Fibres optiques

Près des deux tiers des entreprises reliées à la fibre en France

Selon le dernier baromètre dévoilé par Covage et InfraNum, presque deux entreprises sur trois sont raccordées à la fibre en France. Les sociétés réfractaires n’ont pas d’autres choix que d’y migrer car l’arrêt du réseau cuivre débute dès 2024 dans plusieurs départements.

Sep 2023
Par Benoît Huet

En France, selon le dernier baromètre 2023 réalisé par l’opérateur fibre Covage et la fédération InfraNum en partenariat avec l’Ifop, 63 % des entreprises sont fibrées, soit 8 % de plus que l’année dernière (55 % en 2022). Cette progression est toujours à mettre en parallèle avec le plan fibre 2025 du gouvernement, qui prévoit de généraliser la fibre d’ici à deux ans.

Dans le détail, 79 % des entreprises en Île-de-France sont raccordées à la fibre, 64 % des entreprises de communes urbaines hors Île-de-France et 44 % dans des communes rurales (voir ci-dessous). Autre fait marquant : les entreprises de plus de 250 salariés et celles de 100 à 250 salariés sont les plus fibrées (85 %), viennent ensuite les sociétés de 50 à 100 salariés (74 %) puis celles de 20 à 50 salariés (72 %). Des efforts restent toutefois à combler pour raccorder à la fibre les plus petites entreprises. En effet, seulement 60 % des TPE de moins de 5 salariés sont fibrées et 66 % des structures de 5 à 20 salariés. Pour toutes les entreprises non encore fibrées, 59 % envisagent de le faire dans l’année, ou d’ici à deux ou trois ans, voire dès qu’elles seront éligibles.

« La France dispose des meilleures infrastructures avec le déploiement de la fibre à grande échelle »

Denis Teissier, directeur marketing et communication de Covage
Denis Teissier - Covage

Encore trop d’entreprises réfractaires à la fibre

Toutefois, 41 % des entreprises ne souhaitent pas basculer volontairement vers la fibre, soit un socle important de réfractaires. Parmi les freins évoqués, 24 % des entreprises sondées indiquent ne pas avoir confiance dans les opérateurs, 11 % disent craindre une rupture de services, 33 % pensent même qu’elles ne sont pas, pour l’heure, éligibles à fibre. Mais surtout, 58 % des entreprises interrogées estiment que la fibre coûte trop cher (contre 33 % en 2022).

Pour ce point, il faut inclure le coût de l’évolution de l’entreprise pour accéder à la fibre, par exemple une refonte du cœur de réseau ou du WiFi pour exploiter au mieux les capacités de la fibre. Car, en soi, le coût seul d’un abonnement à la fibre en France n’est pas l’un des plus élevés en Europe ni dans le monde, il est même assez compétitif. Quelles que soient leurs raisons, ces réfractaires à la fibre n’auront pas d’autres choix que de migrer, selon Denis Teissier, directeur marketing et communication de Covage, puisque l’arrêt du réseau cuivre (réseau support de la technologie xDSL) va commencer dès 2024. Dans une quinzaine de départements, 158 communes sont concernées, soit plus de 40 000 entreprises.

Ce qui est inquiétant, ce sont les 48 % des entreprises, surtout les petites structures, qui estiment ne pas être bien informées sur l’arrêt du cuivre. Pour Philippe Le Grand, président d’InfraNum, et Denis Teissier, il faut plus d’actions de sensibilisation et de communication en exploitant au mieux les relais locaux (des chambres de commerce aux fédérations et aux clubs, en passant par les autres groupements et collectivités) sur l’adoption de la fibre mais, plus largement, sur les usages du numérique.

En effet, si on se réfère au DESI 2022 publié par la Commission européenne, qui mesure et compare les performances en matière de numérique, la France se classe encore douzième cette année. « On ne peut pas se contenter de ce résultat d’autant que la France dispose des meilleures infrastructures avec le déploiement  de la fibre à grande échelle, c’est un paradoxe. L’encouragement de la digitalisation encouragera l’adoption de la fibre », relève Philippe Le Grand.

Il existe également en France un manque de connaissance des offres, surtout portées par les opérateurs alternatifs. « La dynamique des prix est justement tirée par les opérateurs alternatifs, ils travaillent sur des offres sur mesure avec des prix attractifs », indique Denis Teissier. Dans ce contexte, le rôle de l’Arcep* est important, la notoriété ne doit pas seulement se focaliser sur quelques grands acteurs mais aussi sur les opérateurs alternatifs qui ne sont pas forcément connus des entreprises. Comme le mentionne Philippe Le Grand, environ un millier d’opérateurs en France se partagent seulement 5 à 10 % du marché. C’est peu. « Le développement de la concurrence doit être un atout pour la diffusion du numérique. Il faut stimuler le foisonnement de l’offre, avec notamment une régulation efficace », interpelle-t-il.

Les entreprises et la fibre - barometre IFOP

De la fibre mais avec des services

Pour toutes les entreprises qui souhaitent migrer vers la fibre, 52 % d’entre elles choisiront une offre fibre classique professionnelle ; 15 %, une offre fibre grand public et 33 %, une offre professionnelle avec des services dont un débit garanti et une garantie de temps de rétablissement (GTR) en cas de panne.

Selon Denis Teissier, les entreprises sont d’ailleurs toujours plus nombreuses à réclamer une qualité de service. Preuve en est, ce chiffre de 33 % d’entre elles qui privilégient l’offre pro avec des services a augmenté de 14 points en un an. Concernant le niveau de garantie désiré, 42 % des sociétés sondées dans ce baromètre souhaitent être dépannées dans les quatre heures avec un débit garanti ; 26 %, avant dix heures avec un débit non garanti et 20 %, avec un temps d’intervention non précisé et un débit non garanti.

Quant aux critères de choix d’un opérateur fibre, les entreprises mettent en avant la fiabilité du service (avec une note de 8,5/10), puis la rapidité d’intervention en cas de panne (8,4/10) et le débit garanti (8,3/10). D’autres critères importants sont cités dont la rapidité de raccordement, le contenu de l’offre, le tarif, ou encore la couverture et la réputation de l’opérateur. Précisons que ce passage à la fibre permet pour 56 % des entreprises interrogées de partager des fichiers volumineux, de réaliser des visioconférences pour 54 % d’entre elles, d’assurer la cybersécurité pour 52 % des structures ou d’envisager des migrations d’infrastructures dans le cloud pour 40 % des personnes interrogées.

* Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse

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Les entreprises attentives aux problématiques de RSE

Cette année, le baromètre a inclus deux questions sur la prise en compte des problématiques environnementales et sociétales dans les entreprises (RSE). À la première, qui interroge sur la prise en compte des problématiques RSE par les entreprises, 67 % d’entre elles répondent par l’affirmative.

Elles sont même 50 % à penser que l’engagement RSE porté par l’opérateur fibre qu’elles choisissent ou choisiront est un critère de choix. D’ailleurs, parmi les critères globaux mis en avant par la seconde question dans les choix numériques des entreprises sondées, 71 % citent le recyclage du matériel ; 56 %, la réduction de la consommation des équipements et 28 %, la substitution des biens physiques par du numérique.

Problematique RSE dans choix de l'opérateur

Sur cette partie RSE, Denis Teissier, directeur marketing et communication de Covage, est agréablement surpris par la prise de position des entreprises : « Nous observons que cette problématique monte en puissance, y compris auprès des petites structures. Les réglementations qui se renforcent autour de la RSE jouent bien évidemment un rôle important. »