Le vidéoprojecteur monte en luminosité
La haute luminosité portée par le laser augmente la valeur ajoutée. Bien d’autres avantages de cette source laser sont mis en avant par les fournisseurs qui la généralise dans leurs multiples gammes.
Avr 2022Par Benoît Huet
Depuis deux ans, le marché des vidéoprojecteurs se stabilise autour des 200 000 unités vendues en France. Si l’on compile les études du cabinet Futuresource que fournissent les constructeurs, ont été écoulés environ 193 000 vidéoprojecteurs en 2020, et 212 000 en 2021. Ce marché reste très concurrentiel et certains acteurs jettent l’éponge, comme Casio l’an dernier. Mais pourquoi cette stagnation ? Parce que la rareté des composants freine la production et donc les livraisons des vidéoprojecteurs, notamment en entrée de gamme, comme le concède Charles Lelong, chef de produits vidéoprojection chez BenQ. « Cette pénurie est aussi un vrai handicap sur les développements des nouveaux produits. N’oublions pas qu’en tant que constructeur, nous nous projetons sur des roadmaps. Les calendriers se décalent sachant que nous partons d’une copie blanche pour réaliser ces nouveaux projets », s’inquiète Karen Mettoudi, responsable commerciale France et Afrique du nord pour Vivitek. En attendant des jours meilleurs, le vidéoprojecteur continue d’évoluer et la tendance va à la généralisation de la haute luminosité (au moins jusqu’à 20 000 lm) soutenue par la technologie laser. Si Panasonic et Barco dominent, les autres acteurs comptent bien leur faire de l’ombre notamment grâce à des modèles compacts.
« Nos NovoProjectors qui intègrent des fonctions de collaboration sans fil ont été précurseurs »
Karen Mettoudi, responsable commerciale France et Afrique du nord, Vivitek
COMPACITÉ, SILENCE ET ULTRACOURTE FOCALE
La source lumineuse laser possède, à ce titre, bien d’autres avantages dont une meilleure gestion des flux lumineux en fonction des usages, l’absence de remplacement de lampe, mais surtout une durée de vie significative (plus de 20 000 heures en moyenne, contre 6 000 heures pour un vidéoprojecteur à lampe). Pour nos interlocuteurs, ce dernier – dont la lampe contient du mercure – est même appelé à disparaître. Et afin de combler ce segment jugé plus compétitif, des fabricants comme BenQ misent sur le LED. « Avec nos vidéoprojecteurs LED qui s’adressent en priorité à l’éducation et aux PME, nous conservons un ratio prix/luminosité intéressant ; d’ici à 2023, nous n’aurons donc plus de modèles dotés de lampe », prédit Charles Lelong. La fin des vidéoprojecteurs à lampe ? Oui mais pas tout de suite pour Karen Mettoudi : « Les vidéoprojecteurs à lampes ne sont certes plus porteurs d’innovations mais ils représentent toujours un marché de volume pour répondre à certains besoins, notamment des écoles, les communes faisant d’abord un choix économique ». En outre, certains fabricants misent sur l’intelligence embarquée à l’image de BenQ qui commercialise des matériels sous Android, mais n’exclut pas de commercialiser des modèles équipés de processeurs Intel et sous Windows. La compacité, le silence et la généralisation de l’ultracourte focale sont aussi perçus comme trois autres tendances. « Nous allons clairement vers des modèles faciles à transporter, peu encombrants et simples d’installation. L’ultracourte focale y participe en proposant une grande image avec très peu de recul. Quant à la réduction du bruit, c’est un critère crucial notamment avec le laser minoré de 2 dB ou 3 dB », détaille Julien Cialis, Business Manager projection haute luminosité chez Epson. Enfin, les accessoires sont des éléments différenciants, notamment les solutions de présentation sans fil associées comme le ClickShare de Barco, l’InstaShow de BenQ ou encore la solution NovoConnect de Vivitek intégrée. Ce type d’extension ajoute une valeur pour les intégrateurs qui travaillent en mode projet sur des installations dites collaboratives.
« Lumineux et compacts : telle est la tendance vers laquelle nous avançons »
Julien Cialis, Business Manager projection haute luminosité, Epson
PLUS RÉMUNÉRATEURS : LES PROJETS
À la différence de certains marchés volumiques comme celui du corporate qui privilégie des modèles d’entrée de gamme, certains marchés ajoutent encore de la valeur aux intégrateurs audio vidéo. Certes plus confidentielles en termes d’unités vendues, ces gammes se trouvent dans le digital signage, dans les dispositifs immersifs, ou encore dans le mapping vidéo. « Sur ce type de marchés qui font souvent appel à des vidéoprojecteurs laser haute luminosité, nous opérons sur des installations plus techniques où il faut accompagner les intégrateurs », précise à ce titre Julien Cialis. De son côté, Karen Mettoudi, chez Vivitek, observe que l’enseignement supérieur s’oriente vers le mode projet, du fait de la crise sanitaire. « Les universités se réinventent pour réaliser de la captation en vidéo. Pour cela, elles ont dû retravailler sur des implantations plus complexes en adoptant des outils d’administration ou de monitoring ». Enfin, le gaming, orienté très grand public, a la cote auprès des fournisseurs qui n’hésitent pas à consacrer certains modèles de leur portfolio en adéquation aux consoles.