Pascale Magne – Marketing Communication Manager Vertiv : L’alliance de la douceur et de l’exigence
D’un naturel avenant et distingué, avec un rien de timidité et de rigueur dans l’attitude, cette spécialiste du marketing et de la communication vise la perfection. Voici une battante qui s’impose, plus qu’elle ne s’expose.
Sep 2021Texte Pierre-Antoine Merlin, photos Jim Wallace
Pour aborder l’exercice délicat du portrait, Pascale Magne s’est préparée. Longuement, scrupuleusement. Elle s’inquiète des détails. On aurait presque honte de se présenter devant elle, en amorçant un tel entretien au débotté, comme s’il s’agissait d’une interview de routine. Pourtant, convivialité et simplicité se dégagent rapidement de la conversation. Car Pascale Magne expose sans fard son parcours. Elle raconte, revit, décrit les scènes de sa vie d’une voix calme, avec une réserve de bon aloi, mais aussi, et surtout, avec netteté et gentillesse. En prime, elle aime se détendre, sourire et rire – d’un rire cristallin. Comme si l’humour apportait un peu de légèreté à son sérieux, comme un brin de désinvolture à la bonne élève longtemps contenue. Peut-être est-ce un effet induit par sa double culture ? Son expérience de terrain, loin d’être banale, est riche de virtualités, de nuances, de contradictions maîtrisées. À l’arrivée, un contrôle qui se révèle essentiel dans sa trajectoire. Ses années de formation ont été fort utiles. Qu’on en juge.
« Donner du sens. Et avec le sourire, ce qui est très important pour moi. »
LA HAUTE TECHNOLOGIE CHOISIE DÈS LE DÉBUT
« Je suis née aux Pays-Bas, d’un père français et d’une mère néerlandaise. Je suis l’aînée d’une fratrie de deux. J’ai souvenir d’une enfance plutôt choyée, paisible. J’effectue ma scolarité aux Pays-Bas, et assez rapidement j’opte pour la France, grâce à un programme Erasmus qui se déroule à Paris. Et c’est là, lors d’un stage effectué chez Sharp, que je rencontre mon mari. » Les dés sont jetés, et le reste va suivre assez logiquement. Cependant, pourquoi faire le choix de la high tech, que l’on n’appelle pas encore le numérique ? « Sans doute un mélange de hasard, de goût, et aussi d’opportunités. Ce milieu m’a intéressée, dès le début, même s’il est surtout masculin – à mon grand regret. Deux raisons possibles à cette situation : d’une part, les femmes ne sont pas spontanément attirées, et, d’autre part, il existe assez peu de postes pour elles. Heureusement, les choses vont de l’avant. » Chez Emerson Computer Power, où elle obtient son premier poste, Pascale Magne commence dans l’administration des ventes puis bascule dans le marketing et la vente indirecte. « À l’époque, il est uniquement question de distribution indirecte, on n’utilise pas le mot channel. En tout cas, je me rends compte que les fameux quatre P de Kotler [produit, prix, place et promotion] tellement en vogue dans l’univers du marketing ne suffisent pas. Car tout change dans ce domaine, c’est ce qui le rend si passionnant ! De surcroît, les mutations s’accentuent avec la pandémie. Le marketing est un métier très évolutif. Tous ses aspects m’intéressent. J’aime maîtriser, savoir faire, le faire bien, à la perfection. »
LE MANAGEMENT FONDÉ SUR LA CONFIANCE
Tout au long de son parcours, Pascale Magne restera fidèle à ses valeurs et à ses débuts. La palette qu’elle emploie est précise et large : c’est, encore et toujours, le marketing, appliqué dans le secteur industriel, fabriquant des produits orientés vers la fiabilité et la protection. D’ailleurs les sociétés où elle a travaillé affichent des caractéristiques identiques. Et son environnement demeure à peu près similaire car, par le jeu des fusions et des changements de raison sociale, c’est toujours le même secteur manufacturier, avec ses outils de pilotage des infrastructures critiques. Une exception : l’éditeur de logiciels de business intelligence Actuate où, de 1999 à 2002, elle occupe des postes cruciaux. Pour plusieurs raisons, elle décide, à la faveur – ou à la défaveur – de la bulle internet, de revenir dans son milieu d’origine. Celui où elle réussit si bien, et qui correspond à son tempérament. Sans le savoir, sans le vouloir peut-être, Pascal Magne désigne avec une vive spontanéité sa conception du management – comme l’arbitre central désigne le point de penalty, sans hésitation ni murmure. « J’estime que la personne sait ce qu’elle doit faire. Il faut donner du sens. Et avec le sourire, ce qui est très important pour moi. » Au quotidien, c’est un ensemble de petites choses qu’il faut respecter et mettre en oeuvre à seule fin que chacun se sente bien, à sa place, et se sente bien tout court. Elle englobe cette série d’attitudes sous le vocable soft skills : des talents, des capacités, impalpables sans doute, mais pourtant bien réelles. Ce sont ces soft skills, si profondément humaines, qui adoucissent la vie au travail, rendent les choses vivables, sinon agréables, spécialement en période de Covid, d’incertitude et de télétravail. Le destin professionnel de Pascale Magne en témoigne. Ingérer un manuel de management sans jamais le digérer est une chose. Privilégier l’humain sans dégradation de la performance, en est une autre. Tant il est vrai que le diable est dans les détails, comme disent les Anglo-Saxons, férus de tactique, quand les Français se grisent de stratégie et de paradigme. La confiance, donc, est fondamentale. « Elle doit être une réalité, vis-à-vis de soi comme à l’égard des autres, reprend Pascale Magne. Pourtant cela ne suffit pas. Dans le marketing, il faut de la créativité et faire émerger des innovations. » Avant de lâcher cette phrase définitive : « Ne pas être créatif, dans le marketing, est une hérésie. » Oui, car pour réussir dans ce domaine, qui comprend l’imagination, l’invention technologique ou d’usage, et qui touche au commercial et à la communication, il y a un défi : celui qui consiste à définir la meilleure façon d’aborder ces sujets, en élaborant son propre dosage. Ainsi, Pascale Magne incarne un marketing subtilement approprié, et comme adapté à son image, à ses goûts et à ses talents.
« Le marketing est un métier évolutif. Tous ses aspects m’intéressent. J’aime maîtriser, savoir faire, le faire bien, à la perfection. »
UNE CLAIRE CONSCIENCE DES CHOSES
On ne sent pas, dans une conversation avec Pascale Magne, de hiatus entre vie personnelle et vie professionnelle. C’est la même personne qui avance en marchant, nerveuse mais pas fébrile. C’est aussi l’une des rares qui, dans le cadre de l’exercice particulier du portrait, évoque volontiers son conjoint et ses enfants. L’impression qui se dégage est celle d’une grande unité intérieure, sans recours aux rôles sociaux que l’on se donne pour faire bien. Pas de jovialité forcée, pas de familiarité : la note bleue chère à Chopin. Cela repose. Et, chez Pascale Magne, des projets à taille humaine. Elle se connaît bien. « Je n’aime pas beaucoup regarder en arrière, je préfère regarder devant. Je crois à l’opportunité, aux choses qui viennent à moi. Bien sûr, j’ai certaines attentes, y compris dans le cadre professionnel. Mais, encore une fois, je suis bien dans ce que je fais. Et quand la fin de carrière viendra, j’imagine assez bien oeuvrer dans des fonctions de bénévolat et de mentorat. Passer une partie de mon temps dans un milieu non lucratif. Je pense, et j’espère, que tout cela se passera en symbiose, et que l’on organisera collectivement ce passage. » Toujours, chez Pascale Magne, cette volonté de transition en douceur, qui n’empêche pas la détermination. L’opiniâtreté, sans doute, mais aussi la transmission.
LA TRANSMISSION ÉRIGÉE EN SYSTÈME
Tout, dans la description de son avenir prévisible, pointe vers le relais des savoirs et des valeurs qui lui sont chers. Être au centre de soi-même va de pair avec la sensation de vouloir être utile. Être bien, c’est être bien parmi les autres. « Mon leitmotiv, c’est carpe diem, car la vie est courte et il faut en profiter », ajoute-t-elle en combinant allemand et latin. Cette polyglotte, qui éprouve l’importance mesure sa chance. Sa double culture, son ouverture sur le monde, sont des caractéristiques qui conviennent à son tempérament. Aller de l’avant sans projection brutale, découvrir, connaître et approfondir, font partie de son moi profond. À un moment précis de cette rencontre, lorsqu’il s’est agi de dévoiler quelques-unes de ses activités de prédilection, Pascale Magne a évoqué son goût très vif pour l’escrime. Elle qualifie cette discipline d’un joli compliment : « J’adore ce sport qu’est la pratique de l’escrime. C’est beau, stratégique, élancé, élégant. » Comme une représentation visuelle de son auteur.
REPÈRES
Pascale Magne a 54 ans. Elle est mariée et mère de deux filles.
PARCOURS (SELECTION)
1990 – École de commerce, Idrac
1990 – Responsable de l’administration des ventes, puis Marketing, Emerson Computer Power
1996 – Responsable marketing Divisions onduleurs et climatisateurs de précision, Liebert France
1999 – Sales Development, puis responsable Marketing, Actuate France
2003 – Responsable Marketing, membre du comité de direction, Chloride France
2012 – Responsable marketing et communication France et Bénélux, Emerson Network Power
2016 – Responsable Marketing & Communication France et Bénélux, Vertiv
2018 – Field & Channel marketing, Vertiv
J’AIME…
Musique – La soul, le funk, Aretha Franklin, Gainsbourg, Aznavour. En jazz, le trompettiste Ibrahim Maalouf et la saxophoniste Candy Dulfer.
Littérature – Les romans policiers comme ceux de Michel Bussi et de Fred Vargas. « Le Jardin de lumière », d’Amin Maalouf
Films – Clint Eastwood et Almodovar. Bacri dans « Un air de famille » et dans « Le Goût des autres ». « Bohemian Rhapsody » et « Les Tontons flingueurs ».
Lieux – La mer, car je suis née en Zélande, province maritime des Pays-Bas. La Toscane et son musée à ciel ouvert de Florence.
Gastronomie – La cuisine française et italienne. Côté vin : le chablis en bourgogne blanc, et le crozes hermitage, en rouge comme en blanc.
Sport – Les pilates, mélange de stretching et de gymnastique douce. La natation que j’ai pratiquée en compétition.