Siege Bluescreen

Bluescreen l’atout fournisseur de services managés de LDLC

Lancée en plein coeur de la pandémie, Bluescreen est une filiale MSP de LDLC. Une structure à la fois indépendante et intriquée dans le réseau du plus important franchisé du marché IT français.

Sep 2021
Par Vincent Verhaeghe, à Limonest, photos Olivier Guerrin, andia.fr

Plus de 1 000 collaborateurs, un C.A. qui flirte avec les trois-quarts de milliard d’euros en 2021, plus de soixante points de vente en franchise, sept sites marchands… dire que LDLC pèse lourd dans l’IT français est un euphémisme. L’enseigne, qui a construit son succès depuis vingt-cinq ans sur la vente aux particuliers, a depuis ajouté une corde B2B à son arc avec LDLC.pro, tout en restant concentrée sur la vente de matériel et de logiciels. À part le support technique et les solutions de financement, les services n’ont jamais réellement fait partie du développement du groupe, dirigé par Laurent de la Clergerie, son fondateur. Voilà qui a changé depuis avril 2020, mais de façon assez singulière. Car, plutôt que d’adosser une activité de services managés à ses sites marchands et boutiques physiques, les dirigeants de LDLC passent par une filiale dédiée appelée Bluescreen, dont l’intégration au groupe s’est réalisée, elle aussi, de façon peu orthodoxe. En effet, il faut remonter dix ans en arrière pour trouver la véritable origine de Bluescreen. En 2010, Antoine Rampin entre chez LDLC en tant que chef du service technique de la boutique de Lyon Vaise. Parallèlement à cette charge, il lance et développe de façon indépendante sa propre activité de services IT. En 2015, il prend les rênes de la boutique de Lyon Vaise, mais ne lâche pas Bluescreen, bien au contraire. « Fin 2019, je rencontre Laurent de la Clergerie et lui propose de mettre en place une activité de MSP au sein de LDLC en s’appuyant sur la structure dont j’avais posé les bases. Ça tombe bien car lui-même envisage de développer les services managés dans le groupe. On se rencontrait donc au meilleur moment ! », évoque, avec enthousiasme, Antoine Rampin, directeur associé de Bluescreen.

En tout et pour tout, Bluescreen commercialise trois packs, dont deux sont dédiés aux postes clients, et l’autre, aux serveurs.

EFFECTIFS ET OFFRE COMMERCIALE RATIONALISÉS

L’idée est de créer une filiale à part, avec à la clé, des moyens humains dédiés. Ainsi, Bluescreen se contente d’un simple bureau et de quelques techniciens en desk – pour un total de cinq personnes – au coeur de l’imposant campus que LDLC a monté à Limonest, où on retrouve pêle-mêle une école formant les futurs talents, une salle de conférence suréquipée, ou encore une piste de bowling ! On note même un contraste assez étonnant entre la démesure qui caractérise LDLC ces dernières années et le destin apparemment modeste de Bluescreen. « Un MSP n’a pas forcément besoin d’une équipe étoffée de collaborateurs pour adresser un grand nombre de clients. Chaque technicien peut gérer entre 2 500 et 3 000 postes clients et serveurs, s’il possède les compétences et les outils appropriés », souligne Antoine Rampin, qui précise privilégier l’embauche et la formation de techniciens sortant de l’école. Pour la gestion de parcs, le fournisseur de services managés installe des agents Datto sur tous les postes surveillés et en est satisfait. « Rien que par le monitoring, nous gérons et résolvons jusqu’à cent tickets par jour. Datto nous offre l’avantage immense de nous mener vers d’autres solutions logicielles par le biais d’API ouvertes. Nous développons donc des scripts qui automatisent un maximum de procédures, voilà une condition sine qua non pour un modèle MSP rentable. » À cela s’ajoutent une organisation et une administration dématérialisées qui, là aussi, fluidifient les process et libèrent du temps pour d’autres tâches.

Portrait Antoine Rampin - Bluescreen

« Les points de vente LDLC nous garantissent un temps d’intervention contractualisé qui rassure les clients »

Antoine Rampin, directeur associé de Bluescreen

ANCRÉ SUR TOUT LE TERRITOIRE ET CLIENTÈLE FIDÈLISÉE

Bien qu’indépendant, Bluescreen profite tout de même de liens naturels avec sa maison mère, à commencer par les boutiques franchisées. Tous les problèmes ne sont pas résolus à distance, et lors d’un déplacement en clientèle, le MSP s’appuie sur les quelque 150 techniciens du réseau LDLC. « Ces boutiques nous donnent des points de proximité sur le territoire, et nous garantissent un délai contractuel d’intervention qui rassure les clients. Il arrive aussi que nos visites débouchent sur de nouveaux projets pour LDLC : nous voici vraiment au coeur d’une relation gagnant gagnant. » Bluescreen profite aussi des infrastructures IT de LDLC, son site web – lui aussi indépendant de l’enseigne – y est hébergé, et les clients du MSP profitent des éléments de sécurité que la marque a mis en place. Toutefois, les deux entités doivent éviter d’entrer en concurrence sur certains points. Ainsi, Bluescreen ne commercialise pas de licence Microsoft 365 car l’offre figure au catalogue de LDLC. Cela aboutit parfois par la mise en place deux contrats chez un même client, auxquels s’ajoutera parfois un accord de financement sur le matériel via le service maison LDLC Pro Lease. « Mais cela ne pose pas de problème d’organisation, car notre offre a le mérite d’être très simple et claire », souligne Antoine Rampin. En effet, alors que beaucoup de MSP proposent des services à la carte dans lesquels le client puise telle ou telle brique avec une facturation élastique, Bluescreen, lui, commercialise trois packs en tout et pour tout. Deux d’entre eux sont dédiés aux postes clients : Cyan à 19 € par poste et par mois, et Saphir à 39 €. Le premier comprend les briques indispensables de sécurité (antivirus, antimalware et protection de l’identité), garantit une intervention en quatre heures, et une gestion du support par ticket. Le pack Saphir réduit le délai de prise en charge à deux heures, propose un monitoring des sauvegardes, et surtout, dédie un interlocuteur unique avec support téléphonique. Le dernier pack, Cobalt, est destiné aux serveurs et facturé 89 €/mois. « Nous apportons ainsi le maximum de transparence à nos clients et, en outre, tous ces contrats sont sans engagement. Et puisque le client peut interrompre son contrat quand il le veut, cela nous oblige à être encore plus rigoureux. » Après quelques mois d’existence, Bluescreen gère déjà plus de 500 postes et serveurs, et n’a perdu aucun client. « Le seul cas litigieux est lié à une entreprise qui a dû mettre en pause son activité en octobre 2020 à cause de la pandémie, mais son contrat repart ce mois-ci. » Un taux d’attachement record qui résulte aussi de la très forte implication de Bluescreen en matière de sécurité. Comme tout MSP, l’entité sait que la sécurité de ses clients dépend aussi de la sienne. « Nous sommes labellisés ExpertCyber par l’Afnor, comme une soixantaine d’entreprises en France seulement, et notre expertise se retrouve dans les produits que nous vendons », insiste Antoine Rampin. Sophos, Vade (ex Vade Secure) ou encore Webroot (racheté en 2019 par OpenText) figurent en première page du catalogue de Bluescreen qui s’appuie sur le spécialiste BeMSP, pour leur distribution. « J’attache aussi beaucoup d’importance à la veille technologique. Le marché du MSP évolue rapidement, et il ne faut pas hésiter à chercher de nouveaux outils ; c’est d’ailleurs un domaine dans lequel BeMSP nous aide aussi beaucoup. » Sans faire de bruit et à son rythme, Bluescreen grandit dans son cocon LDLC, et profitera sans doute de la vague de croissance continue des services managés en France.


LE PARADOXE D’UN ÉCRAN JAMAIS BLEU
L’origine du nom Bluescreen rappelle des souvenirs – peu agréables – à beaucoup car elle évoque le blue screen of death, fameux écran bleu qui apparaît aux yeux dépités de l’utilisateur lorsque Windows plante à la suite d’une erreur système critique. Présent depuis la v2 de Windows, cet à-plat existe toujours sur la v10, après une évolution comme celle du QR code qui relie au support technique. Notons que sur la première version de Windows 11 (lire p.14), l’écran bleu est passé au noir. Bluescreen a évidemment choisi ce nom de façon ironique, l’objectif étant pour le MSP que la couleur chère à Goethe ne se fige pas sur les écrans de ses clients.