Portrait de Fabrice Berthelot

Fabrice Berthelot – Regional Director, Poly France : Un individualiste qui la joue collectif

Son style renseigne sur sa méthode de management. Plutôt discret de nature, Fabrice Berthelot est un adepte du travail en équipe. Ce grand sportif fait preuve d’humilité en parlant plus des autres que de lui.

Fév 2020
Texte Thierry Bienfait, photos Jim Wallace
Repères

Fabrice Berthelot a 50 ans.

FORMATION
1990 : Business Administration (Santa Monica College)
1991 : ICD International Business School IGS Paris
2008 : Master Marketing & Management (ESSEC)
2017 : Leadership & Coaching Program (Stanford)

PARCOURS
1992
: Channel Sales & Marketing manager chez Yamaha France
2000 à 2015, chez Plantronics : Corporate Sales Manager, puis, en EMEA, de nombreux postes de direction commerciale.
2019 : Regional Director France de Poly

J’AIME…

Loisirs : Le tennis en compétition, la randonnée en montagne et lessports mécaniques.
Films : Les westernset la science-fction.
Musique :  Rock.
Acteurs : John Wayne.
Littérature : Les essais d’économie, de management, etc.
Lieux : La Bretagne et la montagne.

“J’ai hérité d’un caractère bien trempé”. Venu d’une personnalité aussi réservée que Fabrice Berthelot, voilà qui désarçonne. Même s’il a accepté courtoisement cet entretien dans ses bureaux de la Défense, se laissera-t-il aller à des confidences sur sa vie privée ? L’homme reconnaît ne pas être vraiment à l’aise dans ce genre d’exercice. Toutefois, le visage se détend lorsqu’il commence à se dévoiler en évoquant son enfance : « Jusqu’à l’âge de 7 ans, j ’ai vécu en Isère, où mon père dirigeait des centres de vacances. » De cette période, il garde un fort attrait pour la montagne et la neige. Très vite, la famille Berthelot s’installe en région parisienne, dans le Val-d’Oise. Un choc : « Tout m’y apparaissait gris et sans relief. » C’est là que le jeune Fabrice Berthelot suivra ses études. Il est d’abord tenté par une profession en rapport avec l’écologie, et envisage même une carrière de garde forestier. Ses parents l’en dissuadent : « Hors de question ! Ce n’est pas un métier… » Il renonce et opte finalement pour l’économie. Une matière qui, à ses yeux, donne un éclairage passionnant sur le fonctionnement de nos sociétés.

Portrait de Fabrice Berthelot
Portrait de Fabrice Berthelot

Le bac en poche, il s’oriente ensuite vers l’ICD, attiré notamment par les périodes d’expatriation à l’étranger que cette école de commerce propose à ses étudiants. Celle-ci l’enverra pendant un semestre au Santa Monica College (Californie), d’où il sortira diplômé. Une expérience qui marque son esprit. « La Californie est alors un rêve éveillé, avec de magnifiques voitures de sport, des demeures somptueuses… sans parler du mythique Hollywood », se remémore Fabrice Berthelot. Le charme opère, et la culture américaine enrichie d’une vision du futur et de dynamisme resteront gravés dans sa mémoire. Huit mois après, doté d’une connaissance des États-Unis qui allait se révéler plus tard un précieux atout, il rentre en France pour terminer son cursus. Les décors mirifiques de la Californie cèdent la place à la recherche d’un petit boulot qui finance ses dernières années à l’ICD. Ce sera chez Auchan, comme chef de rayon. Un poste extrêmement formateur : « Outre le chiffre d’affaires à atteindre, l’aspect humain y était très important, pour gérer les approvisionnements, les achats, les stocks, etc. » Il y fait si bien ses preuves qu’une carrière dans le groupe s’offre à lui. Mais il perçoit la bascule qui s’opère dans l’économie où les technologies et l’électronique l’attirent. Au début des années 1990, une opportunité se présente chez le fabricant d’instruments de musique Yamaha. Une société alors en plein développement, pionnière dans les graveurs de CD-Rom. Fabrice Berthelot sait ce qu’il aime et s’engage donc dans cette aventure. Il passera huit ans dans cette société japonaise, occupant successivement des postes dans la vente et le marketing. Il en appréciera avant tout la stratégie produits axée sur le développement d’avancées technologiques. Toutefois, la méthode de management chez Yamaha, à ce moment-là, n’en fait pas la société la plus « cool », selon lui. Estimant en avoir fait le tour, Fabrice Berthelot approche la trentaine dans les années 2000 et s’estime prêt à relever un autre challenge. « Nous étions en pleine folie Internet, se souvient-il. Une petite annonce passée par une société inconnue, Plantronics, retient mon attention. » La nationalité américaine de cette compagnie le convainc de postuler, même s’il ne s’agit encore que d’une startup à la part de marché quasi nulle, et dont l’effectif se limite à trois personnes en France.

« Dans une fusion d’entreprises comme dans une famille recomposée, laisser coexister les valeurs et les habitudes des uns et des autres »

Portrait de Fabrice Berthelot
Portrait de Fabrice Berthelot

Néanmoins, Plantronics est un fournisseur qui brille par sa capacité d’innovation, dans les casques ou les oreillettes Bluetooth, par exemple. Très vite, les succès sont là. La société affiche une croissance continue durant plus de vingt ans. Pour y parvenir, Fabrice Berthelot devra d’abord développer le marché français, avant d’accéder à des fonctions de management des global accounts pour la zone EMEA, puis, au final, de prendre en charge la filiale française de Plantronics, devenu Poly après le rapprochement avec Polycom en 2019. Le secret de sa réussite ? L’homme se consacre davantage à la construction et au développement qu’à la gestion des projets.

Portrait de Fabrice Berthelot
Portrait de Fabrice Berthelot

C’est en détectant le potentiel de technologies nouvelles qu’il puise sa principale motivation. Et pour mettre en œuvre sa stratégie avec ses collaborateurs, le dirigeant s’inspire du traité de management Drive de Daniel Pink, auquel il se réfère régulièrement. « Des objectifs clairement identifiés, les compétences requises pour les atteindre et une bonne dose d’autonomie accordée aux personnes constituent les principaux ingrédients pour que réussisse l’alchimie d’un travail d’équipe », raconte-t-il. Fort de ces principes, Fabrice Berthelot définit le rôle d’un manager comme celui d’un coach qui aide ses équipes à réaliser leurs missions, consacrant volontiers du temps à transmettre son expérience. Des principes de management qu’il applique plus que jamais depuis le mariage de Plantronics et Polycom, deux sociétés qui diffèrent non seulement par leur spécialité respective (audio et vidéo), mais aussi par leur culture d’entreprise. Ce père de famille recomposée y voit d’ailleurs des similitudes avec sa vie privée : « Il s’agit là aussi de gérer la façon de vivre de deux noyaux qui la composent, confie-t-il. Dans une fusion d’entreprises comme dans une famille recomposée, la meilleure chance de succès consiste à laisser coexister les valeurs et les habitudes des uns et des autres. Cela conduit à une culture commune où chacun a sa place. »

Portrait de Fabrice Berthelot
Portrait de Fabrice Berthelot

« Une équipe composée de collaborateurs fiers de ce qu’ils accomplissent et qui prennent du plaisir dans leur travail »

Du point de vue professionnel, Fabrice Berthelot est un compétiteur très actif, en termes de conquête de parts de marché. Ses victoires, il les remporte également sur les courts de tennis – c’est un joueur classé.

Portrait de Fabrice Berthelot
Portrait de Fabrice Berthelot

« Le tennis est pour moi tout autant une passion qu’un exutoire. Si je ne le pratiquais pas, je deviendrais fou, explique-t-il. Mon rêve serait de devenir le Roger Federer des communications unifiées. Reproduire dans ce business sa science du beau geste, qui donne l’impression que tout est facile », ajoute-t-il. Bien qu’amoureux d’un sport individuel, le patron de Poly France, à la tête d’une quarantaine de personnes, n’aime rien tant que le jeu collectif. Sa plus grande satisfaction est d’avoir monté une équipe de collaborateurs « fiers de ce qu’ils accomplissent et qui prennent du plaisir dans leur travail ».