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Cognizant la quintessence de l’entreprise internationale de services numériques

Discrète et efficace, Cognizant aide les grands comptes à assurer leur mutation. Sa botte secrète : une maîtrise absolue de l’optimisation des données. La filiale française du groupe incarne cette vocation multiple, complexe mais diversifiée.

Nov 2021
Par Pierre-Antoine Merlin, photos Jim Wallace

Les latinistes comprendront sans peine que la raison sociale de cette entreprise, Cognizant, s’inspire de cognoscere, qui renvoie à la connaissance, au savoir. Il faut aussi remarquer que cette acception se double de la notion de conscience, la fameuse awareness tant prisée par les Américains. Un double sens tout à fait logique : Cognizant combine en effet l’analyse et l’interprétation, autrement dit l’exégèse et l’herméneutique. Autant dire que ce groupe, à la fois méconnu et reconnu, n’est pas facile à cerner. Il cultive la sobriété, communique assez peu, se consacre essentiellement aux prestations immatérielles sur fond de science, de technique et de rigueur, se veut respectueux des règlements. On est, à n’en pas douter, dans l’immatériel et le business feutré. Rien n’est donné, tout se mérite. Raison de plus pour s’y intéresser. C’est dans un immeuble des (assez) beaux quartiers parisiens, contigu aux Galeries Lafayette, que se situe le siège de l’entité française du groupe. Ici, calme, luxe, mais pas volupté. En revanche, courtoisie, propreté, silence, organisation impeccables. « Notre métier, c’est le service, explique Benoît Labrousse, Country Manager France. Globalement, nous nous adressons à quatre grands secteurs : les sciences de la vie, les services financiers, l’industrie et la distribution, et pour finir, tout ce qui est communication et technologie. Nos clients sont le plus souvent des grands comptes, appartenant plutôt au secteur privé. » Et ça marche. Cognizant fait partie du club très fermé des entreprises internationales qui connaissent une double croissance : organique et forte, d’une part ; externe et régulière, d’autre part. Ces deux ingrédients de la croissance comme moteur du progrès travaillent en symbiose. Avec un competitive edge. « Cette volonté permanente d’une croissance externe maîtrisée est, en elle-même, un facteur différenciant. »

Portrait Benoit Labrousse - Cognizant

« Nos secteurs : sciences de la vie, finance, industrie et distribution, communication et technologie »

Benoît Labrousse, Country Manager France

ACQUISITIONS RAISONNÉES

Aussi incroyable que cela puisse paraître, la société a procédé à une dizaine d’acquisitions au cours des deux dernières années, au niveau mondial s’entend. Mais Cognizant rachète en connaissance de cause. Elle se concentre sur des aspects très sectoriels, ou bien sur l’acquisition d’une technologie dont elle a besoin pour progresser dans sa trajectoire. « Nous disposons d’une équipe qui s’occupe de tous ces sujets », précise Benoît Labrousse. Qui plus est, le management de l’entité française, lui, est entièrement français. C’est loin d’être toujours le cas dans les organisations de cette taille (lire l’encadré ci-contre). Quant aux clients de Cognizant, ils ressemblent à…Cognizant, ce qui crée des liens et de la réussite. « Nous travaillons beaucoup avec des groupes qui, eux aussi, sont habitués à fonctionner en mode distribué. C’est une culture que nous appliquons à nous-mêmes : on ne peut pas dire aux gens ce qu’il faut faire, et, pour ce qui nous concerne, s’en affranchir. Cela ne marche pas comme ça. » Le centre de compétences centré sur l’intelligence artificielle et l’exploitation des données fournies par le big data est, précisément, issu de la croissance externe. « Nous venons de racheter une entreprise spécialisée dans le conseil et l’intelligence artificielle, pour renforcer notre pôle d’activité dans ce domaine, explique Olivier Mallet, directeur de la Practice IA et Analytics. Cela dit, on ne part pas de zéro. En France, par exemple, nous possédons une expérience forte dans les domaines de la banque et l’industrie pharmaceutique. » Concrètement, le groupe recherche des profils experts dans l’analyse et l’interprétation de la donnée numérique, ce véritable pétrole du XXIe siècle. « Les profils data sont très demandés, confirme Olivier Mallet. Mais avec un bémol : on parle toujours des data scientists. C’est crucial, certes, mais c’est surtout de data engineers que nous avons besoin. C’est là qu’on travaille la donnée, qu’on la prépare. » Cette étape, indispensable pour mettre la donnée en condition opérationnelle, est à la fois un des points forts de Cognizant, un réservoir d’emplois potentiels, et une source de métiers à forte valeur ajoutée.

FAIRE SAVOIR

Reste, bien sûr, à pallier un certain déficit de notoriété dans cette entreprise protéiforme et en évolution permanente. Quand on regarde ses concurrents immédiats, en particulier Accenture, Atos et autres Capgemini, Cognizant ne vient pas à l’esprit avec la même immédiateté. « C’est vrai, mais il faut bien voir que nous nous sommes construits avec une idée simple : ce que l’on fait, on le fait bien. Et puis, compte tenu de la nature et de la complexité de nos missions, on comprend facilement que nos clients soient peu nombreux », tempère Benoît Labrousse. Avant de citer plusieurs actions propres à stimuler la réputation et la notoriété, dans le domaine de la Formule 1, de la voile, et même, plus rare, du circuit féminin de golf. Toutes manifestations à haute dose de technologie. Preuve que, lorsqu’on s’éloigne apparemment de ses fondamentaux, on n’est jamais très loin de ses racines ni de sa culture.

Portrait Armelle Arnaud - Cognizant

« Travailler sur l’expérience collaborateur pour donner du sens à la façon d’exercer nos missions »

Armelle Arnaud, directeur des ressources humaines, Cognizant France

PROFUSION DE MÉTIERS AUTOUR DE LA DONNÉE

Ingénieur chez Cognizant

À ceux qui prédisaient la destruction des métiers à la faveur de l’avènement et de la banalisation du numérique, les grands acteurs du marché apportent un démenti majeur. Les parties prenantes du service, et en particulier ceux qui oeuvrent, comme Cognizant, dans l’industrialisation du service et de la prestation, en portent témoignage tous les jours. « Nous embauchons beaucoup de jeunes, affirme Armelle Arnaud, directeur des ressources humaines pour la France. Ce ne sont pas des campagnes de recrutement massives, mais bien plutôt un processus continu. » Les profils recherchés sont multiples : tout ce qui se rapporte à l’économie numérique, bien sûr et plus spécialement les candidats professant un goût très vif pour la techno, les métiers, et les fonctions liées à la direction de projets. « On va souvent chercher des compétences dans les écoles d’ingénieurs. » Pour l’avenir, Armelle Arnaud souhaite faire progresser deux grands chantiers. D’abord, celui du rapprochement de deux services : informatique et ressources humaines. Un sujet récurrent dans les entreprises, qui voient le plus souvent ces fonctions pourtant cruciales travailler en silos et s’ignorer superbement. Au sein de la filiale française, Armelle Arnaud s’attaque vraiment à la situation. Elle veut obtenir que ces entités travaillent en symbiose. Il s’agit, selon sa propre expression, d’implanter un nouveau mode de fonctionnement, une nouvelle organisation. Dans le même état d’esprit, et simultanément, elle ouvre un second chantier : il consiste à réfléchir sur le nouveau mode de travail, celui-là même qui sortira des nouveaux usages et, bien sûr, de la pandémie. Comment harmoniser l’emploi du temps, mais également les envies, de ceux qui veulent revenir au bureau, et faire droit aux souhaits des autres ? Là encore, voilà un vaste programme. « D’une façon générale, nous travaillons toujours sur l’expérience collaborateur. Il faut donner du sens à la façon d’exercer nos missions, il faut reconnecter les gens. Et explorer les voies leur permettant de progresser dans l société. » Ce qui frappe à l’issue de cette petite immersion dans les métiers de Cognizant, et sa façon de les aborder, c’est le va-et-vient permanent entre la globalité fonctionnelle et géographique de l’enjeu, d’une part, et les solutions concrètes susceptibles d’être apportées sur le terrain, d’autre part. Chacun répond à cette nécessité avec ses propres termes.

Portrait Olivier Mallet - Cognizant

« C’est surtout de data engineers que nous avons besoin, plus que de data scientists »

Olivier Mallet, directeur de la Practice intelligence artificielle et Analytics

Pour Olivier Mallet, il s’agit « d’aider les gens à mettre en oeuvre des organisations qui tournent autour de la donnée, en mode distribué et agile ». Pour Benoît Labrousse, l’accent doit être mis « sur la confiance entre les clients, nous-mêmes, et l’écosystème où nous évoluons. Une confiance qui s’appuie sur la compliance, c’est-à-dire la conformité légale, réglementaire et technique des actions menées ». Une exigence qui se veut aussi éthique, notamment en matière de diversité ethnique et sociale (lire en encadré p.51). « Dans ce domaine de la compliance, il est important que nous soyons en avance. » Néanmoins, le patron de la filiale française souligne une situation paradoxale : « Nous manquons de ressources », admet Benoît Labrousse. Alors que les jeunes générations sont des digital natives, et que, selon le philosophe Gaspard Koenig, « rester un livre à la main pendant une heure, sans like ni retweet, est devenu, pour certains, une impossibilité physiologique », malgré tout cela, les postes à pourvoir ne sont pas totalement comblés. Alors, transformer les jeunes virtuoses du nomadisme numérique en professionnels de la transformation digitale, voilà peut-être le principal défi de Cognizant.

Réunion chez Cognizant
Comme ici dans cette salle, les séances de cocréation constituent un catalyseur d’innovations pragmatiques. Il en résulte un processus de design thinking propre à fluidifier les échanges et optimiser la décision.

COGNIZANT DANS LE MONDE
Création : 1994
Siège social : Teaneck, New Jersey
CEO : Brian Humphries
Classement au Fortune 500 : 185e
C.A. : 16,7 Mds $ (dernier exercice connu)
Bénéfice net : près de 10 % sur les dix dernières années (source : Macrotrends)
Cotation : au Nasdaq, principale place bousière des sociétés de technologie
Nombre d’employés : environ 300 000
Ancienneté moyenne des employés : cinq ans environ
Type de clients : surtout des grands comptes, essentiellement dans le secteur privé
Engagements : figure sur la liste, établie par Forbes, des Best Employers for Diversity, ou « Meilleurs employeurs en matière de diversité ». C’est la seconde fois que Cognizant intègre ce classement, calculé sur la base d’une enquête effectuée auprès de ses collaborateurs.