Objectif RSE pour les fournisseurs IT

Objectif RSE pour les fournisseurs IT

Réduire l’impact carbone et les inégalités : telles sont les priorités d’une grande majorité des fournisseurs IT, surtout depuis la crise sanitaire et climatique. Des obligations plus exigeantes les poussent à accélérer.

Déc 2022

Le numérique consomme entre 10 % et 15 % de l’électricité produite dans le monde, et est responsable de presque 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), c’est-à-dire presqu’autant que le secteur aéronautique. Et, il est difficile d’imaginer une baisse à court ou à moyen terme vu les projections du volume colossal de données : + 40 % par an selon Statista jusqu’en 2025.

Cela se traduirait même par un doublement des émissions de GES d’ici à deux décennies. Dans ce contexte, que faire ? La réponse vise plutôt à ralentir le plus possible la progression des gaz. Et pour cela, fournisseurs, éditeurs, constructeurs, distributeurs et revendeurs fournissent des efforts pour offrir un numérique plus responsable et plus vertueux.

Virtualisation, miniaturisation des composants, conteneurisation, meilleure utilisation et exploitation des ressources, durabilité, recyclage, mutualisation, cloudification, etc. Toutes ces actions et techniques portées par l’innovation participent à rendre le numérique plus vertueux. Et du côté des clients, la prise de conscience est également là. Selon les 120 pages du rapport publié par IBM qui recueille les témoignages de dirigeants et de décideurs IT sur le thème de la transformation digitale et durable des grandes entreprises ou organisations, on apprend que 73 % des cadres dirigeants déclarent que leur entreprise s’est fixé un objectif de réduction nette des émissions de carbone.

Ces labels qui valident une démarche RSE

Sur le terrain, les engagements sont visibles via un certain nombre d’actions environnementales mais aussi sociétales. Par « sociétales », nous parlons ici de l’inclusivité, de la place des femmes dans l’IT, de la prise en compte de la diversité, ou encore de la qualité de vie au travail des salariés comme la mise en place du télétravail.

Ce dernier procure même ce double effet : il améliore le bien-être du salarié selon une majorité de Français¹, et contribue à réduire les transports. L’Ademe² estime que cette baisse des déplacements équivaut à 69 % du trafic, et à 271 kg eq CO2 annuels, par jour de télétravail hebdomadaire.

Dans les entreprises, ces engagements sont plus largement retranscrits au travers d’un plan RSE, on parle d’ailleurs de plus en plus des critères ESG (environnement, social et gouvernance). L’objectif est bien de concilier les aspects environnemental et social au pilier économique. Derrière une démarche RSE se cache une multitude de labels associés (Ecovadis, NR pour Numérique responsable, PME+, Lucie 26000, BCorp, etc.) qu’ils soient nationaux, européens ou internationaux, fondés sur des référentiels.

Mais quel label choisir ? à cette question, l’agence Lucie défend trois certifications : NR pour Numérique Responsable en partenariat avec l’INR, EnVol pour les TPE, et Lucie 26000 basée sur la norme internationale ISO 26000. Cette dernière, « même si elle est non certifiable, donne une ligne de référence pour une démarche RSE. Reconnue en France par les pouvoirs publics, elle se base sur sept thématiques dont la préservation de l’environnement, le respect de la légalité, le comportement éthique, le respect des droits de l’homme », précise Philippe Vachet, directeur des opérations au sein de Lucie. L’agence s’apprêtant aussi à créer début 2023 le label Positive lié aux engagements pris suite à la Cop21 à Paris en 2015, entre autres, sur la neutralité carbone.

Aux côtés des labels, on trouve aussi des normes et des réglementations à respecter, ces dernières se renforcent même d’année en année en raison de la situation d’urgence à lutter contre le réchauffement climatique. Citons déjà les directives européennes DEEE et RoHS portées par Ecologic (lire en encadré ci-dessus) qui obligent respectivement les émetteurs à assurer et à financer la collecte des équipements électriques ou électroniques en fin de vie, et à limiter l’usage de substances dangereuses.

Orosound
A l’image de la PME Orosound, fabriquer en France participe à réduire les impacts négatifs sur l’environnement tout en respectant les droits des salariés.

Renforcement progressif des réglementations

Toujours dans les obligations, la loi Agec impose, à hauteur de 20 %, des achats en matériel informatique recyclé ou reconditionné pour les entreprises du secteur public. Et, depuis le 1er janvier 2022, cette loi oblige les fournisseurs d’accès internet et les opérateurs télécoms à communiquer à leurs abonnés l’équivalent en émissions de gaz à effet de serre de leurs consommations de données.

En outre, la loi impose depuis le 1er janvier 2021 une obligation de publication de l’indice de réparabilité sur certains produits dont les smartphones et les ordinateurs portables. Depuis le 1er janvier 2022, l’absence d’affichage est sanctionnée d’une amende (15 000 € pour l’entreprise). Sans constituer une réglementation d’engagement à réduire les émissions de GES, l’article 229-25 du code de l’environnement oblige tout de même les entreprises de plus de 500 salariés, les collectivités de plus de 50 000 habitants, et des établissements publics (plus de 250 agents) et services de l’État à établir un bilan global de leurs émissions directes et indirectes de GES – un bilan qui prend bien sûr en compte le numérique.

Au niveau européen, la législation devrait aussi se renforcer : la taxonomie européenne, via la CSRD, (corporate sustainability reporting directive) étend les exigences, dès 2024, aux entreprises comptant plus de 250 salariés, même si, pour l’heure, le texte cible avant tout les 50 000 plus grandes sociétés de l’Union européenne. Rappelons que si l’entreprise souhaite investir dans de nouveaux projets, son modèle économique devra montrer une démarche environnemental sérieuse.

In fine, ces actions, labels et obligations se traduiront-elles par des bénéfices perceptibles ? N’oublions pas qu’il faut faire vite car pour l’Onu, les émissions mondiales doivent baisser de 45 % d’ici à 2030, par rapport à ceux du niveau de 2010… Et si la situation reste en l’état, le réchauffement pourrait atteindre les 2,5 °C d’ici à la fin du siècle, des conséquences dramatiques s’ensuivraient. 

1 Source : OpinionWay et Institut Elabe
2 Source : bit.ly/3X8zdDh

Un réseau de distribution attentif et impliqué

Pour promouvoir leur approche RSE auprès de leur réseau de distribution, les fournisseurs organisent des évènements dédiés, et profitent aussi, pour certains, de leur présence régionale tel Microsoft qui a créé des Experiences Labs en région (Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nantes et bientôt dans le Nord). « Ces hubs d’intelligence numérique servent, entre autres missions, de relais pour diffuser nos actions autour de la RSE et de l’environnement », confirme Eneric Lopez, National & Social Impact Director chez Microsoft.

Chez VMware, tous ces sujets autour de la RSE et du développement durable sont abordés lors d’événements dédiés comme VMware Explore (lire pp. 28 et 29). De plus, l’éditeur, en tant que partenaire, participe aussi aux événements organisés par ses revendeurs. Comme le rappelle à juste titre Fabrice Mazars, consultant stratégie IT de VMware, les partenaires qui agissent aussi en qualité de clients, sont de plus en plus exigeants sur ces sujets dans leurs appels d’offres.

C’est aussi pour donner des atouts à ses revendeurs lors de ces offres, que HP a lancé voilà deux ans le programme Amplify Impact. Rappelons que via ce programme, les revendeurs de HP bénéficient de ressources.

Dernier exemple, celui de Fujitsu qui s’engage au niveau local avec certains de ses partenaires. C’est le cas de Datacampus, un hébergeur local, qui a mis en place la technologie Fujitsu d’immersion des serveurs dans un bain d’huile dans son data center avec, à la clé, un PUE passant de 1,3 à 1,005, soit -30 % de consommation d’énergie.

Le double objectif solidaire et environnemental d’Ecologic

Comme le rappelle Florence Loretzin, responsable marché sur les secteurs IT, audio vidéo, télécommunications et impression chez Ecologic, le département R&D et Optimisation de cet éco-organisme à but non lucratif a pour vocation d’être attentif aux évolutions réglementaires ou législatives et d’en informer les opérateurs. «

Dans sa troisième version, la directive RoHS liste 10 substances dangereuses dans les équipements [dont l’ajout des phtalates principalement utilisés dans les plastiques NDLR] », donne en exemple Florence Loretzin. La lutte contre la raréfaction des terres rares est aussi une priorité en mettant toujours en avant leur recyclage. Florence Loretzin souligne aussi la loi Agec qui renforce l’aspect circulaire depuis le 1er janvier 2022 en encourageant davantage le recyclage et le réemploi notamment.

Présent depuis plusieurs années au salon IT Partners, Ecologic insiste sur l’importance du réseau de distribution qui représente, selon la porte-parole de l’éco-organisme, ce lien dans la chaîne d’information des réglementations, des évolutions et dans la gestion du cycle de vie des produits. En outre, Ecologic s’engage aussi à lutter contre la fracture numérique et le réemploi. Par exemple : LaCollecte.tech dont Emmaüs Connect en partenariat avec Ecologic récupère, reconditionne et redistribue du matériel de seconde main aux personnes en situation de précarité numérique et sociale. à noter que le CDRT et Eben auront été partenaires d’Ecologic jusqu’au 31 décembre 2022 lors d’une opération de collecte des DEEE dans le secteur réseaux et télécoms au profit de l’AFM-Téléthon 2022.