L’énergie communicative par excellence

Déterminé, énergique, singulier à tout point de vue, Jean-Michel Texier préside depuis deux bonnes décennies Groupe Convergence, qu’il a fondé en 2001. Aujourd’hui âgé de70 ans, il a toujours la jeunesse en lui.

Déc 2024
Par Pierre-Antoine Merlin, à Thouars (Deux-Sèvres). Photos Victorien Ameline (Andia.fr)

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Jean-Michel Texier est une boule d’énergie.

Il ne tient pas en place et répète sans cesse qu’il fait un gros effort pour rester immobile pendant l’entretien – et c’est vrai. Il se dépense sans compter depuis son plus jeune âge. Il anime, met l’ambiance et « resjoit les cœurs », comme écrit Rabelais, en jouant les disc-jockeys dès qu’il en a l’occasion. Être le point de mire et donner le maximum, c’est lui tout entier. L’existence pérenne de Groupe Convergence, c’est le prolongement naturel de sa volonté d’agir, d’être utile. L’envie de fédérer les énergies est véritablement le moteur de sa vie.

« Apporter des choses concrètes pour réunir et être plus efficace, c’est tout ce qui m’intéresse. »

Traverser la vie comme un météore

Le plus simple est de commencer par le début. « Je viens de la terre, des cultivateurs, des agriculteurs, du monde paysan en un mot. Je suis né à la campagne de parents qui travaillaient la terre. J’aurais souhaité continuer, mais mon père n’a pas voulu. Donc j’ai fait un bac technique, puis me suis orienté vers les télécoms. J’ai connu l’époque des centraux publics, le remplacement de la fiche par le cadran, le passage de l’analogique au numérique et ainsi de suite. J’ai participé à tout ça. »

Son premier poste est chez Ericsson, la star des télécoms dans les années 1970, bien implantée sur le marché français. Et pour cause : fraîchement élu président, Valéry Giscard d’Estaing, lance un grand plan de « rattrapage » technique et économique, afin d’accélérer l’équipement des Français en combinés téléphoniques. On a peine à le croire, mais les ménages français, et dans une certaine mesure les entreprises, ont longtemps été en retard dans ce domaine. On ne parle encore que du fixe, naturellement.


« Je suis contrôlant, mais je ne peux pas tout contrôler. J’aime voir, comprendre, encourager, faire progresser. »

La vie active d’un suractif

Très rapidement, le groupe suédois se réjouit d’avoir en Jean-Michel Texier un employé modèle, particulièrement motivé. Son épouse, moins.

« Je travaille nuit et jour. Ma femme ne me voit jamais. Donc c’est compliqué. Puis, j’entre chez Alcatel comme technico-commercial. » Jean-Michel Texier se découvre boulimique de la vie. Et même de plus en plus, s’il est possible. C’est possible : il dort très peu, trois-quatre heures tout au plus.

« Ce qui me plaît, qui me séduit, c’est conquérir. Que ce soient les idées, les technologies, les usages. Je suis un créateur, pas un faiseur ! Alcatel, mon employeur à l’époque, comprend que, pour me garder, il faut me donner plus de choses. Moi, je travaille comme si c’était ma boîte. Dans ce groupe, j’ai démissionné quatre fois. Trois fois j’ai repris ma démission. La quatrième a été la bonne. »

Le fait déclencheur : au tournant des années 2000, le groupe souhaite rapatrier une grande partie de son activité en région parisienne. Jean-Michel Texier, attaché à son terroir, veut, lui, rester près de ses racines, dans les Deux-Sèvres. Car, c’est déjà l’une des caractéristiques du futur patron de Groupe Convergence, ce défricheur qui se projette dans l’avenir avec un enthousiasme communicatif est un amoureux de son terroir, d’une fidélité absolue à ses origines. Les pieds dans la terre, la tête dans les étoiles. Peut-être un lien avec son tempérament vendéen. « Bressuire, c’est déjà la Vendée, explique-t-il. Et de toute façon, je voulais être à mon compte, mon ambition était de faire des choses ! C’est ainsi que je lance Groupe Convergence, il y a maintenant un peu plus de vingt ans. » Soit. Mais une chose est de se lancer, une autre est de réussir dans la durée.

« J’ai cinquante ans de métier et je décide en fonction de ce que je vois. »

Adhérer, fédérer, emmener

Surtout, Jean-Michel Texier est-il un leader, un manager ? Les deux à la fois ? Ni l’un ni l’autre ? Sans éluder cette délicate question, il explique son rôle de chef d’entreprise. Son entreprise est fondée sur le réseau, bien sûr. Comme son nom l’indique, Groupe Convergence entend privilégier la symbiose de tous les possibles : la technologie et le business, les gens et les produits, l’activité professionnelle et les rapports humains, la proximité et l’ouverture sur le monde, mais aussi l’alliance de l’opérateur et de l’intégrateur. Avec une légitime fierté, il invente le vocable d’opégrateur pour qualifier son métier. C’est tout à fait exact : son site internet détaille la vocation concrète du groupe en quelques lignes, qui incarnent la représentation mentale des ambitions de Jean-Michel Texier pour ses collaborateurs, ses adhérents et ses clients. Groupe Convergence « agit tout d’abord comme une centrale d’achat au service de ses membres, mais elle leur donne également l’opportunité de mettre en commun des moyens pour la bonne marche de leurs activités en termes de formation, support technique, marketing, maintenance, téléprospection ».

Au fond, le portraitisé du mois veut faire pour sa famille, ses amis, sa société et les nombreux adhérents, une famille élargie. Au restaurant, aussi incroyable que cela puisse paraître, les gens viennent le saluer, nombreux, tous milieux confondus. Et ce ne sont pas des figurants !

« On voit l’avantage d’avoir une personnalité orientée vers le réseau. J’aime adhérer, faire adhérer, fédérer, emmener les autres. Empêcher que tout le monde fasse n’importe quoi. Apporter des choses concrètes pour réunir et être plus efficace. Trouver des formules qui créent le meilleur résultat final. C’est tout ce qui m’intéresse. »

Son bureau fonctionne comme une vigie bien rangée, comme un phare. Brouillon ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, pas du tout, il a horreur du désordre. Derrière le bureau, son appartement. Encore mieux rangé, peut-être… Un peu partout, des photos de sa vie, de son entourage, de ses innombrables activités. Deux points saillants, que d’aucuns trouveront inattendus : un drapeau français et des photos de Johnny Hallyday.

L’obsession de la proximité

Plus le réseau inhérent à Groupe Convergence se fonde sur l’entraide, plus les membres peuvent se consacrer à leur métier de base, le fameux core business. Car Jean-Michel Texier se veut un facilitateur, sur le plan technique comme sur le plan humain. L’image qui vient à l’esprit est celle d’un chasseur d’appartements qui déchargerait son client des tâches fastidieuses, de sorte que ce dernier puisse se concentrer sur sa mission. En effet, l’un des facteurs essentiels dans le pilotage des équipes est bien le rôle que se donne le chef d’entreprise dans le domaine du management. Avec une personnalité aussi marquée, quel peut-il être pour le patron de Groupe Convergence ?
Il réfléchit très vite, le visage légèrement penché vers l’avant, comme un sportif de haut niveau qui cherche la concentration et le mot juste.
« Je suis contrôlant, mais je ne peux pas tout contrôler. Par exemple, je ne contrôle pas les points-virgules ! En revanche, j’aime voir, comprendre, encourager, faire progresser. »

Toujours ce sens du concret, de la prospective prévisible. Jean-Michel Texier fait confiance à l’intuition, du pari maîtrisé sur la capacité des êtres humains à évoluer dans le bon sens. Il sait, en tout cas il devine, qu’il a en lui une solide intuition. Mieux encore, il a de l’instinct. Tout son parcours parle pour lui. Son enfance provinciale, campagnarde y est pour beaucoup. Comme Michel Onfray, il y revient toujours.
« À 70 ans, j’ai cinquante ans de métier. Mon père disait toujours que si les hirondelles volaient bas, ou si au contraire elles volaient haut, cela indiquait quelque chose pour les jours à venir. Eh bien moi, c’est pareil. Je décide en fonction de ce que je vois. Par exemple, c’est comme ça que j’ai découvert l’intérêt de la 5G privée ! » Il aide beaucoup les gens.

Curieusement, Jean-Michel Texier est un peu timide, par pudeur, quand il s’agit de parler de lui, de ce qu’il fait concrètement. Sans trahir de secret ni brusquer sa pudeur, il embauche des personnes en difficulté, des jeunes surtout, quand il sent leur potentiel. Quitte à être déçu. Il mouille la chemise. Fait le maximum.
S’étonne que, parfois, la jeune recrue qu’il a contribué à propulser n’a pas le même enthousiasme que lui. Que le travail, la volonté et le caractère – trois mots qui reviennent sans cesse dans sa bouche – ne soient pas toujours au rendez-vous. Jean-Michel Texier a parfois du mal à admettre que tout le monde ne soit pas, potentiellement, un Jean-Michel en puissance. C’est un petit défaut, certes, mais un défaut touchant.

La continuité pour le groupe

Comme toujours avec les créateurs d’entreprise, vie professionnelle et vie privée s’imbriquent. Tout devient un enjeu personnel, presque sentimental. Rien à voir avec le country manager d’une boîte américaine. Jean-Michel Texier espère une vraie pérennité pour Groupe Convergence. Il ne souhaite pas entrer dans les détails, mais on sent qu’une cession purement financière ne lui conviendrait pas, même s’il a des offres. Il veut la continuité pour son groupe. Alors, une fois libéré des contingences, pourquoi pas la politique ? « J’adore », concède-t-il sans s’engager plus avant. En tout cas, être dans l’action. « Je veux rendre service, travailler dans des associations… Je ne peux pas rester à rien faire. Et aussi,  continuer dans l’animation. »

L’animation tous azimuts. Être sur scène, en somme.
Et rester le plus longtemps possible en contact avec les gens. Transmettre le dynamisme, insuffler des ondes positives. En toute sincérité. Il y a quelque chose de l’enfance chez cet admirateur de Johnny.

Jean-Michel Texier a 70 ans. Il est marié et père de deux enfants.

1954 : Naissance à Bressuire (Deux-Sèvres).
1972 : Baccalauréat section F3 (électrotechnique).
1975 : Service national dans l’aviation à Aix-en-Provence.
1976 : Ericsson – Technicien. S’occupe en particulier de la mise en service de centraux publics.
1979 : Alcatel – Technico-commercial.
1992 : Comutex – Fondateur.
Et depuis 2001…
Fonde et préside Groupe Convergence, qu’il pilote depuis bientôt un quart de siècle.

Musique
Je suis DJ depuis 1972, et dernièrement au Puy-du-Fou. L’une de mes premières entreprises s’appelait L’Audi-Thouars.
Livres
Des livres d’entrepreneurs, essentiellement ceux qui témoignent de leur parcours : Richard Branson, par exemple.
Cinéma
J’apprécie les films de détente, avec Bourvil ou De Funès… Je ne suis pas cinéphile parce que j’ai du mal à me concentrer.
Lieux
Bressuire ! C’est toute mon enfance. Et Paris. Quand je suis dans la capitale, je sors beaucoup.
Gastronomie
J’étais parti pour faire un CAP de cuisine.
J’ai créé un club d’œnologie, L’œno-Thouars, et j’ai acheté des vignes.
Passions et loisirs
J’aime les châteaux. Je danse, j’amuse la galerie. J’aime être en société. Je fais partie du Lions Club.