Imprimante réseau

L’impression cultive sa durabilité

Voilà des années que les fabricants d’imprimantes déclarent leur intérêt à l’égard de l’environnement. Même si ces industriels sont les plus avancés, ils doivent réaliser des progrès en matière de développement durable.

Déc 2022
Par Frédéric Bergonzoli

Tout le monde peut et doit s’améliorer, c’est en substance le message partagé par les concepteurs de solutions d’impression face aux défis environnementaux. Et pourtant, leur implication dans la réduction de l’empreinte carbone de leurs activités n’a rien de précipité. Il faut dire que le caractère polluant du secteur, dû pour l’essentiel à l’usage d’encre, de solvants et de papier peu respectueux de la planète, a été pointé du doigt dès l’aube des années 2000.

Une situation difficile à tenir pour des fabricants empreints de valeurs incompatibles avec la dégradation de la nature. D’incontestables progrès ont été depuis réalisés. Aussi les encres végétales ont-elles remplacé celles provenant d’hydrocarbures pour réduire l’émission de COV (composés organiques volatils). Quant au papier, la provenance du bois utilisé pour sa fabrication respecte de plus en plus les normes FSC et PEFC qui garantissent une exploitation durable des forêts. En outre, des techniques de blanchissage non toxiques ont été adoptées par les papetiers. L’Europe a par exemple exclu l’usage du chlore dans l’élaboration du papier dès 2005, mais à l’échelle mondiale, cette méthode perdure.

En plus des enjeux de production de leurs consommables, les constructeurs d’imprimantes sont confrontés à l’impact du cycle de vie des dispositifs qui composent leurs imprimantes et multifonctions, au même titre que les fabricants d’ordinateurs. Les visions et les stratégies mises en œuvre pour concevoir des périphériques aux performances sobres revêtent la même importance que les capacités de réutilisation et de recyclage.

Objectif zéro émission nette

À partir des recommandations du Giec, les constructeurs se projettent dans un avenir plus ou moins proche, de 2035 à 2055, où ils comptent parvenir à un stade de zéro émission nette, autrement dit l’élimination d’autant de gaz à effet de serre de l’atmosphère que ce qui est émis, de sorte que la quantité nette ajoutée est nulle.

Comme beaucoup d’industries, le secteur de l’impression mise sur des méthodes naturelles – comme la plantation d’arbres ou la restauration de prairies – pour absorber le dioxyde de carbone. Mais, pour atteindre les objectifs, cette « compensation » est loin d’être suffisante, alertent les spécialistes. Le cœur des activités des industriels doit lui aussi être revu sous le prisme de la durabilité, en privilégiant l’écoconception et l’économie circulaire, deux volets que les fabricants cherchent à déployer.

L’adoption de labels environnementaux, dont la certification ISO 14001, a permis de mettre en conformité les chaînes de production en matière de qualité de fabrication. Aucun constructeur ne peut être pris en défaut sur ces exigences. Mais la conception en amont des matériels reste un terrain de démarcation d’un fabricant à l’autre. Assembler une imprimante avec des matériaux légers, recyclables et recyclés, réduire son appétit grâce à des composants peu énergivores et à des modes de veille efficaces, optimiser son encombrement, sont autant de leviers d’actions.

De même, la fabrication des consommables est concernée. Alors que la chimie des encres a connu des progrès en termes de respect de l’environnement, certaines incluent encore des huiles minérales ou des résines plastiques qui ne facilitent pas le recyclage du document. En outre, les capacités de rechargement des cartouches devraient être standardisées pour faciliter une réutilisation simple. On en est loin.

L’ultime maillon pollue

La grande majorité de ces matériels comme ces consommables n’est conçue ni en France ni en Europe.

Des chaînes d’approvisionnement qui se veulent responsables de l’environnement ont été très tôt mises en œuvre par les fabricants mais, les transports restant une source de pollution, la logistique ne peut être indéfiniment optimisée. L’impasse fait écho aux vertus de l’économie circulaire. Convertis au recyclage des cartouches usagées puis à celui de leurs matériels, les concepteurs de solutions d’impression s’intéressent au reconditionnement. Une approche qu’ils auraient pu développer avant, mais la demande n’était pas là.

Les PME veulent imprimer moins de documents

Selon le baromètre du Snessii intitulé « Passage du papier au numérique dans les PME », ces dernières devraient réduire significativement leur volume d’impression d’ici à 2025. Réalisée par IDC en mars 2022 auprès de 160 PME, l’étude souligne une profonde modification des pratiques à l’égard du papier au sein de ces entreprises.

Deux tiers des PME interrogées tablent sur une baisse de leur volume d’impressions d’ici à trois ans. Seules 5 % estiment qu’il devrait augmenter, tandis que 29 % anticipent une stabilité. Couplées à la dématérialisation croissante des documents qui impacte la réduction des volumes d’impression, les considérations environnementales contribuent à la baisse attendue du nombre d’impressions pour plus des deux tiers des PME, rapporte IDC. Dans ce contexte, 37 % des PME se sont déclarées prêtes à acheter des équipements d’impression d’occasion, alors que 18 % le font déjà, et que 24 % d’entre elles envisagent l’achat de cartouches remanufacturées, sachant que 28 % ont adopté ce type d’approvisionnement.

En outre, les PME s’équipent de plus en plus de solutions grâce auxquelles leur usage du papier diminuerait. Enfin, 64 % anticipent une hausse du volume de documents numérisés dans les trois prochaines années.

1 Snessii : syndicat national des entreprises de solutions et systèmes d’information et d’impression.

Eben adopte le label QV3

« Nous avons simplifié des outils pour faciliter l’appropriation de la qualité de vie au travail »

Portrait de Loic Mignotte - Fédération EBEN

La fédération Eben, après avoir remis à Lexmark le prix de la Meilleure Initiative RSE en 2021, se concentre cette année sur le volet sociétal des engagements de ses adhérents. Cette année, pas de récompense, mais un accès au label de qualité de vie au travail QV3, grâce auquel une entreprise s’autoévalue autour des thèmes essentiels (prévention, santé, sécurité, ressources humaines, inclusion diversité), et progresse à travers un cadre favorisant la mise en place concrète de plans d’action.

« Les outils de perception de l’ambiance dans une organisation permettent de valoriser une démarche, mais ce label QV3 fournit en plus une conformité au cadre juridique, ainsi que des audits et des analyses de la culture de l’organisation et des stratégies adoptées en matière de bien-être des salariés. Nous l’avons adapté aux TPE PME, sans modifier le contenu scientifique autour duquel il s’articule », explique Loïc Mignotte, président de la fédération Eben. Ce label QV3 ajusté a été présenté lors de la convention de la fédération en octobre 2022. La mise en œuvre du projet attend une prise en charge par l’opérateur Opcommerce avant la soumission des premiers dossiers de candidature aux entreprises.

La GED, étape nécessaire mais insuffisante pour réduire l’empreinte carbone

La gestion électronique de documents illustre les atouts du travail sans papier sur le plan écologique, mais elle n’est pas exempte d’impacts sur le climat. Comme beaucoup d’éditeurs, Sages Informatique souhaiterait que son offre soit la plus vertueuse possible. La GED Zeendoc, que cette entreprise corse a lancée en 2011, gagne des parts de marché.

Portrait de Laurence Desouliere - Zeendoc

« Nous nous développons énormément, mais restons une PME de 130 personnes qui ne peut avancer qu’étape par étape en matière de RSE. En 2020, nous avons lancé l’initiative Zeenplanete qui se traduit par la plantation d’arbres en France pour compenser nos émissions de carbone, mais aussi celles des utilisateurs de Zeendoc qui calculent leurs propres impacts lorsqu’ils exploitent notre GED. Cette année, nous avons planté 3 000 arbres avec Ecotree, et l’ensemble de nos sites internet a reçu un traitement de décarbonisation. Dans le même temps, nous sensibilisons nos collaborateurs aux gestes significatifs pour réduire la consommation. Nous mettons en place un programme de cooptation des nouveaux salariés, et atteignons presque la parité homme femme », souligne Laurence Desouliere, directrice marketing et communication de Zeendoc, by Sages Informatique.