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D.FI transforme en se transformant

Campé sur ses appuis, D.FI prend le train de l’ouverture et de la modernité. Son agilité technique et commerciale agit comme un levier pour propulser cet intégrateur parmi les leaders français et européens.

Jan 2020
Par Pierre-Antoine Merlin, photos Jim Wallace
ZOOM SUR D.FI

Création : 1985
C.A. 2019 : 67ME
Nombre d’employés : 213 (au 1er novembre 2019)
Principaux fournisseurs : HPE, IBM et Fujitsu
Clientèle : grosses ETI et grands comptes
Contact : Thomas Meunier, directeur général

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Thomas Meunier, directeur général de D.FI

Ni pure player, ni acteur suranné, le groupe D.FI montre une double qualité. D’une part, il repose sur une assise solide, celle d’une culture d’ingénieur qui a bâti la réputation des ESN et des intégrateurs français. C’est un élément essentiel pour progresser dans un univers aussi mouvant que le digital. Mais ce n’est pas tout. Car, d’autre part, D.FI prend résolument le virage de l’avenir numérique en développant des secteurs clés. L’assistance technique est de ceux-là. « Nous avons une grosse soixantaine de projets chez les clients », explique Thomas Meunier, directeur général. Exemple « On intervient pour s’occuper de l’intégration de l’IT lors du rachat d’une structure. Beaucoup de clients mésestiment cet aspect, et pensent qu’ils le traiteront au fil de l’eau. Alors qu’il s’agit d’un point critique. » Et Jamal Mekhaemar, Chief Technical & Innovation Officer, de renchérir en filant la métaphore : « Il nous arrive d’agir comme des agents de sauvetage en mer. »

LE CLOUD ET L’INFRA COMME SOUBASSEMENT

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Patrice Besnard, directeur BU Acquisition & Growth Initiatives

Autre métier en pleine expansion, celui de spécialiste du cloud. Chez D.FI, c’est une avancée logique dans un groupe qui a toujours manifesté une réelle cohérence dans ses choix successifs. « C’est davantage qu’une reprend Thomas Meunier. On réalise des proofs of concept, du maquettage, le tout avec une forte empreinte autour des systèmes IBM, qui est pour nous un partenaire majeur. » Cette implication se lit dans les chiffres. Au premier semestre, la BU Cloud, qui comprend l’informatique à la demande et la tarification à l’usage, enregistre une croissance de 68 % par rapport à la même période de l’année précédente. « Voilà une progression significative. Cette business unit est transverse et omniprésente à la fois. Au point que c’est vraiment le soubassement, techno et usages confondus. » Avec une difficulté, que tous les acteurs de D.FI s’emploient à résoudre : l’investissement dans le cloud n’est pas une science exacte. D’où la nécessité, passionnante et risquée, d’arbitrer en permanence en fonction d’un objectif, que l’on peut résumer de la façon suivante : garder l’esprit maison tout en étant novateur. « On a bâti notre force à partir de nos erreurs, admet Thomas Meunier avec sincérité. Attention à ne pas s’éloigner trop de notre ADN, qui est l’infra. »

« Beaucoup de clients mésestiment l’intégration de l’IT lors du rachat d’une structure »

Thomas Meunier, directeur général

INNOVATION ET ACQUISITIONS, LE DIPTYQUE GAGNANT

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Jamal Mekhaemar, Chief Technical & Innovation Officer

Le poste de spécialiste technique et de responsable de l’innovation est crucial. Il est dévolu à Jamal Mekhaemar : conscient du caractère complexe de ses fonctions, il recourt à la pédagogie et au didactisme. « Depuis quelques années, nous nous posons la question. Faut-il passer à la vitesse supérieure ou pas ? Mais les choses ne se décident pas dans la cuisine. La cuisine, c’est l’infra. En réalité, tout passe par les métiers. Ce sont eux, ce sont les métiers, qui décident les budgets. Ce sont eux qui prescrivent. Ils prennent les décisions. Et nous, nous occupons de l’infra. » Autre certitude du CTIO de D.FI, là encore fondée sur l’exemple. « L’une de nos forces consiste à savoir capitaliser sur l’humain. Un seul exemple : une personne qui part à la retraite emporte avec elle une somme de connaissances. Pourquoi ne pas trouver un moyen de valoriser ce savoir, pour le plus grand profit de toutes les parties ? » Et de résumer ce constat avec une philosophie pratique et imagée : « Vos cheveux blancs m’intéressent. » Mais il n’y a pas que les seniors. Les jeunes, et notamment les millennials, ont une connaissance extrêmement affinée du numérique. « Beaucoup sont familiarisés avec le cloud. Et il faut savoir que le cloud parle Python. Voilà le langage le plus abondamment utilisé dans ce domaine. » Une antienne entendue chez Steve Brazier, le patron de Canalys, pour qui « les enfants devraient apprendre deux choses : le codage et le mandarin ». Autre point fort, relativement récent celui-là : l’ouverture à l’étranger. Pari réussi puisque, comme l’affirme Thomas Meunier, « nous avons d’abord décidé de nous diriger vers le proche étranger. De sorte que l’internationalisation de D.FI est une réalité tangible ». Une situation précisée par Patrice Besnard, directeur BU Acquisition & Growth Initiatives. Dans le cas d’un rapprochement, « on regarde la maturité des uns et des autres, les échanges, la capacité à travailler ensemble… sachant que plusieurs modes de partenariat sont possibles : du co-investissement en termes de moyens, j usqu’au rachat pur et simple. » Il ressort de ces constats « une fonction opérationnelle qui demeure très vaste. Mon rôle est de catalyser et de mettre les bonnes personnes en face, de repérer les compétences et de les valoriser. » Le métier de Patrice Besnard, extraordinairement diversifié, s’enrichit aussi par sa présence soutenue en clientèle. « Nous sommes customer centric. On résiste aux GAFA par notre capacité à nous différencier en gérant tous les clouds. » Et maintenant ? La trajectoire du groupe est tracée. D.FI reste fidèle à sa réputation de professionnalisme, voilà pour la forme. Il avance avec résolution en prenant les vents et courants porteurs, voilà pour le fond. Une seule inconnue subsiste, et est de nature capitalistique. Il y a eu naguère une tentative infructueuse de leveraged buyout mais les discussions, en cette fin d’année, vont bon train avec une société étrangère. Seule certitude, ce mouvement se soldera dans tous les cas « par un nouvel ensemble ». En attendant, les métiers de D.FI constituent un précipité de ce qu’est l’avenir prévisible : un univers instable, où l’on fait bouger les lignes en bougeant soi-même. Rarement la valeur d’exemplarité aura été poussée à ce point.

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D.FI compte 213 employés, et réalise un C.A. de 67 M€.