5G en France

5G, la norme qui valait 3 milliards

Les enchères de la 5G ont rapporté à l’État près de 2,8 Mds d’euros. Fréquences en poche, les opérateurs vont étendre leur couverture et leurs services sur tout le territoire au cours des prochaines années.

Déc 2020
Par Benoît Huet

Près de 2,8 Mds € auront donc été investis par les opérateurs dans le cadre des enchères de la 5G. Rappelons que cette adjudication menée par l’Arcep concernait la bande 3,5 GHz (fréquences 3,4 GHz à 3,8 GHz). Onze blocs de 10 MHz ont donc été attribués. Dans le détail (tableau ci-dessous), Orange s’arroge le plus gros morceau (90 MHz) en engageant 854 M€. Avec un spectre de 257 MHz de fréquences au total sur le marché, l’opérateur historique renforce ainsi sa position de numéro un. Il est suivi de SFR avec 728 M€ qui disposera de 244,6 MHz. Bouygues Telecom et Free Mobile obtiennent tous les deux un bouquet de 70 MHz pour un montant total de 602 M€. Dans un communiqué, la firme boulonnaise observe que ces tarifs sont similaires à ceux observés ailleurs en Europe, un point que partagent d’ailleurs les trois autres candidats.

CAHIER DES CHARGES

En contrepartie de ces attributions, des obligations sont, bien sûr, fixées par l’Arcep et le gouvernement. Ainsi, le cahier des charges prévoit, pour les années à venir, des déploiements de 3 000 sites en 2022, 8 000 en 2024 et 10 500 en 2025 ; la totalité de ces sites devront fournir un service de type 5G qui s’appuiera sur les fréquences de la bande 3,4 GHz à 3,8 GHz, ou autres. À noter que 25 % des sites devront être installés dans des zones de faible densité, et sur celles des territoires d’industrie. En termes de débit, au moins 75 % des sites devront bénéficier, dès 2022, d’un flux égal ou supérieur à 240 Mbps sur chaque localisation. Au minimum, 90 % d’entre eux devront exploiter un débit de 240 Mbps ou plus, d’ici à fin 2025, et 100 % en 2030. De même, pour répondre à des usages spécifiques à l’aide d’offres sur mesure, l’Arcep demande aux opérateurs d’activer les fonctions les plus innovantes comme le slicing¹, d’ici à 2023. Enfin, pour accélérer la transition vers IPv6, l’Arcep impose aux réseaux mobiles d’être compatibles avec celui-ci. Enfin, des options figurent au cahier des charges, comme la couverture à l’intérieur des bâtiments, la mise à disposition de fréquences à des acteurs économiques, des offres d’accès fixes, la transparence des opérateurs sur les pannes, notamment, et sur l’accueil des MVNO en 5G.

¹ Slicing : découpage du réseau en plusieurs tranches.

DES MÉGAMILLIONS POUR LES MÉGAHERTZ

tableau fréquences 5G par operateur

Suivi de près par SFR, Orange engage 854 M€ pour 90 MHz de fréquences, et renforce ainsi son leadership. Ex aequo sur la troisième marche du podium, Bouygues Telecom et Free Mobile ne sont pas si loin. Les quatre opérateurs estiment que les 2,7 Mds € sont équivalents aux prix observés en Europe.

ENTRE CRAINTES ET OPPORTUNITÉS
Si les premiers services 5G devraient être lancés d’ici à la fin de l’année, les Français restent partagés entre opportunités de business et inquiétudes sanitaires. Selon l’étude Odoxa – Oracle, 39% des Français estiment que la France doit mettre en place la 5G au plus tôt pour améliorer l’IoT, et renforcer la place des appareils connectés. À l’opposé, plus d’un Français sur deux estime que la mise en place ne devra se faire qu’après une étude sanitaire et environnementale poussée. Car les élus écologistes réclament un moratoire sur la 5G. De plus, 74% des Français craignent l’utilisation malveillante ou le piratage des données personnelles.