Les écrans plus grands s'imposent

Les écrans plus grands s’imposent

Les moniteurs de bureau sont plus grands, économes, ergonomiques, et frugaux en câbles. Tandis que les 24-pouces deviennent la norme sur le lieu de travail, les ventes de 27-pouces progressent de façon significative.

Avr 2023
Par Benoît Huet

L a valeur ajoutée dans les écrans professionnels se trouve surtout dans les modèles haut de gamme de grande taille, là où, comme le mentionne Frédéric Serafin, directeur général France de iiyama, les notions de contenu (logiciels), d’intégration, et de ventes additionnelles (matériels, accessoires) rentrent en compte. Exemples : les écrans dédiés au collaboratif dans les salles de réunion, ou ceux destinés à l’affichage dynamique.

En revanche, dans le domaine des écrans ou moniteurs de bureau, la valeur ajoutée est moindre, notamment en termes de marge pour les revendeurs. Mais, pour Pierre Leonard, Country Manager France AOC et Philips, autant il y a cinq ou six ans, l’écran était considéré comme un périphérique lambda, aujourd’hui, le moniteur est devenu un périphérique par excellence, dans lequel on recherche le confort d’utilisation. Et dans ce domaine, la créativité est réelle.

Déjà sur la connectique, avec l’intégration de station d’accueil en USB-C directement dans les écrans. « L’utilisateur se branche à son PC avec un seul câble et bénéficie ainsi d’un accès à toutes les ressources », explique Frédéric Serafin. Avec cette intégration, plus besoin de chargeur, de cordon d’alimentation ni de câble de signal. De plus, le bureau gagne en espace car une station d’accueil externe n’est plus nécessaire.

Pierre Leonard - AOC Philips
Pierre Leonard,
Country Manager France
AOC et Philips

« Certains de nos écrans équipés d’un commutateur KVM permet de contrôler deux ordinateurs distincts par un unique combo clavier-souris pour naviguer d’une source à l’autre », ajoute, de son côté, Pierre Leonard. Chez Asus ou chez Philips, certains modèles de bureautique se démarquent même par la présence d’une RJ45 pour une mise en réseau plus rapide. Celle-ci sert, par exemple, de passerelle aux PC portables pour stabiliser la connexion Internet. « Auparavant, l’information sortait de l’unité centrale ; aujourd’hui, elle est diffusée par le moniteur », constate de manière plus générale Pierre Léonard. Le moniteur devenant ainsi un hub de communication selon Thomas Prou, responsable des relations presse chez Asus.

Luminosité adaptée

En outre, les constructeurs veulent améliorer l’expérience visuelle de l’utilisateur comme le fait BenQ depuis des années et ses technologies (eye-care). Par exemple, BenQ filtre les lumières nocives pour éviter une usure progressive de la vue des utilisateurs. Contre la fatigue visuelle, le fabricant élimine les scintillements favorisant la concentration des utilisateurs. « Nous proposons un capteur de lumière ambiante sur nos écrans qui détecte l’éclairage environnemental, puis ajuste automatiquement la luminosité de l’écran de façon optimale », ajoute Yann Sablayrolles, Product Manager chez BenQ.

Ce capteur se retrouve chez Philips sous la technologie LightSensor et chez d’autres. Les constructeurs travaillent aussi à soigner l’ergonomie du support de leurs moniteurs. Dans ce domaine, LG se distingue par la conception flexible de son pied Ergo ultramobile qui autorise un réglage en hauteur, en pivot, en rotation, en extension, en rétraction ou encore en inclinaison.

Plus généralement, Yann Sablayrolles observe, de son côté, des achats plus significatifs de bras articulés fixés à un support pour gagner en espace et en confort. « Sur la gamme AOC, nous commercialisons en option, un bras articulé intégrant un hub USB en façade pour davantage de praticité », souligne Pierre Leonard. Chez Asus, on branche un miniPC à l’arrière d’un support dédié (série MK et MH) pour en faire une machine compacte tout en un. 

Forte croissance du 27-pouces

Concernant la taille, un 24-pouces est considéré comme le modèle standard sur le bureau. Mais petit à petit, il cède sa place au 27-pouces en phase de démocratisation comme le concède Frédéric Serafin, d’autant que les prix entre les grands modèles se rapprochent. « Progressivement, chez BenQ, le 21,5-pouces disparaît : nous n’avons plus qu’une seule référence au catalogue. Plus de 50 % de nos ventes est réalisé par des 24-pouces. Quant aux 27-pouces, ils pèsent déjà 30 %. En outre, certains secteurs comme les services financiers n’hésitent pas à acquérir des modèles de plus grande taille, notamment les 32-pouces qui répondent mieux à leurs besoins d’affichage », constate Yann Sablayrolles.

D’une manière générale, les grandes tailles se généralisent dans les catalogues des constructeurs. En outre, certains formats comme le 21:9 que l’on retrouvait sur des modèles plutôt dédiés aux divertissements arrivent sur nos bureaux : c’est le cas chez Asus comme le dévoile Thomas Prou avec la série VP (100Hz) en 21 :9 (UltraWide QHD).

Enfin, les efforts des fabricants portent sur les économies d’énergie, même si un écran n’en consomme pas énormément : de l’ordre de 15 W à 20 W pour un 24-pouces. « Nous concernant, nous pouvons encore gagner quelques watts puisque nous sommes en train de supprimer les interfaces VGA », donne en exemple Frédéric Serafin. Pour Pierre Leonard, il est toujours possible de diminuer la consommation. Il donne en exemple la technologie PowerSensor qui équipe, via un capteur, les moniteurs Philips et réduit automatiquement la luminosité de l’écran dès que l’utilisateur s’en éloigne ; cela génère jusqu’à 75 % d’économie d’énergie.

Sauf pour cause de Covid-19, le marché reste stable

Selon IDC, après un pic des ventes de moniteurs en 2021 (à près de 145 millions d’unités) en raison de la Covid-19 où des achats significatifs ont été réalisés pour équiper les salariés à leur domicile, le marché devrait logiquement reculer en 2023 (entre 133 millions ou 134 millions d’unités) puis se stabiliser autour des 135 millions jusqu’en 2026. En volume, quatre acteurs dominent : Dell, HP, Lenovo et Samsung avec une part de marché d’environ 55 % (si l’on se réfère aux chiffres trimestriels cumulés du cabinet IDC sur plusieurs années). Pour la France, si nous nous référons aux chiffres de Context, ce sont environ 3 millions d’unités qui ont été vendus en 2022 dont 600 000 pour iiyama, selon Frédéric Serafin et 700 000 pour Dell. Quant au prix moyen, il se situe, pour un modèle de 24 pouces, aux alentours de 150 € TTC

135 millions

C’est le nombre de moniteurs vendus par an jusqu’en 2026

(Source : prévision annuelle IDC)

Gaming : des critères à prendre en compte

Après les « années fastes » durant la période de la Covid-19, le marché des écrans dédiés aux joueurs reprend un rythme normal de ventes selon Frédéric Serafin, directeur général France d’iiyama. Sur ce marché, ce qui compte avant tout, c’est la réactivité de l’écran (son temps de réponse), un bon angle de vision et un bon contraste.  Les écrans qui procurent le bon compromis entre ces critères sont surtout ceux construits sur une dalle IPS (In-Plane Switching) pour les performances graphiques notamment.

Les dalles IPS remplacent progressivement la technologie TN (Twisted Nematic) qui se démarque surtout par son temps de réponse. Enfin, la technologie VA (Vertical Alignment) offre un excellent contraste mais elle n’est pas aussi rapide en termes de temps de réponse que les écrans TN, et propose des performances de couleurs correcte sans égaler pour autant l’IPS. Agon by AOC, iiyama, Samsung, Gigabyte (dont les Aorus), Alienware (Dell), Asus (ROG), BenQ (Mobiuz et Zowie), Philips avec Evnia notamment, proposent un large choix d’écrans dédiés aux joueurs dont de très grands modèles incurvés haut de gamme qui les plongent en immersion totale.

Samsung Odyssey Ark (S55BG970NU)

Exemples : Samsung avec ses Odyssey dont le 55-pouces Ark (S55BG970NU), (photo ci-dessus) ou le Philips Evnia 34M2C8600 (ci-dessous) avec son écran incurvé (1800R) et sa technologie Crystal Clear pour une image remarquable.

Philips