juliette Macret - IBM

“Nous constituons un écosystème” – Juliette Macret VP Cloud EMEA, IBM

Le sérieux, l’ancienneté et la force d’IBM sont des atouts majeurs pour gagner la bataille de l’hybridation. Juliette Macret détaille une feuille de route fondée sur l’union avec les partenaires et clients.

Jan 2023
Propos recueillis par Pierre-Antoine Merlin

Où en est le cloud chez IBM ?

On constate une adoption forte du cloud par les clients. C’est vrai pour la messagerie, le développement d’applications, l’innovation. Mais il existe un énorme challenge, dans les entreprises, pour tout ce qui concerne les applications critiques. En fait, on observe une espèce de contradiction : les sociétés veulent passer au cloud, mais pas toujours et pas pour tout. C’est sans doute lié aux situations économiques et politiques complexes. Pour autant, les acteurs sont conscients du cyberrisque, et donc de la nécessité de maintenir en condition opérationnelle tous les équipements. Il faut concilier ce qui paraît a priori irréconciliable.

Comment y parvenir ?

Par la mise en œuvre de notre stratégie, entièrement fondée sur l’hybridation. Compte tenu de notre expérience, et de la confiance que les clients nous manifestent, IBM est très bien placé dans ce domaine. On est au stade de l’assessment de l’application. Autrement dit : nous évaluons la maturité de l’application destinée à être portée dans le cloud, en incluant les éléments prévisionnels et l’anticipation qui sont liés. C’est tout le sens de la conteneurisation, de Kubernetes et de l’intégration de Red Hat, entre autres.

Concernant les aspects réglementaires et de souveraineté, la chaîne de valeur est-elle impliquée ?

Oui. à l’inverse de certains hyperscalers qui ont construit le cloud pour eux-mêmes, IBM a construit le sien conjointement avec ses clients. Et même avec certains partenaires. C’est la meilleure manière de mettre au point un cloud régulé. Cela dit, les questions de souveraineté sont interprétées de manière différentes par les uns et les autres, suivant le moment et l’endroit où l’on se situe. Ce qui compte, c’est l’assurance que le partenaire est fidèle, transparent, et qu’on peut compter sur la personne qui gère l’infrastructure.

Justement, vous évoquez la question du partenaire et du cloud régulé. De quelle façon le channel se présente-t-il en France ?

On distingue trois catégories de partenaires. D’abord, ceux qui proposent du cloud régulé pour les grandes industries – pharmaceutiques ou bancaires, par exemple – et qui vérifient que les points de contrôle sont bien respectés. Ces partenaires peuvent aussi être des éditeurs très spécialisés, qui viennent se greffer sur le processus. On peut y ajouter les partenaires qui aident à la conteneurisation.

« Nous avons construit notre cloud conjointement avec certains de nos partenaires »

Deuxième offre majeure : SAP. Nous sommes un gros cloud provider pour cette entreprise. Enfin, troisième type de partenariat, ce qui tourne autour de VMware, devenu en quelques années un véritable standard en termes de virtualisation. Il s’agit d’accompagner les clients vers l’offre d’hybridation, dans l’ensemble des secteurs de l’informatique à la demande et de la tarification à l’usage. Dans ce domaine précis et crucial, celui de l’hybridation, l’offre d’IBM est la plus large.

Les acteurs de l’indirect sont-ils bien positionnés ?

Tout à fait. Depuis un an et demi, IBM a pris un virage extrêmement significatif. La proposition de vente directe a clairement diminué. Dans le même temps, nous nous orientons vers la constitution d’un écosystème. C’était déjà le cas dans certaines activités, le stockage, par exemple. Mais c’était moins vrai dans le logiciel et le cloud public. Nous souhaitons donc associer ces intermédiaires à valeur ajoutée que sont les acteurs du channel en augmentant notre attractivité par toutes sortes de leviers, y compris financiers.

Bio express

Juliette Macret est une dirigeante qui sort du lot. Par sa simplicité, d’abord. Elle est humble, précise, férue de didactisme et de pédagogie. Par son parcours, ensuite. Juliette Macret est diplômée des Hautes études d’ingénieur. Entrée chez IBM en 1999, elle s’est enrichie de compétences multiples : elle a occupé le poste de directeur des services de data centers, des services de cloud computing, et de directeur de cabinet auprès du directeur des services technologiques de l’Europe du sud.