Imprimantes exposées

Imprimer, c’est encore l’avenir

Malgré un ralentissement des ventes durant la dernière décennie, les revenus générés par le marché de l’impression devraient rester stables pour les cinq prochaines années. Le papier n’est pas près de disparaître.

Sep 2022
Par Thierry Bienfait

Maintes fois annoncé, le glas des imprimantes n’a pas encore sonné. Pourtant, à partir de 2012 le moral des constructeurs s’est peu à peu assombri.

Difficile en effet de se montrer optimiste quand les résultats déçoivent même les leaders mondiaux, affichant à cette époque-là des revenus en recul de 3 % à 21 %, contre des bénéfices en hausse de 21 % en moyenne un an auparavant. Pis, l’incroyable « cash machine » des consommables a commencé à ralentir : -0,3 % en Europe en 2012, à 351 000 unités. Consécutivement à ces performances moroses, on a alors vu le marché se contracter, essentiellement dans le grand public où se généralisaient les baisses de ventes à deux chiffres. Signe de ce repli, les fabricants se sont logiquement concentrés sur la clientèle des entreprises, comme Lexmark cédant son activité jet d’encre, et se renforçant dans les logiciels professionnels.

Les acteurs de l’impression n’ont plus le blues. Le marché a recouvré des couleurs avec l’envolée des ventes depuis la pandémie.

Toute cette industrie a redoublé d’efforts technologiques, en optimisant la consommation des encres, en augmentant la rapidité d’impression, en améliorant la qualité du rendu, en ajoutant de nouveaux outils et de nouvelles fonctionnalités (comme les applications dédiées à la mobilité). Surtout, plus que le matériel, ce sont les services – particulièrement rentables – qui ont donné un nouveau souffle au secteur en répondant mieux aux besoins. Autant d’évolutions grâce auxquelles ce marché se maintient.

OPTIMISATION DES COÛTS

Ainsi, les offres MPS, l’informatique à distance, la GED, le coût à la page, la gestion de parcs d’imprimantes ou l’externalisation des processus métier constituent un business très profitable. Les systèmes dédiés à l’optimisation des coûts, par exemple, ont progressé de 20 % au cours des cinq dernières années, et devraient atteindre 19,8 Mds $ en 2022, prévoit le cabinet Gartner. Mieux encore, la demande en équipements a rebondi en 2020 et 2021 pour cause d’explosion du télétravail, laquelle a pris de court les fabricants. Ils affichaient alors une forme « plutôt satisfaisante », comme le reconnaît le Syndicat national des entreprises de systèmes et de solutions d’impression (Snessii). Tandis que le volume imprimé baissait de 5 % chaque année, il s’est écoulé 50 % de machines en plus de mi-2019 à mi-2021, évalue le cabinet d’études IDC.

+ 49,8 %
de jet d’encre professionnelles livrées

(Source : IDC, 2021 en France)

À l’heure des virages stratégiques négociés dans les entreprises vers le travail hybride, les analystes se montrent toutefois prudents dans leurs prévisions. « La pandémie a contribué à la croissance des marchés de l’impression, mais nul ne sait combien de temps cette hausse se poursuivra, alors que les gens retournent travailler au bureau, explique Phil Sargeant, spécialiste des matériels et solutions documentaires chez IDC. Lequel ajoute : « Les signes de ce revirement incluent une demande accrue d’appareils conçus pour les groupes de travail, surtout des MFP laser couleurs A3. »

Seule ombre au tableau : l’approvisionnement en semiconducteurs. Le risque plane autour d’une éventuelle accumulation des retards de production, tandis que les marques seraient contraintes de revoir leurs prévisions de production à la baisse. En attendant un retour à la normale, plus favorable pour répondre à la demande (en 2023, pronostiquent les experts), les fournisseurs et leurs grossistes devront adapter à cette crise la chaîne d’approvisionnement et la gestion des stocks. L’heure est à la débrouille pour ne pas être en rupture ni perdre des clients.

Un problème en chassant un autre, se posera ensuite la question des hausses de prix. En matière de consommables notamment, le prix du papier ramette devrait flamber. Selon le magazine spécialisé Pap’Argus, il aurait augmenté de 30 % en 2021.