Siège social de Jiliti

Jiliti une agilité déployée sur le long terme

Jiliti, rejeton de Thomson, puis d’Econocom, se distingue par l’intégration de solutions d’infrastructure modernes et la maintenance d’équipements anciens voire très anciens. Cette stratégie tous azimuts forme un cercle vertueux naturel.

Mar 2023
Par Vincent Verhaeghe

Adresser la modernisation digitale des entreprises, tout en prenant en charge la maintenance opérationnelle d’infrastructures antédiluviennes : tel est le positionnement aussi large qu’original de Jiliti, une ESN française dont l’histoire sublime aussi l’ancien et le moderne.

L’entreprise n’existe sous le nom de Jiliti que depuis juillet 2020, mais sa genèse remonte bien au-delà. Avec un début plutôt chaotique, la première entité à l’origine de Jiliti étant Thomainfor, filiale lancée par Thomson CSF dans les années 1980 pour proposer des services de maintenance informatique. Victime collatérale de la privatisation de Thomson, l’entité en faillite est reprise en 1998 par le financier Walter Butler qui, pour se débarrasser de l’image désastreuse laissée par Thomson, la renomme Osiatis. « C’était alors une ESN plutôt traditionnelle qui réalisait l’ensemble des services classiques aux entreprises, y compris la maintenance. Pour leurs interventions, ils utilisaient une flotte de véhicules violets très flashy qui a marqué les esprits », évoque Stéphane Hascoët, CEO de Jiliti, et ancien directeur général d’Econocom Business Continuity jusqu’en 2018.

Il évoque que trois ans plus tôt, Econocom rachète Osiatis pour la fusionner avec son entité ECS dédiée à la maintenance. En résulte la création d’Econocom Business Continuity, une structure qui sortira du giron d’Econocom en 2020 pour devenir indépendante sous le nom de Jiliti. Bien qu’elle réalise un C.A. d’environ 80 M€, la branche Services n’est pas stratégique aux yeux d’Econocom dont le C.A. dépasse 3 Mds €.

« Nouveau nom, nouveau logo, le premier objectif avec Jiliti est de constituer un groupe autonome, leader historique français de la gestion des infrastructures, pour le transformer en un acteur d’envergure européenne puis mondiale. C’est le projet que j’ai présenté au fonds d’investissement français Chequers Capital qui nous accompagne », explique Stéphane Hascoët.

Baies modernes et ancienne chez Jiliti

Avec des débuts plutôt prometteurs. Jiliti opère en France mais également en Autriche et en Italie, et affiche pour 2022 un C.A. de 96 M€. L’ESN dispose même d’un bureau aux états-Unis pour assurer des prestations auprès d’un client unique dont le nom ne nous a pas été révélé. Avant de l’être géographiquement, Jiliti est déjà global en ce qui concerne son approche de la gestion des infrastructures. « Nous sommes capables d’accompagner les projets d’infrastructure des clients, depuis l’expression de leurs besoins jusqu’à la prise en charge de la fin de vie des produits, pour ensuite repartir sur un nouveau cycle. » Simple à expliquer sur le papier, cette stratégie sollicite en interne de multiples compétences. Auditeur, conseil, intégrateur, recycleur, mainteneur, etc.

De la maintenance à l’intégration

Autant de métiers que Jiliti maîtrise sur le bout des doigts pour des clients qui, par la nature même de ce cycle intégral, auront propension à rester fidèles à l’ESN. Cette dernière affiche ainsi un taux de fidélité clients de… 98,8 %. L’intégration n’était toutefois pas le premier métier de Jiliti qui, dans une vie antérieure, gérait avant tout la maintenance de produits commercialisés par d’autres entités.

« La partie intégration représente 20 % de notre activité, et c’est la première brique à sceller pour proposer ensuite notre expertise en termes de services et de maintenance. » Celle-ci, qui pèse donc pour environ 80 % des revenus de l’ESN, est protéiforme selon les produits qu’elle vise, et permet à Jiliti d’afficher un autre facteur différenciant : « Dans les cycles classiques, les produits sont maintenus pendant cinq à sept ans avant d’être renouvelés. Mais ce qui nous caractérise et constitue notre cœur de métier historique, c’est notre capacité à gérer la maintenance opérationnelle d’infrastructures IT nées il y a vingt ans, voire davantage. »

Ingénrieur chez Jiliti

Une verticalité qui répond aux besoins des industriels sans capacité de faire évoluer certains produits IT, car intriqués à des équipements dotés d’une haute longévité. On n’imagine pas en effet décommissionner un TGV ou un avion de ligne sous prétexte que ses S.I. tournent sous OS/2 ou Windows 4.0… Mais même si cette maintenance de « longue durée » ne représente que 5 % de l’activité de Jiliti, elle témoigne de son niveau de compétences. Car, non seulement elle conserve en stock des produits ou pièces que beaucoup considèreront archaïques – alors qu’ils sont toujours utilisés (AS/400, HP9000, Solaris, AIX, etc.) assortis des bibliothèques de pilotes et de microcodes vitaux –, mais surtout, elle s’appuie sur des équipes aptes à les garder opérationnels dans des environnements critiques. Car où trouver les compétences pour les maintenir ? D’abord en interne.

Connaissances transmises

Jiliti affiche un turnover très faible parmi ses salariés dont certains techniciens sont présents depuis vingt ou trente ans. Se pose alors la problématique de gérer des employés ultraqualifiés mais proches de la retraite, et qui doivent donc passer le flambeau aux nouvelles générations. Et ça fonctionne. « Dans notre académie, nos experts forment les jeunes à la maintenance de niveau 1 et 2, tant sur les nouvelles technologies que sur les plus anciennes.

Stéphane Hascouet - Jiliti

Ainsi, nous dispensons des cursus sur les nouveaux environnements virtualisés de NetApp mais aussi sur de l’AS/400. » On ne sera donc pas surpris que la moyenne d’âge soit de 46 ans, mais en baisse depuis quatre ans. Bien sûr, Jiliti n’a pas non plus la capacité à adresser toutes les technologies informatiques sorties depuis quarante ans. « Dans certains cas, nous n’hésitons pas à faire appel à des partenaires spécialisés pour travailler sur des produits que nous ne maîtrisons pas, et souvent de niche. Mais la réciproque est vraie ; par exemple, notre structure de micromécanique qui répare les lecteurs de DLT, est l’une des deux opérationnelles en Europe. »

Projets tous azimuts

Impossible donc de définir un projet type illustrant l’activité de Jiliti, l’adaptation aux besoins du client est totale, quel que soit son degré de maturité technologique. « Ainsi, nous venons de réaliser l’étude et la mise en place de l’infrastructure intégrale en cloud privé d’un géant français de la grande distribution, dotée d’une salle principale et d’un site de PRA déporté à 600 km, ainsi que la prise en charge de ses entrepôts », explique Stéphane Hascoët qui souligne que c’est le projet qui définit le choix des fournisseurs utilisés, et non l’inverse. Jiliti est bien sûr proche de certaines marques comme Hitachi, HPE ou encore Huawei, mais ne souhaite pas se limiter dans ses choix.

Logistique Jiliti

La seule chose que l’ESN se refuse à commercialiser, ce sont les postes clients. Son domaine s’arrête aux portes des data centers, privés ou publics. Car Jiliti ne se contente pas de vendre de l’infra matérielle, l’ESN développe également des solutions as a Service, en packages clés en main ou en exploitant des offres des hyperscalers. La commercialisation de services cloud est en effet un des axes de développement de l’entreprise. « On ne peut plus se considérer expert en infrastructure si on ne prend pas en charge les services accessibles via les acteurs du cloud. Voilà qui nous permet de réaliser la migration d’une infrastructure privée à un cloud public, mais aussi dans l’autre sens si besoin, voire d’un cloud public à un autre cloud public », résume Stéphane Hascoët, qui précise ne pas envisager la création de son propre data center pour héberger ses clients.

« Ce n’est pas notre métier ; si nous mutualisons des ressources pour des clients, ce sera au sein d’un fournisseur de data centers. » Par la nature de son activité de maintenance au long cours et de gestion du cycle de vie des produits, Jiliti s’inscrit dans une démarche écoresponsable naturelle qui rejaillit aussi sur ses clients.

Ancré sur la responsabilité sociale et environnementale

« Nous somme parfois en porte-à-faux avec les marques qui préfèrent nous voir remplacer l’ancien par du neuf dans des cycles plus courts. Aussi certaines sociétés recherchent-elles toujours la performance, et manifestent la volonté de changer plus souvent. Mais on assiste à un allongement de la durée de vie des produits parce qu’on demande de montrer les engagements RSE. » L’objectif pour Jiliti est d’être le plus souverain possible sur ces notions d’écoresponsabilité, comme l’illustre l’acquisition très récente de Computer Trade Services¹. Ce rachat est une étape dans le futur développement de Jiliti qui, pour accroître rapidement son rayon d’action opérationnel et géographique mise d’abord sur la croissance externe. Elle est soutenue par le fonds Chequers Capital et une structure interne dédiée aux fusions et acquisitions. Autonome et libérée des contraintes de l’appartenance à un grand groupe, l’ESN Jiliti paraît bien partie pour durer.

1 Computer Trade Services est spécialisé en fourniture de composants de seconde main ou en recyclage, et opère en France et en Europe. Il faisait partie des partenaires de Jiliti avant son acquisition.

Zoom sur Jiliti

Création En 2020, en tant que structure autonome.
Positionnement Intégration, maintenance et services des infrastructures, gestion du cycle de vie des produits.
Clientèle : 3 000 entreprises de la PME au grand compte.
C.A.  : 96 M€ (2022).
Collaborateurs : 500.
Marques principales : NetApp, Huawei, Hitachi, HPE.