Comment les Opérateurs agissent pour abaisser la facture environnementale
Déc 2022Par Frédéric Bergonzoli
D’un point de vue climatique, c’est l’équation la plus difficile à résoudre dans le monde de l’IT : mener une politique environnementale vertueuse, tout en poursuivant une course aux parts de marché qui se traduit forcément par la hausse du nombre d’usagers de technologies et de services, et, par conséquent, de la consommation énergétique.
Les opérateurs télécoms, dont les équipements suivent un rythme d’évolution proche de celui de l’informatique, sont eux aussi confrontés à ce dilemme. Nous avons, d’un côté, la volonté de diminuer les émissions directes de CO2 notamment grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, l’optimisation des flottes de véhicules et le recours aux énergies renouvelables ; et de l’autre, une gestion des émissions indirectes de gaz à effet de serre, en raison des déploiements de réseaux et de l’augmentation des usages sur laquelle les opérateurs n’ont pas de prise directe.
Aussi l’Arcep souligne-t-elle dans son enquête Pour un numérique soutenable que si les principaux opérateurs ont baissé leurs émissions depuis 2018, la consommation des données mobiles, elle, a triplé entre 2017 et 2020. En outre, les réseaux fixes et mobiles représentent moins de 1 % de la consommation électrique totale en France, mais l’énergie qu’ils consomment augmente en moyenne de 5 % chaque année, indique le gendarme des télécoms.
Les opérateurs redoublent d’initiatives pour tenter de contrecarrer ces effets. Comment cela ? D’abord par le choix d’une logistique plus respectueuse de l’environnement pour se procurer du matériel puis l’acheminer vers les clients, ou encore la désactivation de certaines bandes de fréquences une partie de la nuit, lorsqu’elles sont le moins utilisées. Ensuite, par l’organisation de la récupération des terminaux et des équipements en fin de vie, de leur recyclage et de leur reconditionnement.
« la fibre beaucoup moins énergivore que le cuivre »
Mais c’est le retrait des câbles en cuivre au profit de la fibre qui constitue le virage le plus significatif vers une meilleure sobriété. « Lorsqu’on compare l’empreinte énergétique de la fibre optique à celle du cuivre ou de la mobilité 4G ou 5G, on est dans un rapport qui oscille entre 1 et 10. Dans les infrastructures télécoms fixes, la mutualisation des usages professionnels est une piste d’amélioration », souligne Soline Olszanski, directrice exécutive de Ielo.
Reste l’héritage structurel sur lequel repose l’industrie des télécoms : des applications hébergées dans le cloud et ses data centers accessibles par un maillage de plus en plus dense de réseaux de tout type.
Une calculatrice pour tout mesurer ou presque
L’Ademe, l’agence française de la transition écologique, finance des projets visant à diminuer l’impact environnemental des organismes et des entreprises. Elle réalise également des études sectorielles et produit des indicateurs et des méthodologies qui sont autant d’outils pour évaluer l’empreinte environnementale des entreprises. Ses PCR (product category rules) sont de précieux référentiels. Pour l’IT, deux PCR ont déjà été publiés : le PCR Services numériques définissant les règles générales pour l’ensemble des services numériques, et le PCR Fourniture d’accès à Internet, spécifique aux réseaux et restreint au périmètre de la loi Agec.
Deux autres PCR, l’un dédié aux data centers et l’autre aux réseaux et téléphonie d’entreprise, devraient être publiés sur le site de l’Ademe avant la fin 2022. « Nous avons noué un partenariat avec Alliance Green IT, Act For a Better Planet, Négaoctet et APL Data center pour faire aboutir le PCR Réseaux et télécoms d’entreprise. à l’issue de travaux qui ont duré une année en collaboration avec l’Arcep et l’Ademe, ce PCR est en passe d’être publié. Il s’accompagne d’un livre blanc et d’une calculatrice gratuite qui évalue l’empreinte carbone de tout type de matériel dans l’entreprise », indique Laurent Silvestri, président du CDRT.