Equipe dirigeante Asten

Asten, du service à l’industrie à l’industrie du service

Asten, ESN à forte dimension technique et régionale, s’impose dans le monde hyperconcurrentiel du service en général, et de l’hébergement cloud en particulier. Sa recette : la complémentarité des métiers. Décryptage d’une stratégie gagnante.

Mai 2021
Par Pierre-Antoine Merlin, à Gouesnou, photos Air Media29

Comme les États-Unis repoussaient la Nouvelle Frontière aux confins de l’Ouest américain, la France met le cap dans la même direction. Voilà que l’Ouest, autrefois rural et éloigné des grands axes, se fait attirant. Y compris dans le numérique. C’est à Gouesnou, à proximité immédiate de Brest, que le groupe Asten a élu domicile avec une ambition forte et réaliste : devenir la référence régionale de l’hébergement cloud. Régionale dans un premier temps, car cette entreprise ne manque pas d’ambition. « Il y a un peu plus d’un quart de siècle, j’étais chez Alcatel et devais repérer une pépite locale, afin de l’acheter. C’est ce que j’ai fait. Mais elle m’a tellement plu que j’ai décidé de l’acheter pour moi, et pour le territoire », explique Jean-Christophe Cagnard, président d’Asten. « Évidemment, cette décision représentait un grand changement. J’ai d’abord pensé que cette entité était vraiment petite, comparée à celle que j’avais dirigée auparavant. Mais voilà : c’est un projet qui m’intéressait beaucoup. Je me suis lancé. » Fort de son appétence pour la techno et la Bretagne, deux passions irrépressibles et complémentaires, Jean-Christophe Cagnard commence à embaucher et à structurer l’activité. « Mon idée fondatrice était de convertir la techno en usage. On se plaçait déjà dans l’exigence de la transformation numérique. D’où le recrutement de candidats bons en technologie, et bons dans l’appropriation des usages. J’ai coutume de dire que la ressource humaine, c’est le carburant. »

Alexandre Ebner - Asten

« Notre gestion des RH est proche du système éducatif, et pas seulement des écoles d’ingénieurs »

Alexandre Ebner, directeur des ressources humaines

LE TRIPTYQUE DES MÉTIERS

Le principe de fonctionnement d’Asten est simple. Il s’agit de montrer au client ce que cette entreprise est capable de lui apporter. Sur le terrain, il s’agit de répartir la proposition technique et commerciale du groupe entre trois entités clairement identifiées et complémentaires. L’unité du groupe est ainsi symbolisée par ses locaux – et la présence de ses centres de données dans l’agglomération brestoise. « Le client doit comprendre que nous sommes en mesure de lui apporter une solution globale, et qu’il n’a plus qu’à se concentrer sur son métier. C’est pour cette raison que nous sommes propriétaires de nos data centers. Quand le client voit ses ressources stockées à proximité, il est rassuré. » Les filiales du groupe sont au nombre de trois : Asten Retail, qui gère les processus d’édition et d’intégration dans le domaine de l’encaissement ; Asten Lab, qui se concentre sur le big data et les développements web ou mobiles ; et Asten Cloud, dédiée à l’hébergement et à la cybersécurité. Ces domaines font l’objet d’une symbiose visible et permanente. Ici, chacun vaque à ses occupations sans que les territoires ne soient délimités par les compétences. « On ne sépare pas les activités », martèle Jean-Christophe Cagnard. Une salle de réunion ouverte, accueillante, jouxte le couloir de l’étage principal. En revanche, on ne voit rien du tout de l’extérieur, pas d’indication, et il faut montrer patte blanche pour entrer. Ce qui, loin d’éloigner le visiteur, le rassure quant au sérieux de la société. Et au respect des données numérisées. Chez Asten, la complexité technologique des solutions, à la fois indispensable et garante de qualité, doit être transparente aux yeux de l’utilisateur. Plus c’est complexe en amont, plus ce doit être simple en aval. Ce que confirme Franck Guibert, directeur général de l’entreprise, qui travaille en union étroite avec Jean-Christophe Cagnard. « La base, c’est le développement. Nous recourons beaucoup à l’open source et au langage Python. Car contrairement à une idée reçue, le logiciel libre n’est pas réservé aux seuls travaux universitaires ou aux scientifiques. Il nous affranchit d’un fournisseur unique qui, de plus, nous facturerait davantage. » L’idée est en effet de faire travailler des développeurs et des intégrateurs qui concourent tous à la mise au point des prestations, elles-mêmes facilitatrices de la vie de l’utilisateur.

Franck Guibert - Asten

« Plutôt que de nous spécialiser, nous prenons un socle fondateur sur lequel nous bâtissons, nous incrémentons, avec le client. Et on continue. »

Franck Guibert, directeur général

RENDRE LE CLIENT AUTONOME

Serveur chez Asten

Asten n’est pas seulement une « boîte d’ingénieurs », comme il en existe tant, c’est d’abord une initiative visant à donner le plus d’autonomie possible au client. « Nous devons accompagner les utilisateurs. À l’arrivée, il faut que les gens gèrent leurs machines hébergées dans le cloud. Pour ce qui nous concerne, nous sommes toujours capables de fournir une complétude d’offres IT », résume plaisamment Franck Guibert. Preuve que cette approche est cohérente et fonctionne correctement, tous les interlocuteurs rencontrés dans le cadre de ce reportage se révèlent au diapason. Comme Hugues Burghard, directeur commercial. « Nous agissons en mode confiance. C’est vrai en interne, et c’est aussi le cas avec le client. En face de lui, nous formulons des préconisations, nous capitalisons sur l’existant, nous faisons du big data, de la business intelligence, de l’analytique, afin de déterminer avec lui la solution optimale de sa problématique. » Est-ce difficile d’être directeur commercial dans une entreprise comme Asten, qui possède une très large dimension technique ? « Bien sûr, je m’intéresse à la techno. Mais la démarche commerciale, quel que soit le secteur d’activité, est la même. De toute façon, j’ai un avant-vente avec moi », précise Hugues Burghard. Le collectif, l’entraide fonctionnent. À plusieurs reprises, Franck Guibert et Hugues Burghard répondent ensemble aux questions posées, comme ils abordent de concert les thèmes évoqués. On a l’impression, assez rare, que domine une unité de vues réelle, ponctuée, ici et là, de déclinaisons individuelles. Sans pour autant entendre des éléments de langage régurgités. Quel est donc le secret de cette « appropriation » (un mot revenu souvent dans les conversations) ? D’abord, même si les gens se croisent en permanence dans les couloirs, un comité de veille tech se réunit à intervalles réguliers. On y échange, puis on décide avant de se séparer. Tout le contraire de ces réunions qui se donnent un peu partout en France, où l’on discute sans écouter, avant de sortir épuisé – et surtout, sans décision actée. Ces réunions qui épuisent l’énergie et véhiculent du stress… Outre les rapports d’étapes, Asten suit un plan de recrutement et de gestion des carrières structuré. « Nous sommes très proches du système éducatif, et pas seulement des écoles d’ingénieurs, explique Alexandre Ebner, directeur des ressources humaines. Notre système d’alternance débouche sur une embauche éventuelle. Ce n’est pas un stage pour faire un stage. »

Jean-Christope Cagnard - Asten

« Nous étions dès le départ dans la mutation numérique, avec l’idée fondatrice de convertir la techno en usage »

Jean-Christophe Cagnard, président d’Asten

AMBITION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

De plus, même si cela peut paraître curieux à un moment où l’on ne parle que de numérique, « l’IT est pénurique. Certes, les jeunes s’intéressent à ces sujets, mais la tension sur le marché est tellement forte que la pénurie est bien là. » L’entrée d’un jeune chez Asten s’effectue donc de la façon suivante : il a un tuteur, un objectif qui consiste à arriver au CDI, des possibilités de carrière, de formation, d’évolution, de passerelles entre métiers. « On lui fournit également des avantages sociaux, par exemple une mutuelle et un système de retraite supplémentaire. Les jeunes n’y sont pas sensibles à vingt-cinq ans, mais le jour venu, ils apprécieront. » Deux éléments s’ajoutent à cette ambition : féminiser les effectifs, et ne pas se limiter à l’emploi des jeunes. Penser aussi à la reconversion. À l’issue de cette revue générale d’Asten, une question se pose. Dans le business, on a coutume de dire qu’il faut être généraliste, omniscient, capable de répondre à tout. Mais on répète avec la même évidence qu’il faut se spécialiser sur une tête d’épingle, si l’on veut avoir une bonne chance de réussir. Alors, comment faire ? « Ce n’est pas possible, tranche Franck Guibert, mais nous résolvons cette difficulté de la façon suivante : nous prenons un socle – un socle fondateur – sur lequel nous bâtissons, nous incrémentons, avec le client. Et on continue. » Mesurer le besoin, partir de l’existant et l’améliorer : c’est simple comme Asten.

Hugues Burghard - Asten

« Nous agissons en mode confiance, en interne comme face au client, avec lequel la solution est déterminée »

Hugues Burghard, directeur commercial


ZOOM SUR ASTEN
Création 1995
Raison sociale Groupe Asten
C.A. 12,5 M€ sur l’exercice 2020
Nombre d’employés 120 environ
Principaux fournisseurs IBM, HP, HPE, Microsoft et Lenovo
Type de clients ETI et grandes organisations
Domaine d’activité servis Tous secteurs économiques

Plateau chez Asten
Le groupe compte trois filiales : Asten Retail (édition et intégration de l’encaissement) ; Asten Lab (big data et développements web ou mobiles) ; Asten Cloud (hébergement et cybersécurité).