
Les efforts se poursuivent dans l’EdTech
Le secteur fait face à une conjoncture économique dégradée. Mais comme le numérique éducatif apporte des solutions à des problèmes qui ne sont pas près de disparaître, l’optimisme reste de mise sur son avenir.
Déc 2024Par Thierry Bienfait
Le marché du numérique pédagogique ouvre des perspectives pour la formation en entreprise.
Au cours des dix dernières années, l’État et les collectivités locales ont investi des milliards dans les outils numériques à l’école. Les études se succèdent pour en connaître les bénéfices sur les enfants.
La plus récente, « Élèves et écrans : performance académique et bien-être », évoque les apports pédagogiques dans le primaire et le secondaire en bottant en touche : « Il ne s’est pas dégagé de consensus sur ce que doit être le niveau idéal de mobilisation de l’outil numérique en termes d’équipement et d’usages pédagogiques. […]
Le sujet de l’éducation par le numérique doit faire l’objet d’une meilleure appropriation par la société dans son ensemble et par les pouvoirs publics. » Nicole Belloubet, alors ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, a commenté : « L’outil numérique accompagné, avec l’enseignant à proximité pour mesurer les apprentissages, ne doit pas être rejeté. Parce qu’il est absurde de penser que notre société future se fera sans le numérique. »
Le révélateur « Covid »
Entre 2019 et 2023, les collectivités locales et l’État ont consacré plus de 2,5 milliards d’euros aux équipements hardware et software. Mais c’est la pandémie qui a accélére l’EdTech. Durant les confinements de 2020 et 2021, ce fut la claque : fracture numérique, inadéquation des outils mis à disposition des élèves, usage massif de matériels non conçus pour l’éducation numérique, manque de formation des professeurs, vague de décrochages des élèves… Ce qui devait être un atout s’est transformé en un échec. Depuis, des rapports de la Cour des comptes, de l’Inspection générale des finances ou du Sénat recommandent encore plus d’investissements dans l’EdTech, en faisant fi de l’inflation, du déficit public actuel et de la diminution annoncée du budget des collectivités locales. Les experts estiment que le marché des Tice (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) a gagné dix ans durant la crise de la Covid-19 et que 16,3 milliards de dollars y ont été injectés durant cette période, contre 6,9 milliards un an plus tôt. En 2022, l’Europe a mobilisé un milliard d’euros pour l’éducation numérique, dix fois moins qu’en Chine et en Inde. La France a investi environ 480 millions d’euros. Les éditeurs de programmes éducatifs à distance, plates-formes de cours en ligne, jeux éducatifs, Mooc et autres applications dopées à l’IA se sont inquiétés d’un risque de déclassement durable de la filière française.
« La crise sanitaire a révélé que les écoles et les universités n’avaient pas investi suffisamment dans l’EdTech », commente Alice Bouteloup, responsable du pôle Éducation à la Banque des territoires.

Des collectivités renouvellent le parc informatique de leurs établissements scolaires tous les cinq ans. »
Sylvanie Duval, déléguée générale de l’Afinef
Des perspectives encourageantes
Selon les prévisions des analystes, le segment K12 (primaire, collège et lycée) représentera l’essentiel des investissements en 2025. Cette dynamique devrait profiter aux acteurs de l’informatique, notamment pour répondre aux demandes en moniteurs, PC portables ou tablettes et systèmes de visioconférence. Néanmoins, les constructeurs et le channel doivent batailler dans un marché IT très compétitif et convaincre de la valeur des innovations technologiques. Il leur faut en outre lever des freins pour faciliter la collaboration public-privé dans ce secteur. Comme le système de l’Éducation nationale est très centralisé, la commande publique peut en effet rebuter les professionnels du B to B informatique.
Le modèle économique de l’EdTech centré sur les entreprises et les organismes de formation a l’avantage d’être un marché tout aussi porteur mais moins compliqué.