Portrait-Claire-Souhaut-Fortinet-Magazine-EDI

Claire Souhaut – Country Manager France, Fortinet : Humaniste et exigente

Spontanée, souriante et déterminée, c’est Claire Souhaut au naturel. Forte d’une traj ectoire professionnelle inhabituelle, dotée d’autorité sans être autoritaire, à l’écoute des autres mais capable de trancher, elle est le charme mobile en perpétuel mouvement.

Nov 2019
Par Pierre-Antoine Merlin, photos Jim Wallace
Repères

Vivant en couple, Claire Souhaut est mère de deux filles, et grand-mère d’une petite ?lle.

PARCOURS

Naissance en région parisienne, puis long séjour aux Antilles avant de revenir en métropole. Baccalauréat littéraire.
1997 – Bay Networks, Senior Account Manager & Sales Manager, Finance Sector.
2000 – Nortel, Strategic VAR Channel Manager, puis Large Accounts Manager.
2006 – Enterasys Networks, Channel Director.
2010 – Hewlett Packard Entreprise, Sales Director au sein d’HP Software, puis Country Manager France ESP (Security BU).
2016 – Fortinet, Sales Director. Puis directrice générale pour la France

J’AIME…

Musique – Le classique, la variété, toutes sortes de musiques. Mais pas le jazz, trop néophyte, peut-être…
Littérature – Balzac, les romans policiers
Films – Les thrillers interprétés par Robert de Niro par exemple
Lieu – Le sud du Portugal. Là-bas j’aime tout : les paysages, les gens, la cuisine, l’empathie, la simplicité, la spontanéité… tous sont prêts
à vous aider. Ils sont bienveillants. Mais peu importe le lieu, j’adore voyager. Faire des rencontres.
Gastronomie – C’est un de mes péchés mignons ! En vin, je dirai le bordeaux rouge, les vins du soleil, d’Espagne, du Portugal. Les vins tanniques. Et j’apprécie beaucoup les plats simples. Une bonne blanquette de veau, par exemple.
Passion – La cuisine a un côté fédérateur qui nous permet, avec mon conjoint, de rassembler le clan. On partage, et c’est ce qui compte le plus. Et je cuisine pour ceux que j’aime.

Portrait-Claire-Souhaut-Fortinet-1-Magazine-EDI

L’ exercice du portrait est un genre délicat, voilà une affaire entendue. C’est aussi un art difficile, car les situations les plus variées s’y côtoient, les chemins de traverse s’invitent impromptu, les rôles circulent avec fluidité entre l’auteur et son sujet. Ce n’est pas l’art de la conversation, certes mais cela s’y rapporte bougrement. Parfois, la sympathie s’installe pour nimber les discussions d’une légèreté inattendue, surtout dans un bureau situé en haut d’une tour de la Défense. Alors, à la faveur d’une de ces parenthèses enchantées, tout surprend. C’est ce qui se passe en la circonstance. La tonique Claire Souhaut, qui préside depuis peu aux destinées de Fortinet France, étonne dès l’entame de ce match amical. « Je suis née en région parisienne dans un milieu ouvrier. Mon père était mécanicien chez Air France, ma mère au foyer. Quand j ’ai eu trois ans, nous sommes partis à Pointe-à-Pitre. C’est là qu’arrivent mes premiers souvenirs. La culture, l’ambiance, là-bas, tout est différent. »

Portrait-Claire-Souhaut-Fortinet-2-Magazine-EDI
« Dans un milieu comme l’IT, il y a trente ans, c’était difficile. »

C’est donc outre-mer que la jeune Claire fait son école primaire. Mais tout va changer. Poussée par des raisons impérieuses et dramatiques, la famille rentre en métropole. Tous doivent se réhabituer. « Ma mère est embauchée comme standardiste à EDF. Nous nous installons à Poitiers, puis rejoignons la région parisienne. J’obtiens mon bac en section littéraire. » Ensuite, ce sera une formation d’un an à la chambre de commerce et d’industrie de Paris. « Il fallait que je travaille tôt, pour gagner ma vie… » La vie, justement, ne lui fait pas trop de cadeaux. « J’ai réussi à faire de cette faiblesse une force. J’ai la niaque. J’ai travaillé dur. Dans un milieu comme l’IT, il y a trente ans, c’était difficile », dit-elle comme si elle revivait la scène. C’est d’ailleurs un point très fort chez Claire Souhaut : tout ce qu’elle dit, elle le vit. « Il fallait se battre. » Est-ce pour cette raison ? À l’inverse de ses pairs, Claire Souhaut se raconte par thèmes, et non par chronologie. Encore une différence. Tant il est vrai que la vie n’est pas un CV. Une construction d’être humain n’est pas un réseau social. « J’ai débuté comme commerciale, j ’ai gravi les échelons. »

LE GOÛT DES AUTRES

Portrait-Claire-Souhaut-Fortinet-3-Magazine-EDI

Il est assez rare, chez les littéraires, de manifester une appétence commerciale. C’est sans doute le goût des autres, des contacts, qui la relie au business. De ce point de vue, elle remarque vite que, si l’on reste au même poste dans la même société, les gens s’habituent. « Ils vous collent une étiquette. Parfois, il faut partir pour les rendre plus performants. Tout cela m’étonne et me motive. Je fais travailler des gens ensemble pour définir un projet. Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin. » Elle aussi, évolue. « Au bout d’un moment, je m’aperçois que tout est imbriqué : le commercial, le management, et toujours mon besoin d’apprendre, très fort chez moi. » Pour Claire Souhaut, il existe un autre axe de développement, qui a partie liée avec son univers professionnel. Il s’agit bien sûr de la sécurité, le core business de Fortinet. « J’ai bien connu ce secteur chez HP. Je suis me suis occupée d’une BU spécialisée. L’un des avantages, dans une grande entreprise, c’est qu’on peut faire énormément de choses, bouger, évoluer, progresser tout en restant dans la même structure. » Aujourd’hui, Claire Souhaut met à profit son expérience pour piloter efficacement la filiale française, entièrement tournée vers ce domaine extraordinairement porteur qu’est la sécurité. Sans doute le seul à connaître, année après années, une croissance à deux chiffres. Pour les partenaires comme pour les clients, c’est l’aubaine. « Nos clients évoluent vers de nouveaux modèles opérationnels et de fourniture de services, au travers des objets connectés, des technologies mobiles et des environnements multicloud qui offrent de nouvelles perspectives. Et aussi de nouveaux défis en matière de sécurité. »

UN MANAGEMENT SINGULIER ET PLURIEL

Portrait-Claire-Souhaut-Fortinet-4-Magazine-EDI

Claire Souhaut insiste sur ce qui constitue, selon elle, la double vocation du management. Il y a le côté leadership, la faculté à entraîner les autres, qui est relativement facile à exercer quand on l’a en soi. Il suffit d’ailleurs d’observer sa gestuelle pour sentir que chez elle, cette capacité est intrinsèque, qu’elle vient de très loin, en mode natif si l’on ose. Le plus difficile, cependant, c’est le management de contrôle. Suivre, s’assurer, respecter, exécuter. « Comme manager, je fais confiance et je contrôle. Ce n’est pas contradictoire, c’est complémentaire. » Sans le vouloir peut-être, elle paraphrase Gabin : « Maintenant, je sais. La confiance n’exclut pas le contrôle. Je m’en suis rendu compte avec l’expérience. »

« Nos clients évoluent vers des modèles opérationnels et de fourniture de services inédits, qui présentent de nouveaux défis en matière de sécurité »

Portrait-Claire-Souhaut-Fortinet-5-Magazine-EDI

Et maintenant ? À mi-vie, Claire Souhaut est pleinement consciente de ses accomplissements, au sens américain du terme. Foin de la fausse modestie, encore plus insupportable que la vanité elle-même. Le succès ne lui monte pas à la tête. « Je n’ai pas de plan de carrière. Jamais. Je me laisse porter par les circonstances. » Même si, c’est vrai, on entend rarement un manager de cette trempe parler ainsi. Preuve d’une grande liberté d’esprit, et même d’un certain courage. « Je me fais plaisir avec mon équipe, avec ce qu’on arrive à faire. Quand je pense que Fortinet a vingt ans… c’est un monde, dans notre industrie. Nous vivons à une époque, et dans des circonstances, que peu de gens ont l’aubaine de connaître dans une existence entière. » Son optimisme, sa chance, sa joie d’être malgré tout, s’étendent au monde comme représentation, pour parler le langage des philosophes. « Il faut voir les choses telles qu’elles sont. Avec l’automatisation, des métiers apparaissent. Mais elle va transformer d’autres métiers. Dans l’automobile, par exemple, quand un emploi disparaît, cinq apparaissent. Et ainsi de suite. » En quittant Claire Souhaut, on se dit que cette femme d’affaires d’un genre nouveau est galvanisée par l’adversité. Dans sa vie personnelle comme dans sa vie professionnelle, elle cherche l’harmonie dans le dépassement. Cette détermination de tous les instants est-elle directement liée à des débuts ingrats dans l’existence ? Peu importe. Seul compte l’envie, l’élan vital qu’on ne découvre que lorsqu’on va le solliciter, puisant
au fond de soi. Sa maxime pourrait être celle du maréchal de Lattre : ne pas subir. Ou, d’une formule moins martiale : tomber sept fois, se relever huit.