« La marque Thomson doit être présente dans les administrations françaises » Stéphan Français, président de Metavisio Thomson Computing
Des accords de distribution et des partenariats conclus en Chine et en Inde, des gammes d’ordinateurs innovants, une politique tarifaire agressive, Thomson se donne les moyens d’imposer sur le marché ses PC tricolores face aux géants américains et asiatiques.
Juin 2024Propos recueillis par Frédéric Bergonzoli
La renaissance, il y a près de dix ans, de la marque Thomson est le point de départ d’un défi que peu d’entrepreneurs ont su relever. Pouvez-vous résumer cette aventure ?
« Nous concevons les produits en France où nous réalisons les prototypes. »
Dans les années 1980, Thomson souhaitait se développer aux États-Unis. Mais la stratégie s’était soldée par d’importantes pertes. En 1992, Alain Juppé a décidé de séparer le groupe, d’un côté Thomson Multimédia, devenu Technicolor, de l’autre Thomson Armement, devenu Thalès. En 2013, en reprenant la partie informatique de cette prestigieuse marque française, j’ai voulu démontrer qu’en France, en Europe et dans le monde, nous pouvions renouer avec l’expertise, le succès et l’histoire riche de plus de 130 ans d’un grand fabricant. Metavisio Thomson Computing s’est appuyé sur un concept simple : mettre sur le marché les dernières technologies de laptops et tablettes avec une conception française et au meilleur tarif. Nous avons choisi de nous concentrer d’abord sur le marché du grand public, friand d’innovations technologiques. Nous sommes présents dans 52 pays et tablons sur un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros cette année. Nous visons désormais le marché des entreprises et des administrations.
Sur quelles infrastructures repose la fabrication de vos ordinateurs ?
Nous concevons les produits en France où nous réalisons les prototypes et développons les logiciels en partenariat exclusif avec Microsoft, grâce à notre statut de fabricant d’ordinateurs et notre contrat de fabricant OA3. Les PC sont assemblés en Chine pour avoir le meilleur rapport qualité-prix. Mais nous possédons également une chaîne d’assemblage en France, à Pontault-Combault (Seine-et-Marne), qui perpétue et entretient notre savoir-faire.
Quelle est la nature de l’accord que vous avez récemment passé avec le chinois People ?
Nous avons monté une joint-venture dans laquelle ce leader des médias et des télécommunications assemblera des PC conçus en France et les distribuera à travers son réseau en Chine où nous ambitionnons de réaliser un chiffre d’affaires d’au moins 30 millions d’euros dès 2024.
People est notre fer de lance pour toute l’Asie à l’exception de l’Inde, un marché que nous avons récemment pénétré grâce à un partenariat passé avec le principal site e-commerce du pays, Flipkart Inde (groupe Walmart). Cet accord stratégique a déjà généré un pipeline de commandes de près de 23 millions de dollars. Comme pour la Chine, l’objectif est de saisir les opportunités de croissance offertes par une vaste population. Nous espérons y capter 4 % des ventes annuelles de PC, soit 440 000 unités, ainsi que 6 % des ventes annuelles de tablettes, soit 360 000 unités.
Comment abordez-vous le marché B to B ?
Nous adoptons une approche classique two tier, avec un réseau constitué de grossistes et de revendeurs consolidé par un service de support et de SAV performant. Pour répondre aux besoins des entreprises, nous avons présenté, lors d’IT Partners, une nouvelle gamme composée de serveurs, de notebooks et d’autres produits, tous fabriqués avec les meilleurs composants du marché. Notre offre est également adaptée à l’État. Nous nous sommes déjà rapproché de l’Ugap dans le cadre des marchés publics français, en particulier de l’éducation. Alors que dans les années 1990, Thomson équipait de manière exclusive les écoles, collèges et lycées en ordinateurs, il me semble essentiel de clamer haut et fort notre volonté d’être accompagnés par l’État.
Il serait inacceptable que la marque Thomson ne soit pas présente dans toutes les administrations françaises, les écoles, ainsi que dans les départements et les régions.
Bio express
En 1989, alors que Thomson est encore sous tutelle de l’État français, Stéphan Français entame ses études d’informatique. En 1998, il commence à travailler à mi-temps chez Surcouf, puis, diplômé, en devient le directeur des achats en 2006. Il fonde Dexim en 2008, puis le Group Sfit en 2013, mais reste obnubilé par la perspective de relancer une marque française. La même année, il reprend la filiale Computing de Thomson avec l’objectif de hisser la marque au sommet du marché de l’informatique.