VMware Explore 2022

VMware entre dans l’ère du multicloud

Exit VMworld, voici Explore. Plus de Pat Gelsinger reparti chez Intel, plus – ou quasiment plus ­– de Dell mais pour le reste, c’est business as usual avec moult annonces autour du nouveau concept à la mode, le multicloud.

Déc 2022
Par Vincent Verhaeghe, à Barcelone

S’il y a un mot à retenir deux jours de conférences de VMware Explore – la nouvelle appellation de VMworld, c’est multicloud. Pas une présentation et quasi pas un slide qui ne mette en avant ce terme choisi aussi comme mot de passe du WiFi de l’évènement… Pour autant, le multicloud n’est pas un concept vraiment nouveau car il est difficile de distinguer son acception de celle du cloud hybride.

Pour simplifier, le cloud hybride est une vision verticale de l’organisation IT avec à la fois du cloud privé et du cloud public, tandis que le multicloud ajoute une couche d’horizontalité en tenant compte du fait que les entreprises comptent généralement plusieurs prestataires de cloud, et que les clouds publics sont eux-mêmes à géométrie variable. Ainsi pour la première fois, VMware met en avant l’importance de la prise en compte des clouds souverains et de ses problématiques spécifiques, aussi bien sur les éléments technologiques que de conformité et de législation.

« Notre offre multicloud a pour ambition de donner aux entreprises les moyens de gérer leurs ressources IT de façon fluide, quels que soient le nombre, l’origine ou la diversité de leurs prestataires cloud », résume Raghu Raghuram, CEO de VMware qui remplace l’emblématique Pat Gelsinger reparti chez Intel.

A noter aussi, car ça n’a pas toujours été le cas par le passé, il insiste dès le début de sa présentation sur l’importance des partenaires pour déployer les nouvelles offres de l’éditeur, même si la notion de « partenaire » est bien plus vaste que par le passé. « L’époque où le channel consistait à une simple chaîne de valeur entre un intégrateur, un distributeur et nous, est révolue. Désormais et par l’importance que prennent nos solutions, les partenariats touchent aussi bien les hyperscalers, les ISV, les telcos, les OEM et bien sûr les alliances technologiques avec d’autres marques qui impliquent un travail commun entre les équipes techniques et commerciales », insiste Ricky Cooper, VP et responsable au niveau mondial de l’organisation partenaire et commerciale de VMware.

On le voit sur cette édition avec l’intégration de services VMware sur la plate-forme HPE Greenlake, avec le renforcement des relations avec AWS et, côté channel, avec de nouveaux services mis en place pour prendre en compte cette mutation. C’est le cas de Partner Connect 2.0 qui propose des outils d’automatisation consacrés aux partenaires qui faciliteront leurs interactions avec la marque.

En février 2023, un tout nouveau portail adossé à Partner Connect 2.0 verra aussi le jour. Il donnera notamment des métriques et des rapports détaillés sur les activités du partenaire, et le guidera vers des formations ou certifications dédiées à certains projets. De plus, il mettra en avant les services additionnels générateurs de marge. « Nous allons aussi mieux récompenser les projets basés sur la souscription, car voici un élément central des ventes basées sur nos solutions notamment sur des offres liées à vSphere+ et Tanzu. »

Ricky Cooper-VMware

« Les partenariats touchent aussi bien les hyperscalers, les ISV, les telcos, les OEM »

Ricky Cooper, Vice President et responsable au niveau mondial de l’organisation partenaire et commerciale de VMware

Annonces à foison

A ce titre, la période de transition entre Dell et Broadcom (lire en encadré) n’affecte pas le rythme des annonces. Du côté des produits phares de l’éditeur, les versions 8 de vSphere (virtualisation des serveurs) et vSAN (virtualisation du stockage) ont été présentées. Dans les deux cas, les principaux changements concernent les performances. En effet, vSphere 8 est compatible avec les DPU, cette nouvelle catégorie de processeurs conçus pour augmenter la vitesse de traitement des données, et promus notamment par Nvidia avec sa ligne de produits BlueField, et par AMD avec l’accélérateur Pensando.

De plus, vSphere met un pied dans le multicloud avec la nouvelle console Cloud Consumption Interface qui gère les ressources de façon indépendante de la source, qu’elles proviennent d’un cloud public ou d’un cloud privé.

Côté stockage vSAN 8 optimise la gestion des modules SSD sur interface NVMe, et VMware annonce des performances potentiellement quatruplées. Ces deux solutions figurent au catalogue, alors qu’il faudra encore patienter pour la mise à jour de NSX, la virtualisation de la couche réseau, qui prend pour l’heure l’appellation Project Northstar.

La plate-forme concentrera des outils en SaaS, ciblant la partie réseau et la couche de cybersécurité selon une approche évolutive en fonction des besoins, et compte tenu d’une commercialisation basée sur la souscription et la consommation. Là encore, elle se positionnera comme une couche d’abstraction supplémentaire chapeautant n’importe quel type de cloud. « Notre objectif avec Northstar est d’éliminer toutes les appliances réseau pour mettre en place une console unique gérant l’ensemble des ressources aussi bien de routage, de pare-feu que de gestion de la performance », résume Tom Gillis, directeur de la division Networking & Advanced Security Business Group de VMware.

« Notre offre multicloud a pour ambition de donner aux entreprises les moyens de gérer leurs ressources IT »

Raghu Raghuram, CEO de VMware

Et l’éditeur va encore plus loin dans la gestion du S.I. avec une solution globale d’orchestration inédite appelée Aria. Dans le but d’uniformiser et simplifier, les outils d’orchestration CloudHealth, Tanzu Observability et vRealize, disparaîtront progressivement au profit d’Aria. « Une des innovations significatives d’Aria est le moteur de cartographie Aria Graph grâce auquel des applications et services protéiformes seront visibles et gérables sur un même outil », souligne Alexandra Caussignac, Director of Solution Engineering de VMware France.

Aria comprendra aussi Aria Hub qui assurera l’interaction entre les modules, et Aria Cost qui simule et optimise des coûts de déploiement ou de migration. « Ces offres participent aux projets de mutation numérique, et grâce à nos équipes techniques, nous aidons les partenaires à développer des solutions qui s’adaptent aux besoins des clients », explique Fabrice Mazars, Business Solutions Strategist Director de VMware.

Entre Dell et Broadcom

En 2015, VMworld EMEA s’était déroulé le lendemain de l’annonce surprise de l’acquisition d’EMC – et donc de VMware – par Dell. Réactif, Michael Dell s’était fendu d’un discours rassurant. L’histoire se répète. En mai 2022, le géant américain Broadcom annonce son intention de racheter VMware qui, depuis novembre 2021, n’est plus dans le giron de Dell Technologies. évaluée globalement à 61 Mds $, l’opération est approuvée à 99,61 % par les actionnaires de VMware, le jour même du lancement de l’évènement Explore.

Et si Hock E. Tan, CEO de Broadcom, n’a pas pris la parole, il était tout de même assis au premier rang lors de la séance plénière. « VMware sera le bras armé software de Broadcom », a indiqué laconiquement Raghu Raghuram lors de sa présentation. Tandis qu’il n’a pas précisé comment se passera l’intégration. Michael Dell n’était bien sûr pas présent à Barcelone, mais on signalera qu’en ayant conservé environ un tiers des actions de VMware, il vient de voir sa fortune grossir de 21,5 Mds $…

Des incentives pour le multicloud

Les partenaires doivent prendre à bras-le-corps l’évolution vers le multicloud. Et pour les y aider, VMware crée une master competency sur le sujet « que même les petits partenaires s’approprieront pour développer des projets rémunérateurs sur le multicloud », souligne Terence Gleeson, Senior Director, Partner Strategy VMware Cloud. Il démontre, en outre, le potentiel de marges de ces projets sur tout le cycle de vente.

Cela commence par les fonds marketing pour la détection du projet, puis l’audit technique ou le PoC dont les incentives grimpent jusqu’à 25 K$. Il y a bien sûr la marge sur la vente proprement dite, mais aussi des bonus de 3 % à 5 % sur une migration, jusqu’à 10,5 % pour l’activation des services, et 20 % supplémentaires sur la croissance de la consommation de ces derniers. « Chaque dollar généré par VMware procure jusqu’à 6,70 $ au partenaire, et on attend une croissance totale de 13 % de ce ratio d’ici à 2025. »