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La location financière passe au vert

L’IT redémarre et la location financière voit plus loin, plus green, avec des ambitions RSE en hausse chez les clients. Et pourquoi pas un financement basé sur la seconde vie des actifs en faveur d’une économie circulaire ?

Jan 2022
Par Cécile Dard

La reprise économique de 2021 a amplifié les tendances observées en 2020 autour du financement locatif. Le financement des usages se diffuse vite à la fois en B2C comme en B2B. « On constate une tendance de fond, et nous devons accompagner les entreprises qui veulent évoluer vers ce modèle économique, confirme Gilles Torrillon, chez Locam. Cela nécessite de faire bouger les choses en entreprise. Notre travail est de faciliter le déploiement des solutions chez les partenaires et leurs clients. » L’usage accentue en effet sa domination sur la propriété dans un nombre grandissant de secteurs. En B2C, c’est le cas avec le leasing de voitures bien sûr, mais également de téléviseurs, consoles de jeux vidéo, vélo, robes, bijoux, sacs à main ou matelas ! En IT professionnelle les avantages sont nombreux : évolution du parc, performance, volume, gestion, récupération et reconditionnement, le tout en préservant la trésorerie des entreprises. Cependant, voici un marché où la pénurie est encore très présente et où ralentit l’activité. « Il y aura un manque à gagner, cette année encore », déplore Sébastien Lyuat, président d’Axialease.

Portrait d'Audrey Joulia - BNP Paribas  3 Step IT

« Dans 97 % des cas, nous offrons une seconde vie aux actifs en fin de contrat »

Audrey Joulia, Country Manager France, BNP Paribas 3 Step IT

SOUPLESSE ET ATTITUDE PROENVIRONNEMENTALE

Une pénurie que la plupart ici, voit ou espère voir la fin, d’ici à l’été prochain. « Il faut garder de la souplesse pour signer des contrats, et parfois livrer un matériel équivalent disponible », témoigne Arnaud Rouillier, chez Mile. Mais pour Laurent Wittmann, chez Grenke, le redémarrage est bien là, même s’il est ralenti. « La pénurie retarde la livraison des pièces et donc la fourniture des équipements auprès des clients, mais le nombre de demandes de financement traité est élevé, voilà tout de même un indicateur de reprise fort pertinent. » En attendant, les délais d’approvisionnement sont encore longs avec une mise en place de contrats sur plus de soixante jours, au lieu de trente auparavant. « Le temps de cycle de livraison des partenaires s’est allongé en l’absence de machines, mais nous subissons moins l’impact car opérons sur des secteurs additionnels », rassure Michel Constant, chez Nanceo. Le constat est clair, les loueurs et leurs partenaires sont à l’écoute pour défricher de nouveaux marchés et étendre leurs services ou mode de financement à d’autres types d’actifs que l’IT. « Cette orientation autour de l’usage et la location est une tendance de fond. On l’observe sur des secteurs qui n’étaient pas habitués à ce mode de financement, comme le mobilier de bureau ou la distribution automatique. On note une évolution des acteurs car cela offre une souplesse, et permet aux entreprises de s’inscrire dans une démarche RSE. Des segments jusqu’ici fermés à cette pratique s’ouvrent », précise Gilles Torrillon, chez Locam. Le bailleur vise ainsi la mobilité douce (véhicules à assistance ou scooters électriques, etc.) ainsi que la transition énergétique, profitant du large plan d’équipement de bornes de recharges dressé en France. Des secteurs en tout point compatibles avec la montée en puissance des objectifs RSE.

RSE ATTITUDE ET ÉCONOMIE CIRCULAIRE

VAE, bornes de recharges, véhicules électriques professionnels, matériel de jardinage, les spécialistes de la location financière IT se diversifient vers le vert pour répondre aux démarches RSE et trouver des relais de croissance. Dans cette optique, BNP Paribas Leasing Solutions et le finlandais 3 Step IT ont créé en 2019 BNP Paribas 3 Step IT, une entité de la banque française dédiée à la gestion du cycle de vie des équipements (PC, smartphone, stockage, imprimantes, ERP, etc.) « Nous aidons les clients à bien acquérir, piloter, gérer et restituer leurs actifs technologiques », explique Audrey Joulia, chez BNP Paribas 3 Step IT. Beaucoup d’entreprises ne savent pas comment bien gérer leurs actifs en fin de contrats, et donc les accumulent dans leurs locaux. Nous en prenons soin et nous arrivons à leur offrir une seconde vie dans 97 % des cas. Nous aidons aussi nos clients sur de nouveaux actifs de transition environnementale comme les bornes de recharges ou les installations photovoltaïques. » La gestion de la fin de vie des équipements, les loueurs financiers connaissent, et le marché du brokerage existe depuis longtemps en informatique. Mais c’est sous l’angle de la RSE et du développement durable que tous évoquent ici. « Nos partenaires et clients sont plus sensibles aux normes RSE, même les plus petites entités », souligne Latifa Lenouali Lekfif, chez Global Financial. Les grands comptes ne sont plus les seuls à chercher les moyens de baisser leur empreinte environnementale pour diminuer leur bilan carbone et améliorer leur démarche RSE. Celle-ci est « l’affaire de tous, confirme Audrey Joulia, nous adressons aussi bien les clients grands comptes que les PME ou PMI. Nous avons constaté que les grandes entreprises se donnent les moyens de répondre à leurs ambitions en mettant en place une vraie politique RSE intégrant une organisation et une gouvernance appropriées. Pour les PME, au-delà des convictions propres, une politique RSE forte représente un moyen d’attirer et de retenir les talents, car les jeunes générations sont sensibles aux entreprises les plus vertueuses. »

BILAN CARBONE MINORÉ ET ABSENCE DE PÉNURIE

Au-delà de la gestion de fin de cycle des matériels, les loueurs s’intéressent aux actifs technologiques de seconde vie. « Cette nouvelle tendance préserve le marché de la première main, car ce ne sont pas les mêmes clients, ni les mêmes besoins », précise Arnaud Rouillier, chez Mile. Une démarche qui se développe, ne connaît pas de problème de pénurie et améliore le bilan carbone. « Même les grands groupes achètent bien plus volontiers de l’occasion pour favoriser leur RSE, assure Laurent Desplaces, chez Leasecom. Les équipements augmentent leur longévité de 10 % à 15 %. Certes, on est loin des usages du marché automobile, car l’informatique neuve se vend tellement peu cher que les coûts de nettoyage et de remise en état sont trop élevés. » Pour le dirigeant, l’industrialisation de cette dernière aidera à relouer le matériel d’occasion. Une tendance qui offrira d’après lui de nouveaux revenus et de meilleures marges aux partenaires qui assureront alors une maintenance rentable. La location financière sur les actifs d’occasion n’est pas encore entrée dans les habitudes de tous, mais voici « un axe d’évolution », note Audrey Joulia chez BNP Paribas 3 Step IT.

BNP PARIBAS 3 STEP IT VEUT MINIMISER L’EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE DE L’IT

BNP Paribas  3 Step IT

Pour accompagner la tendance green du secteur, BNP Paribas Leasing édite un livre blanc qui présente les enjeux, chiffres clés, témoignages et solutions pour expliquer aux entreprises comment réduire leur empreinte environnementale avec l’aide des revendeurs et bailleurs. Le livre s’articule autour du cycle de vie d’un équipement, de la production au recyclage en passant par le financement, la gestion, l’utilisation et le reconditionnement.

FRAUDE : LE RISQUE N’EST PAS QUE VIRTUEL

Fraude sous surveillance

Matériel qui disparaît, cash volatilisé, faux clients et faux grossistes, la dématérialisation et la bascule brutale dans un monde trop numérique pendant la crise sanitaire ont fait resurgir les tentatives de fraude autour de la location financière. « L’automatisation peut augmenter le risque de fraude pour les partenaires dénués des bons processus de vérification, explique Julien Steff, fondateur d’Investitel. Fin 2021, nous avons vu cinq tentatives de fraude générées par un même apporteur d’affaires qui proposait des dossiers issus d’un sous-apporteur d’affaires. Il est de notre responsabilité d’informer nos partenaires, revendeurs, intégrateurs pour augmenter leur vigilance. » La dématérialisation et l’e-signature semblent en effet avoir favorisé les risques et encouragé les indélicatesses depuis 2020. « La fraude a toujours existé dans notre métier, mais elle est en hausse depuis la pandémie, confie Hervé Maron, directeur général d’ASF Consulting. Faire des faux est devenu très simple, mais selon l’adage : un bon partenaire a de bons clients. »