Portrait de Patric Berger - Infinigate

Patric Berger – Managing Director, Infinigate France : la sincérité en action

Original, jeune d’apparence et de réalité, le patron-fondateur d’Infinigate France joue cartes sur table. C’est vrai dans sa vie, mais aussi dans son parcours. Avec lui, les choses sont dites et faites. Patric Berger, comme une incarnation de la clarté.

Fév 2022
Par Pierre-Antoine Merlin, photos Jim Wallace

L’avantage, lorsqu’on se lance dans l’exercice délicat du portrait, c’est qu’il vous réserve toujours de nombreuses surprises. Si l’élu est connu de l’auteur, des découvertes multiples apparaissent, la palette des sensations s’enrichit de nuances, la personne se dévoilant, un peu, à mesure que la confiance gagne, et presque à son insu. C’est parfois drôle, souvent émouvant, et, dans tous les cas, intéressant. En revanche, si le portraitisé est inconnu de l’auteur du portrait à venir, il en va autrement. Les minutes sont alors encore plus passionnantes pour qui aime travailler la pâte humaine, car les poupées russes s’emboîtent de part et d’autre du bureau. Tout est à découvrir, tout est à faire, en un temps record ! Le but est en effet publier l’intime. C’est le cas avec Patric Berger. Nous voici en présence d’un personnage hors norme, déroutant de franchise et de sincérité. C’est ce qui frappe lors de cette première – et donc unique – rencontre.

Portrait de Patric Berger - Infinigate

« Rester professionnel, en toute circonstance. Préparer ce que l’on doit faire : les rencontres, par exemple. »

AUTRES PAYS, AUTRES MOEURS

« Je suis né en 1975 à Munich, capitale de la Bavière. J’ai un frère, mon père travaille dans l’aviation, tandis que ma mère, elle, a la passion du tricot. Elle aime cette activité créative, au point d’en faire son emploi. C’est comme en entreprise : on tricote, et tout cela est conçu pour réussir à faire un pull ensemble. » Mais le destin s’invite par effraction. Et chamboule cette organisation familiale, en apparence bien tissée. « Mon père fait un AVC grave, dont il ne se remettra jamais vraiment. Soudain, je deviens adulte. Je n’ai que seize ans. Là, j’ai dû grandir. » Les mots sont hachés, les phrases aussi. Avec une pointe d’accent germanique qui affleure. Heureusement, l’élan vital est en lui. L’envie d’être, de faire, taraude pour toujours le jeune Patric Berger. Une heureuse disposition d’esprit l’aide à vivre, à progresser, à se frotter à d’autres cultures, d’autres habitudes. C’est son sésame pour sortir d’une situation difficile. Elle impose du caractère et même de l’audace, plus encore que de la témérité. Andere Länder, Andere Sitten (autres pays, autres moeurs). « Je veux quitter l’Allemagne. Je connais bien le pays, je n’ai pas de problème, mais j’ai soif d’autre chose. Sauf que, d’abord, il faut que je fasse mon service militaire. Dix mois… Cela m’a bien saoûlé. C’était parfaitement inutile, mais j’y ai quand même rencontré des gens, et sans doute gagné en autonomie. » Premier poste qui compte dans la trajectoire de Patric Berger, celui occupé chez Navision. « Les deux premières syllabes de la raison sociale m’ont induit en erreur : j’ai cru que Navision voulait dire que j’allais naviguer, faire de la navigation. Pas du tout ! C’était des ERP. Je me familiarise alors avec les processus, et je fais une rencontre qui débouche sur une embauche chez Computerlinks. » Toujours curieux d’esprit, Patric Berger analyse cette entreprise de l’intérieur, s’occupe de procédures d’audit, d’amélioration du fonctionnement et de l’organisation. Surprise : il découvre une énorme perte en France. « Sans entrer dans le détail de la situation que je mets au clair, je peux dire que la maison mère me fait confiance et me propose de prendre le poste de directeur général pour la France. Ce que je refuse. En revanche, j’accepte celui de directeur financier. Évidemment, compte tenu des grands changements qu’il fallait opérer en interne, l’aspect humain était très compliqué à gérer. Moi j’étais habitué à la culture allemande : on décide, et on y va. En France, on discute, on palabre, on déjeune, on monte des réunions… » Et ainsi de suite… La franchise de ce manager est désarmante. Sous la houlette exigeante de ce jeune chef d’entreprise, la société se redresse. « J’ai donné tout de suite des orientations, insufflé de l’optimisme, et obtenu des résultats. J’avais senti, au milieu de toutes les difficultés, de l’énergie. »

« J’aime bien réorganiser, faire des choses inédites et intéressantes. J’aime travailler avec les gens. »

BOOMERANG CHEZ INFINIGATE

Les choses sont bien faites : une fois la remise en ordre effectuée au sein de la filiale française, un évènement important survient. Computerlinks est racheté par Arrow ECS. Là encore, Patric Berger est intarissable sur les tenants et aboutissants de l’opération. Ce baptême du feu aura été salutaire, en tout cas. Car Patric Berger possède les outils, les moyens, la patine obligée pour continuer de vaincre l’adversité qui, chaque fois, s’interpose. Une maturation qui s’opère donc par strates, plus ou moins volontaires, à chaque étape de sa vie. Après avoir quitté Computerlinks, et nimbé du beau succès qu’a constitué le redressement délicat de l’entité française, il décide de persévérer dans l’univers de la distribution à valeur ajoutée. Il fait une entrée remarquée dans le groupe Infinigate, où son sens de l’organisation et de la logistique font merveille, là encore. Car à l’inverse d’une idée reçue, les Anglo-Saxons, et même les Allemands, ne sont pas toujours les plus performants dans ce domaine où pourtant une excellente réputation les précède. En 2014, donc, Inifigate mise beaucoup sur Patric Berger. Il a alors pour mission, et pour ambition, de créer la filiale française. On sent que c’est sa fierté. « À l’époque, on est deux. Maintenant, on est plusieurs dizaines. C’est une belle expérience. Je n’avais rien planifié, mais je ne vais pas affirmer non plus que tout est arrivé par hasard. Disons que c’est entre les deux. En fait, j’ai appris partout où je suis passé, et dans toutes les circonstances professionnelles que j’ai traversées. » En attendant, il file chez Nuvias, à nouveau chez les grossistes, où il officie comme vice-président en charge de l’Europe du sud, puis comme patron de la filiale suisse. Mais c’est sans compter son aventure chez Infinigate, inachevée. Il a aimé lancer l’entité du groupe sur le territoire français où il a laissé visiblement de bons souvenirs. Dès 2020, il revient. D’abord pour piloter le Royaume-Uni depuis Londres, nuageux et confiné, puis Paris, Boulogne-Billancourt très exactement, à seule fin de présider à nouveau aux destinées de la filiale française. Le travail n’était donc pas totalement accompli… L’aventure continue. Ou plutôt, comme toujours dans la vie, elle commence. Patric Berger va de l’avant. Il pourrait sans doute faire sienne cette assertion de Bécaud : « Je ne regarde jamais en arrière. Ce qui m’intéresse, c’est l’avenir. Le présent, c’est déjà un peu tard. » Son expérience lui sert, non pas à réécrire l’histoire et éprouver des regrets, mais à baliser le chemin. Et apprendre pour satisfaire sa soif de faire et son goût des autres. Il partage idées, opinions et réflexions avec l’ensemble de ses collaborateurs. Et affirme tenir compte de leur avis, en se plaçant systématiquement en position d’écoute. « La seule constante en toute circonstance, c’est qu’il faut rester professionnel. Préparer ce que l’on doit faire : les rencontres, par exemple. Ce que je demande, et que je m’efforce d’appliquer dans l’exercice de mes responsabilités, c’est la qualité, la stabilité, la réactivité et être proactif. »

« Ce que je demande, et que je m’efforce d’appliquer, c’est la qualité, la stabilité, la réactivité et être proactif »

RIGUEUR, DÉTERMINATION MAIS AUSSI INTUITION

À ce propos, la pandémie met au défi tout le monde. Comment le patron d’Infinigate France envisage-t-il les choses depuis deux ans ? A-t-il changé son management ? « Le quotidien a bougé, c’est évident. parfois, plus personne n’est présent dans les locaux. Alors oui, il existe moins de proximité personnelle, les collaborateurs ne peuvent plus passer dans mon bureau. Pour tout dire, ‘‘radio moquette’’ me manque. D’un autre côté, la société est solide. » Il essaie de mettre en oeuvre une sorte de machine à café virtuelle, qui sert de moment de partage. Une pratique qui soude le groupe au plus fort du confinement – et qu’il est question de réactiver. Surtout, il compte beaucoup sur son intuition. La première image d’une situation, par exemple. Patric Berger a hérité de sa culture allemande le sens du travail, de la rigueur et de la détermination, mais il possède une intuition assez sûre, qui lui fait sentir où il veut aller – et où il ne veut pas. Une boussole informelle, et bien réelle, qui tempère les faits, les arguments et les chiffres. Quant à l’avenir proche, il est clair dans ses modalités. « J’aime bien réorganiser, faire des choses intéressantes et nouvelles. J’aime ce que je fais. J’aime travailler avec les gens. » Au moment de prendre congé, une réflexion se fait jour. Pétri de culture allemande, bon connaisseur de l’Angleterre, amoureux des langues étrangères (lire en encadré ci-dessous), et rompu à la vie en France, Patric Berger est peut-être, de tous les chefs d’entreprise interrogés lors de cette rubrique, l’archétype sympathique de l’Européen complet.

REPÈRES
Patric Berger a 46 ans. Il est célibataire.
PARCOURS (SÉLECTION)
1996
MBA en économie internationale, obtenu à l’EuroBusiness School de Munich.
2006 Computerlinks, Country Manager.
2014 Infinigate France, Managing Director. Chez le spécialiste de la sécurité, il lance la filiale française, dont il devient directeur général
2016 Nuvias, Regional VP South. Puis en 2018, Sales Director DACH (Europe essentiellement germanophone).
2020 Infinigate UK, Managing Director.
2021 De nouveau à la tête d’Infinigate France.
2022, 6 janvier Rachat de D2B Informatique, distributeur lui aussi spécialisé dans la cybersécurité. La force de frappe de la filiale s’accroît alors que les besoins de solutions et d’expertise sont plus impérieux que jamais.

Portrait de Patric Berger - Infinigate

J’AIME…
MUSIQUE : Deep House et électro. Nu, de l’album Man O To, joué à la Hang Drum.
LITTÉRATURE : Les romans policiers ou d’horreur comme ceux de Stephen King.
CINÉMA : Anthony Hopkins, Leonardo DiCaprio qui véhiculent du contenu et des valeurs.
LIEU : L’Espagne pour le soleil, naturellement, mais aussi pour les tapas et la culture dans son ensemble.
GASTRONOMIE : La cuisine asiatique. Pour les vins, le pessac-léognan, le latour-martillac et le château-carbonnieux.
SPORT ET LOISIRS : Le rugby, et autrefois le golf. Surtout, j’aime les voyages et les langues. Je parle le haut-arabe, l’allemand, l’anglais, le français, le néerlandais, l’alsacien et l’espagnol.