Disques de stockage en rack

La flash s’impose partout dans l’infra

Le marché des baies Flash est catalysé par les technologies éprouvées telles que l’hyperconvergence et le software-defined, les nouveaux médias moins énergivores, ou l’intégration progressive de l’intelligence artificielle.

Août 2020
Par Bernard Neumeister
DELL TABLE SUR LE FULL NMVe ET SCM
Sebastien Verger - Dell

Sebastien Verger – Dell

Dell propose sa toute dernière baie de stockage milieu de gamme appelée PowerStore. Pour cela, le constructeur a misé sur les technologies les plus récentes : du NVMe de bout en bout qui sera rapidement complété par du NVMe-OF, de la mémoire Software Class Memory signée Intel, tout comme les processeurs Xeon. La solution fait aussi du scale up avec l’ajout de disque dans la baie, et du scale out, soit la connexion de noeuds pour former un cluster d’éléments additionnels. Pour Sébastien Verger, directeur technique chez Dell, « PowerStore est adapté à tous les workloads et supporte même un mixte entre stockage physique et virtualisé ».

Le cabinet d’études MarketsandMarkets évaluait le marché mondial des baies Flash à 5,9 Mds $ en 2018, tout en prédisant qu’il atteindra 17,8 Mds $ d’ici à 2023, avec un taux de progression annuel de 25 %. Les facteurs tels que la flexibilité, l’évolutivité, la simplicité d’installation et de maintenance sont également à l’origine du succès du marché AFA (All-Flash Array) qui propose, en outre, des capacités aptes à répondre aux besoins. Le tout étant dopé par des technologiques qui exploitent ces baies comme l’IoT ou l’edge computing. « Nous constatons que le stockage traditionnel sur des baies bascule vers l’hyperconvergence, soutenu par le software-defined », explique Cyril Fakiri, directeur technique chez Lenovo. Pour la marque, l’idée est de faire appel à des serveurs dotés de capacités de stockage SSD éventuellement reliés à des disques en JBOD (Just a bunch of disks), le tout géré par du software-defined. L’intérêt indéniable de cette architecture touche la flexibilité de l’installation en termes de scalabilité des solutions et la rapidité d’accès aux données. Ici, tout est virtualisé comme le CPU, la mémoire, le stockage avec l’usage des SSD, du protocole NVMe et des cellules mémoires Optane d’Intel, les plus performantes. Cependant, Lenovo dispose aussi de baies de stockage Full Flash, telles que la récente gamme DM 7100 qui embarque des contrôleurs NetApp, grâce à un accord de partenariat. Pour Mathias Robichon, directeur technique chez NetApp, « si le marché du stockage continue de croître en raison des besoins applicatifs, nous observons un mouvement qui reflète l’évolution du marché des prestataires généralistes vers celui des spécialistes capables d’exploiter les nouvelles technologies dans le data management ».

Cyril Fakiri - Lenovo

« Le stockage traditionnel sur des baies bascule vers l’hyperconvergence soutenue par le software-defined »

Cyril Fakiri, directeur technique chez Lenovo.

LE NVMe S’ÉTEND AVEC LE FIBER CHANNEL

Et dans ce domaine, le protocole NMVe est incontournable. Dans les baies de stockage Full Flash, il trouve sa place entre le serveur et la baie. Cette liaison est assurée par une connexion Fiber Channel qui encapsule du NVMe, tout comme en est capable le protocole Ethernet. Ainsi, selon les infrastructures chez les clients, NetApp peut adapter le NVMe sur du FiberChannel ou de l’Ethernet, « bien qu’il soit plus simple de le faire en FC », souligne Mathias Robichon. Une autre technologie se profile : la Storage Class Memory également appelée Persistance Class Memory. Elle vient se placer entre la mémoire et un module Flash, et accélère d’un facteur 1000, les échanges de données. Si Fujitsu dispose d’une gamme de baies de stockage avec l’Eternus AF, le constructeur germanonippon est conscient qu’une seule gamme ne peut répondre à tous les besoins. Raison pour laquelle, il a signé des alliances avec NetApp pour le stockage primaire et CommVault pour la partie Data Protection. « Nous voulons nous inscrire dans l’évolution des systèmes d’information actuels, et notamment leur hybridation », assure Gildas Paul, Business Développer chez Fujitsu. Pour ce constructeur, il s’agit de disposer de solutions sur site et hors site, c’est-à-dire en externalisant une partie des charges de travail dans le cloud grâce à OnTapp de NetApp. Fujitsu dispose ainsi de nouvelles offres qui répondent à ces souhaits de développement et d’automatisation du cycle de vie de la donnée et de l’application dans les entreprises. La société intègre de nouveaux acteurs autour du software-defined storage pour cette externalisation des charges de travail, tels que Qumulo. Ainsi, l’intégration au portefeuille de Fujitsu du logiciel de stockage de fichiers cloud hybride de Qumulo, combine sécurité et fiabilité du stockage on-premise évolutif NAS, et souplesse de l’archivage dans le cloud. IBM annonçait, en février 2020, que toutes ses baies de stockage prendraient l’appellation FlashSystem avec une plate-forme logicielle commune fournissant les mêmes API et la même gestion en local et dans le cloud. « Ceci signifie que toutes nos baies ont la même interface d’administration, discutent de la même manière, sont capables d’interopérer aussi bien sur site, entre sites et aussi avec du stockage dans le cloud où est installé ce même logiciel », assure Benoît Vautrin, responsable du développement Stockage chez IBM. Ce logiciel, appelé IBM Spectrum Virtualize, virtualise du stockage de baies et supporte jusqu’à 500 types de baies émanant d’autres marques, soit pour des migrations de données ou des environnements hétérogènes.

Benoit Vautrin IBM

« Nos baies interopèrent aussi bien sur site, entre sites ou avec du stockage dans le cloud où le logiciel est hébergé »

Benoît Vautrin, responsable du développement Stockage, IBM

LOGICIEL ET IA FONT LA DIFFÉRENCE

Côté IA, Huawei a été l’un des premiers à faire appel à cette technologie. Dans le domaine du stockage, le constructeur chinois l’a ancrée à ses baies OceanStor Dorado v6. « Nous avons fait appel à des processeurs ARM-64, couplées à des accélérateurs NPU maison, et misé sur des fonctions de tuning renforcées par des ressources en IA », précise Weitao Zhang, directeur commercial des solutions Data Center chez Huawei. Ce constructeur prépare aussi la sortie d’une solution de stockage software-defined, nommé OceanStor 100D. Ce dernier est un produit de stockage distribué intelligent avec des capacités de mise à l’échelle. Il fournit des interfaces industrielles standard – bloc, Hadoop Distributed File System (HDFS), objet et stockage de fichiers – pour les applications de couche supérieure, simplifiant les opérations et la maintenance (O&M).

Mathias Robichon - NetApp

« Le marché évolue vers des spécialistes capables d’exploiter les technologies dans le data management »

Mathias Robichon, directeur technique chez NetApp

SÉCURITÉ ET STOCKAGE AS A SERVICE

Comme la plupart de ses concurrents, Pure Storage propose ses propres baies de stockage telles que la récente FlashArray//C composée de disques NVMe à base de composants NAND QLC, lesquels améliorent le rapport prix/capacité mais au détriment de la vitesse. Pure Storage équipe également ses baies SAN haut de gamme FlashArray//X70 et X90 avec des modules de cache appelés DirectMemory qui réduisent la latence en lecture de 20 % à 50 %. Mais le plus important est sans doute l’ajout de la fonctionnalité logicielle Safe Mode. Elle interdit aux administrateurs de l’entreprise cliente de supprimer un snapshot, c’est-à-dire un instantané de stockage. Ce qui est primordial pour restaurer les données en cas d’attaque de ransomware. Pure Storage propose également Pure as a Service pour du paiement à la consommation du stockage. Des données résident en local, d’autres dans un cloud public.