baies de stockage

Le stockage d’infrastructure, générateur de revenus pour le channel

Le marché du stockage évolue, mais au-delà des tendances de l’hyperconvergence et du stockage unifié, ce sont les services qui représentent les nouveaux gisements de valeur pour le channel.

Mai 2023
Par Mourad Krim

Tandis que les menaces qui pèsent sur les données continuent d’évoluer, les technologies de stockage changent à leur tour pour répondre non seulement aux impératifs de la protection, mais aussi à ceux de la consommation des données pour les besoins d’analytique et de big data. Il s’agit tout autant d’intégrer des technologies et des mécanismes de protection, que de fournir des fonctions enrichies à l’I.A. pour se conformer aux exigences fonctionnelles de concepts comme le Data Mesh et les pipelines de données. Des tendances qui s’additionnent aux exigences de conformité et de résilience, et qui bousculent le stockage et l’archivage, des fonctions IT traditionnellement invisibles.

Les nouveaux concepts d’exploitation de la donnée, axée sur la fourniture d’un stockage unifié et décentralisé, d’un traitement en temps réel, de l’évolutivité et de la gestion des métadonnées, structurent l’évolution des architectures modernes de stockage, ainsi que des services qui les accompagnent. Une évolution qui efface imperceptiblement la frontière entre stockage et archivage, et qui incite les entreprises à consolider leur infrastructure. Pour ce faire, une couche d’abstraction est nécessaire. Elle se concrétise par l’une des tendances les plus significatives du stockage : l’hyperconvergence.

Avec le passage des solutions de stockage unifié traditionnelles à des offres davantage spécialisées, adaptées à des charges de travail et à des cas d’utilisation spécifiques, l’essor du stockage défini par logiciel et l’adoption d’infrastructures hyperconvergées, permettent de combiner les ressources de stockage, de calcul et de mise en réseau dans un seul système. Les responsables I&O¹ s’associeront aux initiatives des fournisseurs de plates-formes de stockage pour transformer les opérations des centres informatiques et des data centers.

L’hyperconvergence gagne du terrain

En somme, le marché se structure afin de mettre à la disposition des entreprises des solutions composées, fruits de partenariats technologiques croisés, pour accompagner les entreprises qui migrent de plus en plus vers des solutions pourvues des derniers raffinements fonctionnels, et dont l’intégration avec les couches applicatives hautes est opérationnelle d’emblée. Le tout dans des infras de protection des données distribuées, mais transparentes pour l’utilisateur. Selon Sébastien Verger, CTO France de Dell Technologies, « le marché du stockage évolue peu, mais si l’on observe la partie hyperconvergence, on voit que celle-ci vient grignoter le stockage traditionnel, à tel point que, dans ses chiffres, IDC prend désormais en compte la partie hyperconvergence qui porte la croissance ».

En parallèle, stimulée par la pénurie de profils technologiques et des besoins comme la surveillance des infras, la hausse de la demande de services de stockage et des solutions de stockage gérées, permettent d’externaliser l’infra auprès de fournisseurs tiers, lesquels offrent une expertise supérieure et des solutions à coûts maîtrisés. Selon Arnaud Bretillon, senior directeur Professional Services chez NetApp, « au-dessus du hardware et du software, s’est rajouté un élément de services et d’expertise qui est essentiel ». Dans ce contexte, des distributeurs à valeur ajoutée et des intégrateurs se lancent dans des offres de services afin de compléter leurs propositions.

Des enrichissements dont ils espèrent des retours multiples comme une augmentation des revenus, et une différenciation qui leur permet d’enrichir leur réponse aux besoins des clients. Selon Ian Caupene, P.-D.G. d’Integra Systems basée à Limoges, « lors de la création de notre société en 2008, nous vendons des produits ; à partir de 2012 nous commercialisons des solutions ; et depuis la crise de la Covid-19, nous vendons des services avec un engagement de résultats ».

Sebastien Verger - Dell Technologies

« La partie hyperconvergence vient grignoter le stockage traditionnel »

Sébastien Verger, CTO France, Dell Technologies

Les offres de matériels, de logiciels et de services combinent en effet les technologies et les compétences des revendeurs dans des offres qui permettent l’adoption et la coexistence « sans coutures » des stratégies actuelles de leurs clients, assorties d’un investissement limité pour ces derniers et sans modifier les procédures et les politiques en place. Pour preuve, la part des services chez Integra Systems était de 30 % en 2022 et devrait atteindre plus de 50 % vers la fin de 2023.

Investir pour vendre des services

La tendance nécessite toutefois des investissements de la part du channel afin d’enrichir ses compétences, et de répondre à des demandes comme la prise en charge 24/7. « Grâce à la vente de services, explique Ian Caupene, nous avons redéfini notre marketing en tenant compte que nous opérons sur la sécurité des données, des infras et des identités. »

Bien que l’évolution du stockage soit surtout stimulée par le besoin d’efficacité et de réduction des dépenses opérationnelles, y compris en prenant en compte les mécanismes de réduction de la consommation électrique, il est soumis à des évolutions continues afin de répondre aux exigences règlementaires et fonctionnelles modernes. Il s’agit non seulement de le rendre unifié et agnostique, mais aussi de l’adapter aux environnements diversifiés par l’hyperconvergence, le tout en y ajoutant une couche de services. Dans l’ensemble, cette addition à leur offre de produits est une opportunité d’évolution des catalogues de solutions qui aidera les acteurs de la distribution à valeur ajoutée à se différencier, à augmenter leur C.A., à répondre aux demandes spécifiques, à approfondir leurs relations et à accroître leurs marges.

1 I&O : infrastructure et opérations

« Au-dessus du hardware et du software, s’est rajouté un élément de services et d’expertise qui est essentiel »

Arnaud Bretillon, senior directeur Professional Services, NetApp

Questions à Gabriel Ferreira, directeur technique de Pure Storage

« En mode service, le coût de la Flash n’est que de 1,4 cent/Go par mois»

Gabriel Ferreira - Pure Storage
Le choix de la technologie est-il toujours sujet à question ?

Maintenir plusieurs copies sur des technologies différentes est, je crois, un prérequis qui fait partie des bonnes pratiques de sauvegarde. Donc trois copies sur deux sites distincts, effectuées selon des technologies disparates, c’est très bien.

Où en est-on sur la différence de coûts entre les technologies ?

Concernant les prix, depuis le 1er mars 2023 le coût d’acquisition de la mémoire Flash a croisé celui du disque dur. Ce jour-là, nous avons sorti l’offre Flash Blade//E : c’est la première fois dans l’histoire que le prix au giga de la Flash est équivalent ou inférieur à celui du disque mécanique en coût d’acquisition, hors principe de réduction et hors processus de compression et de déduplication. À l’achat, nous sommes entre 25 cents et moins de 20 cents le giga en Flash. S’il est utilisé en mode service, le coût est de seulement 1,4 cent le giga par mois. On est donc 40 % moins cher que les offres dans le cloud.

À quoi est due cette constante baisse de prix ?

Il y a deux raisons à cela. D’une part, les coûts d’industrialisation baissent. Ils sont entraînés par le marché grand public. On compte 8 milliards de smartphones sur cette planète, et il y a au moins une NAND dans chaque téléphone. Et d’autre part, la conception de nos médias de plus en plus denses entraîne encore une diminution des coûts par rapport au SSD classique.