L’école veut être mieux lotie en numérique
Les plans d’équipement numérique se poursuivent. Mais la fracture scolaire se niche aussi dans ce domaine. Un fossé que l’IT peut combler, en proposant des matériels mieux adaptés aux enseignants et aux élèves comme le révèle Educ@tech.
Fév 2023Par Thierry Bienfait
C’est une aubaine pour la filière IT. En quelques années, l’écosystème a conquis le secteur de l’éducation. La transmission du savoir a ainsi évolué, toujours par l’intermédiaire d’un professeur mais de plus en plus via Internet et des équipements informatiques. Parfois, les nouvelles technologies sont apparues comme salvatrices, notamment lorsqu’il a fallu s’organiser durant les confinements en 2020.
L’enseignement à distance a changé la donne dans les écoles, les collèges, les lycées et les universités. Il a permis de vaincre les dernières réticences de certains enseignants au numérique. « D’une certaine manière, la crise sanitaire a été une chance, analyse Anne-Charlotte Monneret, directrice générale d’EDTech France. Beaucoup d’enseignants opérant dans leur zone de confort, et rechignant à utiliser ces outils modernes, s’y sont sentis obligés. Ils ont découvert des innovations intéressantes leur procurant de nouvelles pratiques pour les cours. »
« Le ministère mène une
Audran Le Baron, directeur du numérique pour l’éducation au ministère de l’Éducation nationale
réflexion pour faciliter l’achat des produits numériques par les établissements scolaires »
Audran Le Baron, directeur du numérique pour l’éducation au ministère de l’Éducation nationale, se souvient des réserves exprimées lorsque les premières écoles ont déployé Microsoft Teams : « Cela avait suscité peu d’appétence. On évoquait alors souvent la nationalité américaine de l’éditeur, un épouvantail des défenseurs de la souveraineté numérique 100 % française en pleine polémique sur le Patriot Act. Mais le fait que le logiciel ait été opérationnel a balayé les craintes. »
Le numérique s’est donc imposé par la force des choses. « Au départ, les enseignants ont été nombreux à faire cours en faisant appel à des outils parfois mal adaptés ou qui fonctionnaient mal », raconte Mylène Ramm, chargée de mission à l’association de collectivités Avicca. Mais les établissements ont pris le problème à bras-le-corps et choisi des matériels plus performants, qui ont créé d’immenses opportunités de business pour l’écosystème IT, les constructeurs, les éditeurs et les revendeurs intégrateurs. « Depuis, les appels d’offres ont pour but de créer une émulation et une coopération entre les acteurs des edtechs, avec des donneurs d’ordres qui recherchent avant tout la simplicité et l’ergonomie », indique Stéphane Trainel, directeur de projet à la Direction du numérique pour l’éducation.
Encore faut-il savoir postuler à ces appels d’offres. Or, de l’aveu même des fonctionnaires, les obstacles à lever pour faire travailler fournisseurs et enseignants en bonne harmonie ne manquent pas. « Ces deux mondes se connaissent mal, note Célia Rosentraub, présidente de l’association des Éditeurs d’éducation. L’accès au marché reste ardu pour les entreprises, malgré une perception positive du numérique à l’école et des financements publics significatifs, notamment dans le cadre du plan de relance [100 Mds € sur deux ans, NDLR]. »
L’un des grands obstacles demeure la complexité des strates décisionnaires, avec les mairies qui gèrent les commandes pour les classes du primaire, tandis que les départements s’occupent des collèges, et que les régions pilotent les lycées. Mieux vaut que les entreprises edtechs qui veulent répondre aux appels à projets disposent de ressources internes capables de comprendre ce « millefeuille ».
Toutefois, les lignes bougent. Anne-Charlotte Monneret milite pour la création de ponts entre le monde pédagogique et celui du numérique ainsi que pour une décision d’achat recentrée au plus près des utilisateurs. Un dernier problème est à prendre en compte : une fois l’appel d’offres remporté, le versement de l’argent peut prendre du temps… ce qui implique de disposer de la trésorerie.