Affichage point de vente

Rallumer l’écran noir, repartir de l’avant et renouer avec la progression du marché

Le secteur de l’affichage dynamique, suspendu à l’évolution de la pandémie, espère une relance pour renouer avec de meilleurs résultats. En juin, l’ISE Barcelona sera le baromètre.

Mai 2021
Par Frédéric Monflier

Au printemps 2020, les écrans professionnels destinés à l’affichage dynamique ont quitté leurs entrepôts au compte-goutte. Et pour cause : mis à contribution pour endiguer la vague épidémique, les commerçants avaient été enjoints à baisser le rideau, et les hôteliers à fermer leurs établissements. Privés d’accès, les fabricants de la filière audiovisuelle et leurs partenaires revendeurs n’ont pu sauvegarder l’ensemble de leur activité, et donc leur chiffre d’affaires. « Notre résultat a été amputé d’un trimestre », déplore Fabrice Penhoat, responsable Signage chez Philips PDS, en France. Et les concurrents sont logés à la même enseigne. Cependant, tous les marchés n’étaient pas au point mort. « L’affichage dynamique s’est moins vendu, au profit des écrans pour les entreprises, le secteur éducatif et le monde de la santé, précise Fabrice Penhoat. En l’occurrence, voilà un transfert. » Si cette redistribution n’a pas compensé la baisse, au moins elle l’a amortie. Les entreprises, donc, ont équipé ou modernisé leurs salles de réunion. En outre, certains hôtels ont saisi l’occasion de la fermeture administrative pour se lancer dans des travaux, consistant à « rénover leur affichage dynamique et leurs murs d’images », témoigne Léa Ryu, chef de produit Affichage professionnel, chez LG Electronics France. Le secteur de l’affichage professionnel était ascendant avant la crise sanitaire, et devrait recouvrer son élan dès la fin de la pandémie, selon les analystes. « Nous avons dépassé notre budget prévisionnel sur le premier trimestre 2021, déclare, chez Philips PDS, Fabrice Penhoat, mais il est difficile de livrer des écrans. » Les incertitudes continuent de peser et incitent les clients à ajourner voire à annuler leurs projets. « Les hôtels, par exemple, réinvestiront dès que la clientèle sera de retour, confie Franck Sublemontier, ingénieur avant-vente chez Sharp NEC Display Solutions Europe. Au moindre problème, la tendance peut repartir à la baisse. Nous vivons une période en dents de scie. Quand est-ce que cela repart ? C’est la question. » Aussi, dans quelles proportions ? Difficile d’imaginer un rebond qui rattraperait les ventes perdues en 2020. Franck Sublemontier se veut modérément optimiste : « On devrait revenir au niveau antérieur à l’arrivée de la Covid-19. »

Portrait de Lea Ryu - LG Electronics

« Le LG Magnit est doté de la technologie Micro LED qui renforce les couleurs et révèle les détails »

Léa Ryu, chef de produit Affichage professionnel, LG Electronics France

L’ISE BARCELONA TIENT BON

Prévu début juin 2021, dans la capitale catalane – pour la première fois – l’ISE (Integrated Systems Europe), grandmesse de l’audiovisuel professionnel, devrait servir de baromètre pour apprécier l’ampleur de cette reprise. Début février 2021, les organisateurs, rassurants, avaient confirmé sa programmation, donnant jusqu’au 1er mars pour inverser leur décision. L’échéance étant passée, le salon est maintenu – sauf en cas d’une aggravation de la pandémie. Mais les fournisseurs, légitimement inquiets de la situation sanitaire et des conditions du déplacement en terre catalane, ne seront pas tous au rendez-vous. Parmi les acteurs de marque dans l’affichage, Sharp NEC Display Solutions Europe et Philips PDS se sont désistés.

REDISTRIBUTION DES CARTES

En ce qui concerne les industriels, l’une des grandes actualités de 2020 a été la naissance de la coentreprise Sharp NEC Display Solutions, issue de l’acquisition par Sharp de NEC Display Solutions (NEC Corp. conservant 34 % des parts). Pour le moment, il n’y a pas d’incidence sur les filiales françaises. « Les équipes de NEC et de Sharp sont chacune de leur côté, précise Franck Sublemontier. Peut-être y aura-t-il du neuf en avril, à la fin de l’année fiscale japonaise, ou peut-être en octobre. » À propos de changements, sur le front technologique, les vraies ruptures se font attendre. Notons toutefois, l’ultrahaute définition ou 4K qui s’étend aux « petits » écrans LCD de 43 pouces, et se généralise donc davantage. Beaucoup plus rare, l’affichage 8K, produit par Samsung et Sharp notamment, demeure réservé aux grandes entreprises et aux boutiques de luxe.

Portrait de Franck Sublemontier Sharp Nec

«Les hôtels, par exemple, réinvestiront dès que la clientèle sera de retour »

Franck Sublemontier, ingénieur avant-ventes Sharp NEC

L’OFFRE LED S’INSTALLE

Quant à l’affichage LED dont les ventes se concentrent sur l’indoor, il fédère peu à peu tous les fabricants d’écrans. C’était au tour de Philips PDS, à l’ISE 2020, de présenter ses premières séries LED L-Line. Objectif : compléter son portfolio pour répondre à 95 % des besoins exprimés par les clients. En effet, les appels d’offres tiennent progressivement compte de cette technologie, alternative au classique LCD. Quand il s’agit de relayer une information précise via un simple écran, le LCD est idéal, au rapport qualité/prix sans équivalent. Mais pour afficher des messages plus conceptuels sur des murs d’image à la structure parfois atypique, le LED est le support rêvé. Cette option encore élitiste cependant – de l’ordre de plusieurs milliers d’euros le mètre carré en fonction du pitch – équipe surtout de grandes entreprises, les galeries marchandes des plus grands centres commerciaux, etc. Le microLED, de la taille d’une tête d’épingle, représente le summum en la matière. Après Sony et son Crystal LED, dont une version plus abordable sera commercialisée cet été, puis Samsung et son luxueux mur LED The Wall, LG a annoncé Magnit, dont la filiale française devrait recevoir très rapidement un échantillon. « Nos clients sont impatients de le voir », se réjouit Léa Ryu. Un mur d’image formé de centaines de milliers de microLED a de quoi impressionner. Par ailleurs, la qualité d’image et la précision sont suffisantes pour envisager des applications de powerwall pour
le design industriel, par exemple. Reste le casse-tête du montage à résoudre pour les intégrateurs, car un mur LED est plus complexe qu’un LCD, sans parler du sur-mesure… Les fabricants cherchent à simplifier la procédure à l’aide de kits tout en un, tel LG avec son Full HD de 136 pouces. Avec ces nouveaux atouts dans la manche, il ne fait pas de doute que le LED va s’installer durablement en complément du LCD.

The Wall par Samsung

Le luxueux Wall de Samsung recourt à l’intelligence artificielle pour optimiser les contenus.

L’ÉCRAN AU SERVICE DES EXIGENCES SANITAIRES

Au plus fort de la pandémie, les fournisseurs d’écrans, en partenariat avec des fabricants de caméras notamment, ont proposé les solutions adéquates pour mesurer la distanciation physique dans les points de vente, les restaurants d’entreprises ou encore les espaces de coworking. Ainsi Samsung s’est associé à Axis Communications et à DynamicScreen pour livrer un système de comptage clés en main, basé sur de l’analyse d’image et un écran a minima. L’affichage indique la fréquentation et demande aux arrivants de patienter, si la jauge est dépassée. Philips PDS s’est alliée à Bosch Security Systems pour mettre au point PeopleCount, dont la finalité est similaire. Cette solution repose sur une appli Android préinstallée sur l’écran (de 10 à 98 pouces) et fonctionne en boucle fermée, sans connexion Internet. Un dispositif équivalent a fait l’objet d’une collaboration entre NEC et Brightsign. LG y travaille aussi.