Pascal Rosenthal - Xefi

Sacha Rosenthal P.-D.G. du groupe Xefi – En toute franchise

Sacha Rosenthal a le sens de la formule, mais son discours est toujours franc et va droit au but. Pas de rhétorique ni de langue de bois, ce triathlète accompli vit et gère son entreprise comme il nage, pédale et court.

Juil 2023
Par Vincent Verhaeghe

Avant même de lancer l’enregistrement de l’interview de Sacha Rosenthal, nous apprenons en moins d’une minute qu’il termine sa séance de cours d’anglais, qu’il vient d’acheter un supercalculateur, et qu’il a couru 18 km ce matin-là. Autant dire qu’il faut être armé physiquement et psychologiquement pour suivre le rythme effréné du patron de Xefi.

La première fois que nous l’avons interviewé, c’était en 2016. Une année charnière pour lui et son entreprise car CFI – la raison sociale de l’époque – venait d’être renommée pour développer l’aventure rare en France de la franchise de prestataires informatiques. Sept ans plus tard, les locaux ont été agrandis et entièrement réaménagés – en attendant la sortie de terre d’un nouveau siège social prévu au début 2025, moyennant un investissement de 80 M€.

Le nombre de collaborateurs a décuplé, et le chiffre d’affaires doit s’écrire avec neuf chiffres. La seule chose qui n’a pas changé, c’est Sacha Rosenthal ; le chef d’orchestre de cette hypercroissance continue et dont l’histoire est intriquée à celle de son groupe. à l’origine et depuis l’adolescence, une passion pour les nouvelles technologies l’anime. Déscolarisé en classe de troisième, il travaille dès ses 15 ans en aidant et dépannant les early-adopters, souvent démunis sur le plan technique, des tout premiers PC et Apple II. « Et dès que je gagnais un peu d’argent, j’en mettais de côté pour acheter enfin mon propre ordinateur », se remémore-t-il.

Pascal Rosenthal - Xefi

Montage, dépannage et même développement, il veut connaître et maîtriser tous les arcanes qui se cachent derrière ces mystérieux boîtiers gris. « Mon rêve a toujours été de devenir ingénieur informaticien, et même si ça n’était pas possible en suivant le chemin classique des études, je savais que mon métier serait lié à l’informatique. C’était mon truc, et je l’ai combiné à l’autre activité pour laquelle j’étais fait, même si je l’ai découverte plus tard : l’entreprenariat. »

Sacha Rosenthal n’a en effet pas pour habitude de faire d’un rêve une chimère, et met au contraire tout en œuvre pour le concrétiser. Ainsi, au milieu des années 1995, il s’installe à son compte, met ses compétences IT à disposition des petites entreprises et des particuliers, et bâtit un service de maintenance et de vente de matériel. Là encore, il économise de quoi constituer le capital de sa société : CFI. Il embauche des collaborateurs selon une méthode très personnelle. Exemple : après avoir dépanné plusieurs fois l’ordinateur d’un de ses clients tourneur-fraiseur, Manuel de Macedo, il lui propose de prendre le poste de directeur technique de CFI, alors que ce dernier n’y connaît rien en informatique. « Et ça a fonctionné, à tel point qu’il est en poste depuis vingt-cinq ans. Son frère nous a rapidement rejoint, et son propre fils vient d’entrer chez Xefi ! »

« Ce qui m’anime, c’est l’ambition, pas au sens de la réussite à tout prix, mais plutôt de la volonté de se fixer des défis parfois très risqués et de les surmonter »

Un défi aux lois de l’embauche, mais qui est raconté avec un tel naturel par Sacha qu’on en vient à trouver iconoclaste de passer par Indeed ou LinkedIn pour dénicher une compétence… CFI regroupe rapidement une vingtaine d’employés, dont l’épouse de Sacha, mais ce n’est que l’échauffement pour celui qui double son activité d’entrepreneur avec celle d’athlète de haut niveau avec une prédilection pour le triathlon.

Selon une stratégie claire éprouvée depuis près de trente ans : le réinvestissement. « Ce n’est pas pour l’argent que je fais ce métier ; je pourrais être millionnaire mais ça ne m’intéresse pas. Quand nous avions vingt employés au début des années 2000 alors que nous avions atteint 3 M€ de C.A., j’étais gratifié de la rémunération la plus faible. Et ma femme et moi vivions dans un studio. Depuis que l’entreprise a été créée, 98,4 % des profits ont été réinvestis car c’est comme ça qu’on avance. Faire beau, faire grand, faire bien », résume-t-il.

Pascal Rosenthal - Xefi

La mesure de l’ambition

Un élément se démarque quand on écoute Sacha Rosenthal raconter son histoire, il ne semble jamais empreint du moindre doute. « Partout où je vais, j’entreprends, et quand j’entreprends, ça marche ! Je n’aime pas vraiment le mot succès, car il sous-entend l’achèvement. Mais je ne suis pas non plus de ceux qui estiment qu’un échec est un moyen d’apprendre et de progresser. Ce qui m’anime, c’est l’ambition, pas au sens de la réussite à tout prix, mais plutôt de la volonté de se fixer des objectifs et des défis parfois très risqués et de les surmonter. »

Des propos qui, comme souvent chez lui, sont aussi bien applicables à ses actions envers Xefi qu’à ses performances en triathlon. Des risques, il est vrai qu’il en prend régulièrement comme si c’était aussi un moteur pour avancer. C’est le cas en 2013 quand il lance Nexeren, sa filiale de data centers, ou en 2016 quand il transforme CFI en Xefi pour se lancer dans la franchise.

« Ouvrir des data centers, c’est, en termes d’investissement, faire un pari en mettant toute l’entreprise sur la table. Pour autant, cela ne signifie pas que je vais m’arrêter là. Nous comptons cinq data centers mais l’objectif est de passer rapidement à 20, ce qui, là encore, représente un très gros risque. » Et courir plusieurs lièvres à la fois ne lui fait pas peur, même si c’est du très gros gibier.

Outre les data centers, les franchisés – plus de 160 en France, mais aussi à l’étranger avec des représentants de la marque en Belgique, en Suisse et bientôt en Espagne ­– continuent d’alimenter le réseau Xefi.

« Depuis la création de Xefi, 98,4 % des profits ont été réinvestis car c’est comme ça qu’on avance. Faire beau, faire grand, faire bien »

Pascal Rosenthal - Xefi

Le nouveau siège de 17 500 m², la Cité de l’IT, verra le jour début 2025, et une équipe de 150 personnes travaille à la digitalisation totale du groupe pour le bénéfice de ses employés. Et si Sacha Rosenthal a appris à faire confiance à des collaborateurs qui le suivent souvent depuis plusieurs décennies, il est toujours aux manettes et participe directement à la plupart des projets. « Ma passion pour l’IT n’a pas disparu, et quand on développe des data centers, je m’intéresse aussi aux infrastructures qui y seront installées.

Quand de nouveaux franchisés sont en passe de nous rejoindre, je rencontre les dirigeants et leur explique moi-même notre stratégie. » Avec, là encore, une façon d’aborder les choses qui ne laisse pas la place à l’incertitude : « Je ne négocie pas, j’informe », assène-t-il avec un sens de la formule que n’aurait pas renié Michel Audiard. « Quand nous signons avec un franchisé, il doit adapter tout son business model à notre stratégie. Et en général, il s’en félicite. Nous avons signé des franchisés qui vivotaient – parfois au bord du dépôt de bilan. En quelques années, leur chiffre d’affaires a été multiplié par 10 voire davantage. »

Et ce n’est pas un effet de manche : Sacha Rosenthal a beau être le patron de 1 000 collaborateurs environ (sans compter les franchisés), il évoque par son prénom le technicien de l’enseigne de Brive-la-Gaillarde comme si c’était un ami de longue date. On perçoit ainsi derrière le patron inflexible et déterminé un homme bienveillant animé par la vocation de la transmission.

« Je n’oblige personne à accomplir des activités physiques au sein de Xefi, mais ceux qui souhaitent s’y donner sont à la bonne adresse ! »

Mission transmission

« 20 % de la bande passante de Sacha concerne des actions extérieures au groupe », résume simplement Pierre Guillermet, directeur marketing et communication de Xefi qui accompagne son président depuis une douzaine d’années. Ce sont notamment les jeunes pousses qui profitent les premières de son expérience, avec la mise en place d’un incubateur qui épaule une quarantaine d’entre elles. Il donne également de son temps pour coacher des entrepreneurs et les guider avec la même passion qui l’anime pour façonner son entreprise. Dans ce domaine, et cela ne surprendra personne, le sport tient une place prépondérante.

« Je n’oblige personne à faire des activités physiques au sein de Xefi, mais ceux qui souhaitent s’y adonner sont à la bonne adresse ! » Salle dédiée entièrement équipée, coaches à disposition, organisations d’épreuves et même un programme Santé & Sport ouvert à tous les collaborateurs depuis 2012 : Sacha Rosenthal est un adepte du mens sana in corpore sano.

En outre, il considère que le bien-être au travail est un des devoirs de base de la gestion des ressources humaines. Un concept qu’il applique d’autant mieux qu’il ne veut pas céder à la vague du travail à distance. « Notre entité et notre culture d’entreprise ne sont tout simplement pas adaptées au télétravail. Sur ce point, je considère que tout ce que la loi n’interdit pas est autorisé », dit-il en souriant. Les collaborateurs de Xefi semblent en tout cas parfaitement s’en satisfaire.

A 52 ans et après vingt-sept années à construire son groupe, Sacha Rosenthal semble au début d’une aventure, à chaque fois qu’on l’interviewe : décarboner à 100 % l’entreprise ; atteindre 500 M€ de C.A. ; compter 250 franchisés…

Voilà qui s’interprète chez le patron de Xefi comme des étapes à franchir et sans ligne d’arrivée finale.

Pascal Rosenthal - Xefi

Repères

Sacha Rosenthal a 52 ans et est marié à Agnès, sa compagne depuis trente-quatre ans et collaboratrice depuis vingt-six ans. Ensemble ils ont deux enfants, Emma, 21 ans, qui a rejoint Xefi, et Anton, 14 ans.

Parcours (Sélection)

1995 Technicien informatique indépendant
1997 Création de CFI, assembleur informatique
2003 Lancement du concept d’agences de proximité
2013 Il lance Nexeren, filiale dédiée aux data centers
2016 Il renomme CFI en Xefi et formalise le modèle de la franchise
2025 Ouverture du nouveau siège, la Cité de l’IT et objectif d’atteindre 500 M€ de C.A.

J’AIME…

Cinéma et littérature J’apprécie mais ce ne sont pas des passions.
Musique U2, de la pop et bien d’autres choses.
Loisirs Le sport et les vacances très cool.
Passions Le sport encore ! Mais aussi les nouvelles technologies et l’entreprenariat.