Teleconseillers

Les MPS élargissent l’envergure des services pour les constructeurs

Les managed print services monopolisent les efforts des acteurs de l’impression depuis près d’une quinzaine d’années. Malgré des offres techniquement éprouvées, les constructeurs innovent toujours.

Oct 2021
Par Frédéric Bergonzoli

On en est au deuxième voire au troisième renouvellement de contrats MPS. La promesse qui accompagnait ces services était d’analyser les pratiques et les usages de l’impression dans l’entreprise, puis de recommander le positionnement de telle multifonction ou imprimante, et de telle politique d’impression pour réaliser de 20 % à 25 % d’économie. Cette promesse a été tenue, plutôt facilement puisque les entreprises partaient, d’une certaine façon, de zéro. Renouveler ces économies une deuxième fois est plus compliqué, et a fortiori une troisième… Les MPS sont devenus une commodité. Face à ce constat, nous identifions deux axes de développement. Celui de l’alternance entre matérialisation et dématérialisation du document, et celui du tout-inclus avec un business model sous forme de souscription, à l’image de ce qu’il se fait dans la téléphonie », analyse Philippe Pelletier, Marketing & Commercial Operations Director chez Canon. Pour le constructeur japonais, la gestion du document numérique est déjà une priorité de longue date. En revanche, son nouveau forfait tout compris appelé Unlimited est une petite révolution. Il inclut la location du matériel et une quote-part d’impression illimitée en noir et blanc et en couleurs, de quoi satisfaire les sociétés sur le plan de la prédictibilité des dépenses. D’autres acteurs du marché pourraient, à terme, proposer un forfait all inclusive, d’autant que le marché, fortement concurrentiel, attire des acteurs au-delà de la sphère des bureauticiens, les professionnels de l’IT bien sûr, mais aussi les fournisseurs de services managés qui cherchent à ajouter une brique print à leur offre. « Notre programme EPP fournit des MPS clés en main aux revendeurs, quel que soit leur profil, avec un accompagnement total ou une large autonomie », souligne Charles-Henri Perraudin, responsable des offres MPS chez Epson pour illustrer la flexibilité des fabricants. Le programme Epson Print Performance s’étend de l’installation de la machine jusqu’à la facturation, en passant par la livraison des consommables et la maintenance. Les revendeurs plus autonomes, notamment ceux qui disposent de leurs propres services techniques et maîtrisent le mode contractuel, peuvent compléter leurs offres de maintenance avec l’aide de la couverture nationale d’Epson. On observe la même approche chez Brother par son programme PrintSmart, à partir duquel sont déclinées des offres selon l’expertise des partenaires. Chez d’autres, la gestion du document numérique est un positionnement stratégique en parallèle des MPS, à l’image de Xerox et de ses intelligent workplace services qui fédèrent des outils destinés à accompagner la transformation digitale. Plus généralement, les fabricants historiques de copieurs ont été parmi les premiers à s’ouvrir à la dématérialisation en associant leurs multifonctions à une GED. Ces pionniers sont passés d’un service d’impression dont on rationalise les coûts, à un service chargé d’optimiser le fonctionnement global de la société, avec à la clé, une automatisation des processus documentaires et des opportunités commerciales inédites pour les revendeurs. Assez vite, le marché a vu fleurir des offres packagées où les trois composantes – MFP, capture et GED – associées ont fourni une valeur simple à mettre en oeuvre dans la dématérialisation.

Portrait Philippe Pelletier Canon

« Le nouveau forfait Unlimited inclut la location du matériel, et une quote-part d’impression infinie »


Philippe Pelletier, Marketing & Commercial Operations Director, Canon

ON EST LOIN D’AVOIR TOURNÉ LA PAGE DE L’IMPRIMÉ

Malgré la poussée des usages autour du document numérique, le recours au papier comme support d’information reste encore majoritaire. Loin d’être florissant avec sa décroissance régulière depuis quelques années, le marché n’en reste pas moins indispensable aux entreprises. Des tendances générales se dessinent. « Le marché des MPS évolue autour de cinq points. Le premier est le télétravail pour lequel les entreprises vont négocier des accords précis dès cette rentrée. Mais en tout état de cause, l’espace de travail devient plus mobile au bureau tandis que celui de la maison se développe. Cette nouvelle dimension doit être intégrée dans les MPS, en assurant le même niveau de SLA aux imprimantes utilisées en télétravail. Deuxième point, la sécurité, qui s’applique sur le matériel, mais également au niveau de l’accessibilité, de l’encryptage des données et du monitoring du réseau. Le troisième concerne le cloud printing et la nécessité d’imprimer un document à l’endroit le plus pertinent selon les activités de l’entreprise. Ce qui suppose une certaine flexibilité, de la sécurité et de la traçabilité. En quatrième position, le volet environnemental est une garantie pour l’entreprise de justifier la réduction de son empreinte carbone. Enfin, il faut tenir compte de la capacité de s’intégrer dans les processus métier, pas seulement avec des MPS mais aussi avec tout le portfolio de solutions attendues par le client, ce qui constitue une grande valeur ajoutée pour le channel », développe Fabien Da Col, directeur de la catégorie Solutions d’impression et consommables chez HP.

Portrait Fabien Da Col - HP

« L’espace de travail devient davantage mobile au bureau, alors que celui de la maison se développe »

Fabien Da Col, directeur de la catégorie Solutions d’impression et consommables, HP

RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE ET ENVIRONNEMENTALE

Loin d’être le seul à revendiquer les expertises et les solutions requises pour tirer parti de ces nouvelles évolutions, le fabricant américain se démarque à travers son programme Amplify Impact, qui, sous la base du volontariat, pousse ses partenaires de la distribution à adopter une économie circulaire et bas carbone. Comment cela ? En leur demandant de se fixer à moyen et long termes des objectifs de responsabilité sociétale et environnementale. En revanche, tous les fabricants sont à égalité pour choisir la meilleure infrastructure cloud dans laquelle ils veulent embarquer leur écosystème. « Le cloud, une majorité d’entreprises n’y pensaient pas avant l’arrivée de la Covid-19. Elles ont été nombreuses à l’adopter depuis, notamment pour y placer leurs postes de travail, mais l’impression dans le cloud n’a pas été leur priorité. Or, le cloud printing fait disparaître la charge financière des serveurs d’impression et présente un niveau de sécurité équivalent aux infrastructures sur site. L’impression est considérée comme un logiciel parmi d’autres », souligne Étienne Maraval, directeur du marketing de Lexmark. De son côté, Louella Fernandes, directrice du cabinet d’analyse Quocirca, estime, qu’on doit tenir compte de huit facteurs lors du choix d’une plate-forme de cloud printing. Selon elle, l’adoption d’une solution de cloud hybride, multitenant, dotée de dispositifs d’authentification, sans VPN, prenant en charge les pilotes d’impression natifs ainsi que les processus de capture de documents, et possédant la capacité de contrôler le fonctionnement des imprimantes et de surveiller leur consommation d’encre ou de toner, constitue la meilleure option.

Portrait Etienne Maraval - Lexmark

« Le cloud printing fait disparaître le poids financier des serveurs d’impression »

Étienne Maraval, directeur du marketing, Lexmark

« Notre programme EPP fournit des services d’impression managés clés en main à tout type de revendeurs »

Charles-Henri Perraudin, responsable des offres MPS, Epson

L’ALLÉCHANTE ET ÉPINEUSE ALTERNATIVE DES CONSOMMABLES COMPATIBLES
On le sait, les fabricants de solutions d’impression tirent leurs principaux revenus des consommables qu’ils produisent, et voient d’un mauvais oeil toute tentative de briser leur monopole. C’est sans compter sur l’offensive au long cours d’autres industriels qui revendiquent un part du gâteau en faisant chuter les prix de près de 30 % grâce à leurs propres offres. Plusieurs types de cartouches de toner et de jet d’encre existent. D’abord la cartouche OEM, commercialisée sous la même marque que celle du matériel pour lequel elle est destinée et équivalente à une cartouche constructeur neuve. On trouve ensuite la cartouche originale reconditionnée, qui subit des traitements de recyclage avant sa commercialisation. La cartouche dite compatible, générique ou no-name est, quant à elle, conçue par un fabricant non OEM. Elle est constituée de composants et de matériaux neufs ou réutilisés. La cartouche clone, fabriquée sur base des copies de composants d’origine par un tiers non OEM, se fait de plus en plus rare. Enfin, le produit à proscrire, et dont la vente est, illégale est la cartouche contrefaite. Composée d’éléments neufs ou rénovés, son packaging utilise la marque ou imite celui du fabricant. Parmi les acteurs du marché du reconditionné et du compatible, le français Armor décline depuis quelques années sa marque Owa, qu’il réserve aussi à son offre de MPS Dyalog. Cette dernière accueille la nouvelle fonction EcoToner, qui permet aux revendeurs de solutions d’impression d’ajuster à distance le niveau de consommation d’encre et de toner des parcs d’imprimantes hétérogènes. Les stocks en toner et encre alternatifs se renouvellent régulièrement pour les revendeurs, à l’instar de Mobility qui relaie des cartouches no name depuis peu. Mais dans les coulisses, les relations entre fabricants d’imprimantes et revendeurs de consommables compatibles sont loin d’être au beau fixe. En obligeant le channel à exploiter des consommables d’origine pour leurs programmes de MPS, les constructeurs de solutions d’impression ont cependant trouvé une parade pour minimiser l’impact des génériques sur leur revenu.

LA GESTION DE PARCS, PIERRE ANGULAIRE DES MPS
Au coeur des stratégies des services d’impression managés, le pilotage des flottes de périphériquesfait l’objet d’une concurrence feutrée entre constructeurs et éditeurs. Qui donc peut tirer le meilleur parti technologique des équipements, à part ces mêmes fabricants d’imprimantes ? Ils sont a priori idéalement placés pour assurer le déploiement et la sécurisation de leurs matériels, leur supervision quotidienne, l’alimentation en consommables, la récupération d’informations, et la maintenance prédictive. Les éditeurs spécialistes de la gestion des parcs d’impression ne sont point de cet avis. Non seulement ils revendiquent la même expertise mais ils assurent être réellement agnostiques des marques. C’est donc sur le plan de la gestion de l’hétérogénéité que se positionnent ces éditeurs. Chez MyQ, la solution éponyme est présentée comme un moyen de pallier l’absence d’unification des systèmes d’impression. Elle embarque l’ensemble des fonctions destinées à la supervision et au contrôle de parcs, en mettant l’accent sur les volets mobilité et sécurité. Idem pour la solution Kpax de Bluemega, qui réalise sur site ou dans le cloud, les opérations de la mise en place de solutions d’impression managées. On pourrait encore citer les offres d’Armor ou celles de Watchdoc qui, elles aussi, permettent de bâtir de la valeur ajoutée autour des périmètres d’impression.