Portrait de Cyril Vidal - CrossCall

Cyril Vidal – Fondateur & Président de CrossCall – La liberté au Coeur

Attachant et complexe, l’homme se livre peu de prime abord. En réalité, il s’accomplit dans l’action. L’exercice du libre arbitre est l’aventure de sa vie, car il préside à ses choix personnels, à son entreprise et aux êtres qui la composent.

Jan 2022
Par Pierre-Antoine Merlin, à Aix-en-Provence. Photos François Moura, andia.fr

Cyril Vidal est d’abord un secret bien gardé. Il écoute, observe, jauge, se glisse dans la conversation comme par effraction, et sans emphase. Intimidant, certes, mais tellement accessible : à peine arrivé, l’auteur de ses lignes se retrouve prestement en voiture, direction le restaurant. Avec un bon vin, le préféré de la puissance invitante. C’est le sésame. Doucement, la conversation roule sur tous les sujets. Au retour, dans un vaste espace qu’on appelle bureau, l’entretien peut commencer. Méditerranéen, Cyril Vidal l’est de tout son sang. Mais il n’est pas marqué par l’exubérance superficielle qu’on prête (à tort) aux gens du Midi, expression préférable à ce récent et sinistre Sud sans âme. « Je suis issu du milieu des rapatriés d’Algérie. Mon père, lui, était chef d’entreprise. C’était un milieu aisé, avant que survienne une rupture sous forme “d’accident de la circulation”. Dès lors, nous arrivons dans le quartier marseillais des rapatriés. La vie est moins facile. Et puis après, on déménage. J’accède alors à un collège situé dans un quartier plus structuré, sans conflit. Pas de problème, j’étais devenu no fear. » Dans cette longue pérégrination marseillaise, à la fois géographique et historique, se cache peut-être l’explication de la maîtrise, du calme, de la sérénité même qui émanent de Cyril Vidal. La famille passe de l’aisance à la difficulté, puis à nouveau dans un arrondissement plus facile. Lorsqu’on est élevé dans un quartier populaire, les rapports avec l’entourage, l’école, la rue, peuvent s’avérer rudes. De fait, ils l’étaient. Ensuite, tout paraît simple. Au fond, le futur fondateur de Crosscall a eu la chance, et ce n’est pas un paradoxe ironique, d’avoir dû se battre dans ses jeunes années. Il a bénéficié en cela d’un soutien précieux, peut-être le meilleur de tous : « J’avais de l’amour à la maison. »

Portrait de Cyril Vidal - CrossCall
« Tant qu’on aura la volonté de créer cette positivité, tout ira bien »

LA CONFIANCE POUR TOUT VIATIQUE

Portrait de Cyril Vidal - CrossCall

Tout est là. L’amour, l’affection, la confiance, le respect : au long de ce long entretien avec Cyril Vidal, plutôt une rencontre humaine, de celles qu’on n’oublie pas, cette litanie de mots s’invite, à intervalles réguliers, dans son vocabulaire. Quand les mots n’y sont pas, ils imprègnent malgré tout l’ensemble de son système de pensée. Un système cohérent. Car ce chef d’entreprise original déploie pour son propre compte une vision du monde, comme cette « Weltanschauung » chère aux philosophes allemands des Lumières, puis du romantisme. Une conception humaniste puisée aux meilleures sources, qui l’amène naturellement, après les années de formation, à l’exercice délicat des choix de vie. Chez lui, tout marche de concert : le privé et le professionnel, la tête et les jambes, le devoir et le plaisir. « Ce qui importe, c’est créer de la valeur. Dans tous les sens du terme. Il existe en effet un cercle vertueux de la confiance. C’est un capital à la fois humain, social et intellectuel. Et avec la confiance et la liberté, vient souvent l’initiative. Aucun chef d’entreprise ne reprochera à quelqu’un de vouloir faire ou agir. En somme, de proposer quelque chose de bien. On peut toujours inventer quelque chose à son propre niveau. Voilà une liberté. » Entre un regard intense qui scrute l’horizon et le sourire brusquement radieux, Cyril Vidal réfléchit à voix haute. Comme s’il cherchait l’inspiration pour y trouver le mot juste. À ce moment-là, vous n’existez plus. Comme la note bleue, ce mot est exprimé avec parcimonie, presque discrétion, et d’une voix remarquablement calme. « Il faut être maître de son cerveau », laisse-t-il tomber, comme en aparté. On devine le tréfonds de sa personnalité. Ne pas se laisser entamer, jamais. Ne pas dépendre. Ne pas subir : tout est là.

MANAGER, C’EST ASSOCIER ET ENCOURAGER

Portrait de Cyril Vidal - CrossCall

Marchant sur les brisées paternelles, Cyril Vidal accompli ses premières armes dans le domaine du bâtiment et des travaux publics. Pour quelqu’un qui manifeste, chevillée au corps, la volonté de faire, et qui n’aime rien tant que les défis concrets, voilà une véritable aubaine. Au début, en tout cas. Car assez vite, la liberté, encore elle, lui manque. Il voit toujours plus grand, toujours différent. Plonger dans l’inconnu pour trouver du nouveau. « C’est arrivé à un moment où je ressentais un écart grandissant entre mes ambitions et ce que l’on pouvait m’offrir. Je bouillais en moi. Je voulais vivre des sensations. Donc je décide de créer ma boîte en mettant au point des produits adaptés à l’environnement qui les contraint. Il fallait que les téléphones soient plus résistants, plus durables. Je crois profondément avoir compris qu’on entrait alors dans un univers qui n’allait pas nous lâcher. Que c’était, et pour longtemps, celui de la communication mobile. » Ce féru de liberté voit dans sa prémonition une opportunité majeure de se réaliser. Quel meilleur vecteur qu’un outil nomade pour parvenir à ses fins ? Sitôt dit, sitôt fait. « Au début, je me suis occcupé de tout. En mettant en oeuvre quelques-uns de mes principes simples : “Ce que je veux, je le peux” ; “Il y a toujours une solution.” Et j’ai toujours bien dormi. » On ne sait pas comment il fait, mais on le croit sur parole. Les locaux lui ressemblent. Ils ouvrent, jouent astucieusement la carte du design avec la lumière, mais aussi celle du fonctionnel, du qualitatif qui s’incarne dans l’accueil, le sport omniprésent, et même, curieusement, une certaine forme de silence. On ne sent pas de stress. Quant aux bureaux, ils sont spacieux, vastes, clairs, transparents presque, au sens propre comme au sens figuré. « Tout le monde sait quand je suis là, car nous partageons de grands espaces où le soleil entre, et je diffuse mon agenda avec tout le monde. Et ça marche : pas un prud’homme, ni de conflit, pas d’ennemi. Je me suis versé mon premier salaire en 2016. Et quand un collaborateur veut partir, je l’encourage. Il arrive que je l’aide financièrement. Au fond, je suis égoïste. J’ai le plaisir de partager un bonheur tous les matins, avec mes salariés. Je suis entouré de gens. Je suis un enfant gâté. Ici, la hiérarchie endosse le rôle de guide. Régulièrement, nous organisons un séminaire : nous regardons où nous en sommes, où nous voulons aller. Chacun s’exprime. C’est une espèce de référendum local. Stop ou encore ! C’est la même chose au plan individuel. Il faut encourager ceux qui veulent grandir, tout en n’oubliant pas ceux qui ne le veulent pas. » Cyril Vidal n’est pas un patron contrôlant, dont les employés viennent au bureau, contents ou pas. Sa façon d’être, apparemment sincère, est de laisser le plus d’initiative possible à ses collaborateurs, étant entendu que le niveau de responsabilité figure sur l’organigramme. Une forme de décentralisation joue sans doute pour beaucoup dans cette réussite.

« HOMME LIBRE, TOUJOURS TU CHÉRIRAS LA MER »

Portrait de Cyril Vidal - CrossCall
« Avec la confiance et la liberté, vient souvent l’initiative »

On ressort de cet entretien calmé et ragaillardi. Attaché à la liberté des autres, comme Cyril Vidal l’est à la sienne, il souhaite que chacun endosse ses choix, associe dans un même mouvement liberté et responsabilité, dans tous les compartiments de sa vie. Pour lui, en tout cas, l’être – plus que l’avoir – fonctionne en symbiose avec lui-même et son environnement. Chacun est son propre chef d’orchestre et bat la mesure qui, pour être imaginaire, est toujours renouvelée. Chacun peut, et non doit, faire usage de sa liberté. « Le message que je voudrais faire passer tient en une phrase : tant qu’on aura la volonté de créer cette positivité, tout ira bien. » Dans la tête de Cyril Vidal, l’aventure commence tous les jours. Il n’y a pas de rupture entre le petit garçon obligé de se défendre dans un quartier de Marseille, le sportif qui, au cours d’une sortie personnelle en jet-ski, comprend qu’un smartphone étanche et sécurisé serait utile pour appeler éventuellement les secours, le chef d’entreprise qui a charge d’âme, et l’amateur de Château-simone. Aux uns, il apparaît comme une sorte de Rémi Bricka actualisé. Aux autres, il incarne le pianocktail de Boris Vian. C’est pourtant le même Cyril Vidal, homme libre, qui les vaut tous et que vaut n’importe qui.

Portrait de Cyril Vidal - CrossCall
« J’ai le plaisir de partager un bonheur tous les matins, avec mes salariés. Entouré de gens, je suis un enfant gâté »

REPÈRES
Cyril Vidal a quarante-deux ans. Il est marié et père d’un enfant.
PARCOURS (SÉLECTION)
1999 Baccalauréat B (à dominante économique).
2000 Algeco, commercial. Diplôme de technicien supérieur en force de vente.
2003 Loxam, commercial. Fonctions de responsable de centre de profit, puis responsable d’une filiale.
2006 Mediaco, directeur commercial grands comptes.
Depuis 2009 Crosscall, fondateur et président.

J’AIME
MUSIQUE De Sting jusqu’à des découvertes plus récentes.
LITTÉRATURE Fan de BD, en particulier celles d’Uderzo. Mais aussi les livres qui ont trait à des personnalités politiques qui ont marqué leur époque et notre pays.
FILMS Itinéraire d’un enfant gâté, de Claude Lelouch. American Gangster, de Ridley Scott, avec Denzel Washington.
LIEU L’Espagne.
GASTRONOMIE Le plat italien bocconchini. Quant au vin, en blanc, le château-simone, appellation Palette.
SPORT Trail, running et boxe française.