX La Bourgogne dont je suis originaire, la Bretagne, la Bolivie.
PASSIONS, LOISIRS Les voyages, l’équitation, la course à pied, le ski.