Le moment est bien choisi pour un cloud souverain européen
L’idée même de cloud souverain était tombée en désuétude. Voici qu’elle reprend vie, mais cette fois, à l’échelle européenne. Gautier Crepin fait le point sur la situation.
Nov 2020Gautier Crepin, Solution Architect Manager, Scaleway - Propos recueillis par Pierre-Antoine Merlin
Pourquoi le cloud souverain revient-il à la mode ?
On s’était beaucoup focalisé sur les enjeux, voilà qui est fondamental, bien sûr. Mais il faut passer à des choses concrètes. Et pour les acteurs européens, ce moment est bien choisi : tous ont acquis la maturité nécessaire pour un tel projet. On va progresser d’une manière collaborative, itérative, en montrant ce que nous sommes capables de faire. L’idée est de se concentrer sur la question de l’usage. Il faut faire, et il faut communiquer. On publiera des rapports d’étape pour attester ces progrès ce que nous avons déjà commencé à faire.
Êtes-vous nombreux, et sur quels usages travaillez-vous ?
Pour le moment, le projet Gaia-X – c’est le nom de cette initiative – comprend vingt-deux entreprises du secteur du numérique. Nous travaillons sur les grands sujets comme l’accès aux données de santé, la lutte contre la fraude, les outils qui expliquent les mouvements erratiques dans la finance, l’application du machine learning, etc. La liste des thèmes et des spécialités est loin d’être close. À la base, il s’agit d’un moteur franco-allemand. C’est un socle extrêmement solide : la France possède l’expérience de l’industrie, notamment dans le cloud souverain ; tandis que l’Allemagne apporte sa rigueur et la puissance de son tissu industriel. Voilà des compétences complémentaires à faire valoir.
La crise sanitaire stimulera-t-elle ce projet de cloud souverain européen ?
Tout à fait. La puissance de calcul, le partage de données ou le travail en commun sont de nature à renforcer les capacités de la recherche et de la médecine. Quant à la délicate question de la relocalisation des productions en Europe, un argument joue en sa faveur : les acteurs historiques qui participent au projet Gaia-X sont légitimes, car tous européens. Autre exemple de crédibilité : cette initiative bénéficie du soutien en France du Cigref(1), lequel accueille en son sein de nombreux DSI.
Quel sera l’avantage concurrentiel de ce projet, et l’apport de Scaleway en particulier ?
Ce projet européen se distinguera par sa qualité. Ce point est essentiel, car il existera enfin un vrai choix, pour les utilisateurs d’informatique à la demande et de tarification à l’usage. Trois éléments vont dans ce sens : la souveraineté, le guichet unique et la régulation. Naturellement, toutes les exigences législatives et réglementaires, notamment celles qui ont trait au RGPD, sont respectées. Comme toutes les contraintes de compliance, d’ailleurs.
Concernant la contribution de Scaleway à ce processus, je citerai notre offre cloud globale et diversifiée, dotée d’une grande qualité technique, et la performance de nos services managés. J’ajoute que dans nos data centers, nous n’utilisons que des énergies renouvenables. Un seul exemple : notre système de refroidissement fonctionne par ventilation naturelle.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Le lancement officiel du projet de cloud souverain européen est prévu pour le début 2021. Ce sera l’un des fers de lance de l’adoption du multicloud, de cette nouvelle infrastructure. Elle sera fondée sur ces atouts essentiels, pour aujourd’hui comme pour demain, que sont le choix, la portabilité et la esponsabilité environnementale.
(1) Cigref : Club informatique des grandes entreprises françaises
BIO EXPRESS
Cet architecte d’un type nouveau est passé maître dans de nombreux domaines : orchestration, analyse de données, gestion des ressources cloud, etc. Sa curiosité est sans limite. Parallèlement à ses responsabilités chez Scaleway, Gautier Crepin fait partie du comité technique de Gaia-X, à titre bénévole. Diplômé de l’Epita, dans la section Computer Science, il détient la certification Professional Cloud Architect décernée par Google, pour une durée de deux ans. Avant de rejoindre Scaleway, il a travaillé pour la Société Générale en tant qu’ingénieur DevOps, et pour KPMG Luxembourg, comme consultant IT.