Portrait de Laurent Silvestri - CDRT

“Les Pureplayers des télécoms doivent se rapprocher de l’IT” – Laurent Silvestri

Le patron du CDRT souligne à quel point la crise de la Covid-19 est un catalyseur des changements qui s’opèrent dans les télécoms. Avec les intégrateurs spécialisés impactés en première ligne.

Oct 2020
Laurent Silvestri - Président du CDRT - Propos recueillis par Vincent Verhaeghe
Bio express

Laurent Silvestri entame sa carrière en 1997 chez Western Telecom, déjà spécialiste de la VoIP. Il passe ensuite trois ans chez Telecom Partners, puis trois autres
années chez All Telecom, en tant que directeur financier. En 2005, il crée l’opérateur indépendant OpenIP, ainsi que sa filiale OpenIP Labs, deux entités qu’il  dirige. En février 2018, il prend la tête du CDRT, après en avoir été l’un des administrateurs dès 2015.


Quel bilan tirez-vous de l’impact de la Covid-19 sur les télécoms ?

Sur de nombreux aspects, la pandémie et la période de confinement ont rebattu les cartes du secteur. Un des grands gagnants de cette crise est Microsoft qui, en quelques mois, a imposé sa plate-forme Teams comme l’acteur majeur des comms unifiées et du collaboratif. Mais au-delà de ça, la marque a aussi lancé, sur la même période, son propre PABX dans le cloud pour les PME. Voilà qui démontre l’ampleur de ses ambitions fondées sur une vraie stratégie visant la téléphonie, et du taux d’adoption qui monte en flèche. Plus globalement, on voit que les GAFAM cherchent à s’imposer sur ce secteur, tel Google qui fonctionne bien auprès des grands groupes, ou Amazon dont le projet Kuiper visant à déployer dans l’espace, plus de 3 200 satellites pour couvrir le Globe, à l’aide de son offre de très haut débit, vient d’être validé¹. Tous vont se battre pour prendre des parts de marché. Mais un autre spécialiste des comms unifiées change la donne : RingCentral. La France est le quatrième pays où l’éditeur américain – dont le C. A. est proche du milliard de dollars – a décidé de se déployer. Et cela, par des accords stratégiques noués avec des marques solidement ancrées sur notre territoire comme Unify, Avaya ou Alcatel-Lucent Enterprise. Nous vivons clairement un moment charnière dans le monde des télécommunications.


Est-ce à dire qu’il n’y a plus de place pour des solutions alternatives ?

Si ! Heureusement. Il existe d’autres plates-formes de communications unifiées proposées par des acteurs comme Wildix, 3CX ou OpenIP². Voilà qui est important, car ces agrégateurs européens garantissent une certaine souveraineté dans un domaine où la croissance des solutions basées sur le cloud a plutôt tendance à abolir les frontières, et à complexifier toutes les problématiques de régulation. Mais quelles que soient les solutions choisies, les plus touchés seront les intégrateurs télécoms. L’IT était déjà en train de gagner la bataille de la convergence avec l’IP, mais la crise a accéléré le processus, et les pureplayers des télécoms vont devoir se rapprocher des spécialistes de l’IT. Voilà un mouvement qui a débuté alors que les bureauticiens prenaient conscience que l’impression et le coût à la page perdaient de la vitesse. Ainsi, ils ont intégré d’autres prestations IT dans un modèle MSP plus global. La téléphonie, les comms unifiées et le collaboratif sont aussi des services que les MSP prendront en charge pour délivrer une prestation globale. Ces télécoms sont de plus en plus axées sur l’applicatif et le cloud.

« La crise a creusé l’avantage pris par l’IT dans la lutte de la convergence avec l’IP »

Est-ce une menace pour les fabricants et les revendeurs de hardware ?

Pas forcément. On aura toujours besoin de postes fixes, et le collaboratif permet de développer d’autres produits comme les pieuvres de téléconférence. En outre, qu’on soit une marque ou un intégrateur, des pistes existent pour se diversifier en équipant les salles de réunions d’écrans ou de gestionnaires de réservation. Mais aussi, pourquoi pas, en allant vers les objets connectés, l’équipement d’ascenseurs, voire la vidéosurveillance qui reste connexe. Quand le

Quand le CDRT renouera-t-il avec la marche normale de ses évènements ?

Nous reprenons dès octobre le rythme de nos tables-rondes avec dîner, lors d’une étape à Lyon, notamment. En décembre, nous souhaitons organiser une matinale sur les thèmes abordés au cours de cet entretien.